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mardi 9 juillet 2013

Rocade Sud de Jonzac :
Les deux propriétaires "rebelles"
attendent un juste prix


L'association des riverains de la rocade sud de Jonzac a tenu son assemblée générale mercredi dernier. Une bonne occasion pour faire le point sur les terrains qui restent à acquérir par le Conseil général, maître d'ouvrage du projet. 

Alain Seguin étale sur la table des documents divers et variés. Des plans, des échanges de courriers. Depuis que le projet de rocade a été lancé, il en vu d'autres ! L'association de défense dont il est président protège les intérêts des propriétaires touchés par le passage de cet axe qui reliera le sud de Jonzac au complexe des Antilles. En effet, il permettra aux automobilistes arrivant de Mirambeau (de l'autoroute en particulier), voire d'Ozillac, d'éviter le contournement de la ville.
Depuis que le dossier a été porté sur les fonts baptismaux, l'eau a coulé sous les ponts puisque seuls deux riverains sur les quinze concernés ont ouvert une procédure auprès du Tribunal administratif. Cette résistance aurait-elle freiné l'avancement des travaux ? Certes, un premier ouvrage d'art a été réalisé et pas n'importe lequel. Il s'agit du viaduc qui surplombe la verte prairie. Malheureusement, depuis qu'il est sorti de terre et malgré sa prestance, aucune route ne le relie à la voirie existante. Seul un rond point est en cours de réalisation.  

Alain Seguin et Elie Gervreau
« Ils s'activent pour montrer que les choses avancent. Je me souviens que Claude Belot disait que cette rocade serait inaugurée en 2009. Apparemment, le calendrier a été modifié » constate Alain Seguin. Avec son voisin, Didier Lucchese, agriculteur comme lui, il résiste au Conseil général pour une raison simple : le prix des terrains proposé par cette collectivité n'est pas assez élevé. Ils possèdent en tout 5,5 hectares.
« L'association permet aux membres d'être informés » explique Alain Seguin qui avoue avoir subi quelques pressions. « Pourquoi nous ne sommes pas d'accord ? Parce que les offres sont basées sur le Plan Local d'Urbanisme qui a une vision à court terme de l'aménagement du secteur. C'est sur ce document que s'appuient les Domaines. Or, sur le PAD, Plan d'Aménagement Détaillé, on s'aperçoit que les parcelles touchant la rocade seront à plus long terme urbanisables, donc constructibles. Cela veut dire que dans un certain temps, les prix auront largement grimpé et les premiers vendeurs seront un peu les dindons de la farce. On appelle cette projection la valeur d'avenir ». Et de citer des cas qui font jurisprudence : la construction de l'aéroport Charles de Gaulle, par exemple, où des plus-values conséquentes avaient été faites aux dépens des agriculteurs. Ces derniers ont alors saisi la justice et obtenu gain de cause.
 Alain Seguin et Didier Lucchese ont donc refusé les propositions qui leur ont été faites parce qu'elles ne correspondent pas « au juste prix » qu'ils attendent. La seconde est d'ailleurs arrivée le 27 juin dernier alors que l'avis d'expropriation leur est parvenu fin avril.
Le prix du terrain nu (où sont cultivées des vignes actuellement) serait plutôt dans la partie basse (4 euros le m2), de même que le préjudice qui peut être attribué à un fermier pour la perte de sa production et la replantation du vignoble (le Département se réfère à des prix pratiqués dans les années passées alors que le cognac est en pleine embellie). Par ailleurs, si ces terrains deviennent constructibles, ils seront alors plus proches des 30 euros le m2...

Les deux plaignants sont représentés par Me Garcia, avocat palois spécialisé dans ce type d'affaire. « Nous suivons la procédure classique et attendons que le juge des expropriations nous convoque. C'est lui qui fixera le prix. Il est évident que cela mettra fin aux bruits qui circulent, du genre "on va prendre les terrains de Lucchese pour un euro symbolique". Ces rumeurs finissent par être très désagréables. J'ai même entendu que nous devions vendre bon marché parce sinon, les impôts des Jonzacais seraient augmentés. En l'attente de la venue du magistrat, nous cultivons nos terres comme avant ». 

Sortir de chez soi 

A ces ventes de terrains, s'ajoutent des problèmes pratiques dont celui d'Elie Gervreau. Sa maison risque de devenir prisonnière de la rocade. « Cette voie va me poser un réel souci. Pour sortir de chez moi, je serai obligé de faire une grande boucle. J'ai exposé cette difficulté à la DDE qui m'a proposé un aménagement spécifique ». Idem pour Didier Lucchese : une nouvelle route, à proximité de sa ferme, sera créée, l'ancien accès devant être supprimé. La crainte des habitants concerne les matériels agricoles ou les semi-remorques venant chercher les récoltes viticoles : pourra-t-on manœuvrer aisément ? Nous sommes dans un hameau rural où circulent plus souvent des machines imposantes que des Ferrari !
 Malgré un avenir en point d'interrogation, Alain Seguin se dit confiant : « l'association n'est pas contre cette rocade. Les propriétaires expropriés veulent être dédommagés convenablement. Le groupe restera actif jusqu'à la réalisation du contournement ». La situation devrait évoluer dans les mois à venir, plus sûrement en 2014. On comprend que l'actuelle municipalité et la Communauté de Communes de Haute Saintonge aient à cœur cet aménagement financé par le Conseil général. En effet, c'est dans le secteur des Antilles et du casino que sera construit le futur centre des congrès. Toutefois, le premier argument avancé est que « la commune de Jonzac, située à un carrefour d'axes départementaux majeurs, est traversée par un important trafic qui nécessite de prolonger le contournement existant vers l'Est de l'agglomération ». L'augmentation du trafic de transit, notamment de poids lourds, serait incompatible avec les trafics locaux et induirait des nuisances intra muros ainsi qu'une détérioration de la sécurité routière. C'est le document officiel qui le dit…

Le viaduc attend toujours une voie d'accès...

• Si la viaduc n'a pas encore été réceptionné par le Conseil général, c'est qu'il présente certaines malfaçons : revêtement supérieur, infiltrations, etc. L'entreprise qui l'a réalisé devrait pallier ces désagréments. Alain Seguin et Elie Gervreau

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