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mercredi 7 novembre 2012

Le chalet du Lac
de Montendre rasé
pour cause d'amiante ?


Acheté 300.000  euros, le chalet sera-t-il démoli  pour cause d’amiante ? 

Une annonce légale, publiée récemment, a suscité une certaine émotion chez les Montendrais. En effet, la mairie de Montendre s’apprêterait à faire démolir le Chalet du Lac qui porte en lui de nombreux souvenirs. Motif : son état et l’amiante que contiendrait le bâtiment. « Mais quel amiante ? » s’interrogent certains habitants…

 

C’est en 2006 que la municipalité de Montendre a acheté le Chalet du Lac, ancien restaurant et discothèque, à la famille Jabouille. « Notre établissement constituait le seul accès entre les deux parties du Lac valorisées par la ville. Élargir le périmètre semblait logique » souligne Hugues Jabouille. Pour l’ancien maire de Montendre, Claude Augier, les élus ne devaient pas manquer le coche : « qu’une collectivité en devienne propriétaire évitera à un investisseur privé de faire n’importe quoi » disait-il. Dans le secteur, lui avait rêvé d’un bel hôtel au milieu des pinèdes face au lac Baron Desqueyroux, dont les eaux sont délicieusement dormantes. Malheureusement, ce projet, certes intéressant, n’avait pas trouvé concrétisation.


Quelques mois auparavant, dans le bulletin municipal de janvier  2005, Bernard Lalande, premier magistrat manifestement enthousiaste, avait expliqué le pourquoi de cette acquisition : « Nous disposons d‘une surface communale de plus de 200 hectares. Le chalet nous permettra de compléter un ensemble touristique et environnemental d’une grande qualité, unique en Haute Saintonge car il n’existe nulle part ailleurs un site qui réunisse un golf neuf trous, un centre équestre, une base nautique, un lac agrémenté d’une plage, un bassin ludique, deux villages vacances et de vastes espaces boisés ». Et d’ajouter : « Le coût est conséquent – 300.000  euros avec les terrains - mais, en considération de la qualité du lieu et des bâtiments, le conseil municipal a estimé qu’il s‘agissait là d‘une véritable opportunité pour l’avenir de Montendre et qu’il ne pouvait pas la négliger ».
À l’époque, aucun projet concernant l’avenir du chalet n’était clairement exposé : le conseil menait alors « une réflexion ». Son souhait était de le voir « demeurer dans le cadre des activités exercées traditionnellement autour du lac, principalement festives, familiales et sportives ». Le maintien d’une boîte de nuit n’était pas écarté, « Montendre étant branché jeunesse ».

En octobre 2008, le devenir du chalet était toujours mystérieux. Lors d’une réunion publique, les élus montendrais n’étaient sûrs que d’une chose : ils avaient rayé de la carte le fameux grand projet de Montendre qui devait s’articuler, vers le lac précisément, autour de Samuel de Champlain et de La Nouvelle France. « Le lac est un endroit populaire et il n’est pas question d’y faire un “Center“ quelque chose. De toutes les façons, nous n’en avons pas les moyens, ni la volonté » avouait le maire qui se réjouissait de la fréquentation des sentiers de randonnée : « tous les dimanches, on y croise entre 400 et 1 000 personnes » et tout ça « sans bistrot ». Et pour cause, le chalet des frères Jabouille avait définitivement fermé ses portes.

 

L'intérieur de la discothèque : sans commentaire...



 

Au fil des années, le pauvre chalet est resté à l’abandon. Aucune action n’y a été entreprise : « je pensais que la partie discothèque serait louée à une association » déclare Hugues Jabouille. Pire, les lieux ont été visités et sont fortement abîmés. Plusieurs entrées ont été murées. Vous avez dit amiante ? Dans ces conditions, on comprend que la mairie ait décidé de passer un appel d’offres auprès d’entreprises spécialisées. Publié la semaine dernière, l’avis tient à peu près ce langage : « Nom et adresse officiels de l’organisme acheteur : commune de Montendre, M. le Maire, 29, rue de l’Hôtel de Ville, 17130 Montendre ; objet du marché : Travaux de démolition d’un bâtiment communal contenant de l’amiante, le Chalet du Lac ; durée du marché ou délai d’exécution : à compter du 7  janvier 2013 jusqu’au 8  mars 2013 ; date prévisionnelle de commencement des travaux : le 7  janvier 2013  ».

Dans la population, la nouvelle a fait du bruit. En effet, depuis 2006, pourquoi la mairie n’est-elle pas intervenue pour garder le chalet dans un état convenable ? « Dépenser 300 000 euros pour l’acquérir et payer ensuite pour le faire démolir, on ne peut pas appeler ça une opération rentable ! Je voudrais bien savoir ce qu’en pensent les contribuables » ironise un habitant.
Un autre point attire l’attention. Pour les ex-propriétaires, le seul endroit où il pourrait y avoir de l’amiante se situe dans l’aile droite du bâtiment, au premier étage : « J’ai fait refaire la toiture en 1998 et, à connaissance, il n’y a pas d’amiante. De même, la boîte de nuit a été entièrement rénovée » explique Hugues Jabouille.
Quoi qu’il en soit, les jours du chalet du Lac sont comptés. « Il est tellement délabré qu’il vaut mieux le raser » admettent les promeneurs tandis que les pêcheurs, en habitués des lieux, évoquent l’heureuse époque où ils allaient s’y rafraîchir. À la mairie, on se veut rassurant. Les services soulignent « qu’il s’agit d’un appel d’offres réalisé dans le but de sécuriser et de désamianter le site ». A priori, il n’y aurait pas de projet de reconstruction dans un avenir proche.
Rideau la guinguette au bord de l’eau ?…

• France a mal au cœur… 

« Je n’y vais plus, c’est dans un tel état » déplore France Jabouille. Pendant 22 ans, avec son mari Didier, elle a tenu le Chalet du Lac avant d’en laisser les rênes à ses fils, Hugues et Fabrice. À l’époque, ça marchait bien : « quand le fils Dutronc s’est produit au Free Music, j’ai pensé que son père était venu chez nous ». Et pour cause, dans les années 70, le fameux night-club, a accueilli de nombreux artistes dont Jacques Dutronc, Johnny Hallyday et les Charlots. Eh oui, à Montendre ! Que reste-t-il aujourd’hui de ce temps d’avant ? Des souvenirs, bien sûr, et beaucoup de tristesse dans le cœur de France. « L’établissement a été entièrement vandalisé, saccagé. Je comprends qu’on veuille le démolir. Peut-être aurait-on pu éviter cela ? ». Et d’ajouter : « Je ne suis pas certaine que l’on puisse reconstruire à cet endroit car l’établissement se trouve trop près de la station d’épuration selon les normes actuelles ».

• Application de la loi amiante

Selon les articles un, deux et trois du décret N° 97-855 du 12 septembre 1997, l’application de la loi amiante concerne tout bâtiment dont le permis de construire est antérieur au 1er juillet 1997 (ce qui est le cas du Chalet du Lac). Tout propriétaire des bâtiments doit vérifier, par un diagnostic amiante, la présence ou non d’amiante dans les flocages, dans les faux plafonds et les calorifugeages de son immeuble. Ce diagnostic amiante avant-vente est visuel. Il ne fait pas l’objet de sondage destructif. Dans le cas d’une vente d’un bien immobilier construit avant 1997, le diagnostic amiante est obligatoire.

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