Pages

samedi 16 juin 2012

Le siège de La  Rochelle :
Olivier Falorni résiste
à Ségolène Royal


Sur la première circonscription, un duel fratricide oppose au second tour des Législatives deux candidats de gauche, Ségolène Royal, soutenue officiellement par le PS, et Olivier Falorni.

En briguant la circonscription de La  Rochelle, Ségolène Royal pensait faire une promenade de santé. Maxime Bono, l’actuel député, l’avait sollicitée pour lui succéder et puis cette ville lui offrait une bonne occasion de “taquiner“ son meilleur ennemi, Dominique Bussereau, qu’elle a battu aux dernières Régionales.


Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, dit-on. L’adversité vint de son propre camp en la personne d’Olivier Falorni. Surpris par cette candidature, le premier secrétaire du PS n’entendait pas s’effacer devant le choix “Royal“ de Solférino. Et de demander une Primaire afin que les militants puissent choisir.

Que nenni ! Le ton monta entre les deux “postulants“ au point que la campagne devint rapidement délétère. Le “dissident“ finit par être exclu du Parti socialiste, ce qui n’arrangea pas la situation. « Il y eut aussi des manœuvres d’intimidation » souligne Jean-François Fountaine, un proche d’Olivier Falorni.

Sûre d’elle, Ségolène Royal fit venir le Premier Ministre en personne, Jean-Marc Ayraud, pour la soutenir. Pendant ce temps-là, son adversaire labourait le terrain localement, s’appuyant sur les forces vives d’un territoire qui n’aime guère les parachutages.


Dimanche soir, Olivier Falorni a été heureusement surpris. De cette lutte du pot de terre contre le pot de fer, il est sorti gagnant avec un score inespéré. Bien sûr, Ségolène Royal le devance, mais Il sera au second tour. Sally Chadjaa, la candidate de l’UMP, a été éliminée. Il n’y aura donc pas de triangulaire, cas de figure qui aurait assuré la victoire de Ségolène Royal.

Un duel redoutable que pimentent Valérie Trierweiler et l’UMP

Volontaire, Ségolène Royal a aussitôt réagi en appelant au rassemblement, Olivier Falorni devant se désister en sa faveur selon le principe républicain. Rien que ça. Malgré les pressions qu’on imagine, l’intéressé n’a pas baissé les bras : « la démocratie doit aller jusqu’au bout. Il y aura deux candidats de gauche aux élections, les électeurs trancheront » dit-il.

Durant la soirée électorale, il l’a évitée et s’il l’a saluée, c’est qu’elle a insisté devant les journalistes. Trop de blessures, sans doute. L’unité prônée par Ségolène Royal est à ses yeux une provocation. « Le rassemblement n’est pas sa caractéristique la plus forte. Elle est plus habituée à diviser qu’à rassembler » remarque Jean-François Fountaine. Et d’ajouter « Olivier est très combatif. On peut toujours lui faire des propositions, il n’a rien à vendre, ni à acheter. Il continue à travailler et assure ses cours au lycée Doriole, tout en respectant son planning de campagne. Lui n’a pas de chauffeur. Cette semaine, notre feuille de route est de continuer à se battre, animer nos réunions publiques et aller à la rencontre des citoyens ».

Ségolène Royal, quant à elle, sait qu’elle joue gros, le perchoir de l’Assemblée Nationale en particulier. Elle doit donc gagner cette élection. « Dimanche soir, nous avons vécu une primaire grandeur nature. Les électeurs m’ont placée en tête. En tant que présidente de la Région, je travaille depuis des années sur ce territoire qui fait partie des dix plus belles régions du monde. Quand la tempête Xynthia a frappé, j’étais sur le terrain où j’ai aidé les sinistrés. Je suis une femme efficace et bien présente ». En fait, on lui reproche de ne pas être une rochelaise de souche : « qu’est-ce que ça veut dire ? C’est au FN qu’on entend cela ». Elle ne doute pas un instant d’incarner le Parti socialiste : « François Hollande a dit que j’étais l’unique candidate qui pouvait se prévaloir de son appui. D’ailleurs, dans ma profession de foi, il y a un message de sa part. Le maintien d‘Olivier Falorni n’est pas moral politiquement ».

En tant que femme libre, elle admet qu’elle dérange les apparatchiks. Quand Dominique Bussereau la traite de « rock star », elle réagit : « vous jugerez du niveau assez bas de gamme du débat politique ». C’est pourquoi, elle ne souhaite pas travailler « avec des gens qui sont en perpétuelle zizanie ».
Et de la complexité, il y a ! En effet, outre le tweet de Valérie Trierweiler, l’UMP a appelé à voter pour Olivier Falorni dans le cadre du Parti de la Charente-Maritime (avec une nuance toutefois, la candidate officielle, Sally Chadjaa, a déclaré qu’elle s’abstiendrait). Ségolène Royal est indignée : « Ce n’est pas possible de voir les voix de Droite et du FN me faire ainsi barrage, tout en cherchant à fragiliser le nouveau gouvernement mis en place »…

Tous devant la télé dimanche soir !

En clin d’œil historique, certains voient en Olivier Falorni, tel Jean Guiton, l’homme indépendant qui résiste au diktat des instances parisiennes, c’est pourquoi ils le soutiennent contre “l’envahisseur“. D’autres, au contraire, estiment que Ségolène Royal, forte de son expérience, sera mieux à même de les représenter. Réponse dimanche soir avec, de nouveau, une multitude de télés rue de Réaumur. De mémoire de préfet, Béatrice Abollivier n’avait jamais vu une telle affluence médiatique devant la dame aux caméras…

• Pourquoi ils se détestent ?


Aux dernières Régionales, Olivier Falorni n’était déjà pas le candidat de Ségolène Royal qui voulait une autre tête de liste en Charente-Maritime. Mais il réussit à convaincre les instances socialistes et c’est donc lui qui partit dans un combat victorieux contre Dominique Bussereau. Ségolène Royal ne lui fut pas reconnaissante. Elle n’aime pas qu’on lui résiste et Falorni n’eut donc pas le moindre petit poste à la Région. Pendant trois ans, elle ne lui adressa pas la parole, ce qui ne réchauffa guère leurs relations.

C’est dans ce contexte qu’Olivier Falorni, et son ami Jean-François Fountaine, ex-premier vice-président de la Région remercié par Ségolène Royal, décidèrent de créer le front du refus avec l’aide active de Philippe Marchand qui avait eu maille à partir avec elle lorsqu’elle était au Gouvernement. Ségolène Royal est donc aux prises avec le parti de la Charente-Maritime.

• Tweet again in La Rochelle

Olivier Falorni a reçu les encouragements de la compagne de François Hollande, Valérie Trierweiler, sur Twitter : « Courage à Olivier Falorni qui n’a pas démérité, qui se bat aux côtés des Rochelais depuis tant d’années dans un engagement désintéressé ». Quels sentiments animent la première Dame pour qu’elle prenne publiquement parti contre l’ennemi déclaré de Ségolène Royal ? Rivalité féminine ou nouvelle version des « feux de l’amour » ?

Depuis, ça tweet again sur toutes les toiles et cette histoire empoisonne la campagne. Il ne s’agit plus de savoir si le Président est normal ou s’il a deux femmes ! On peut être surpris de la futilité de l’opinion française que nous reprochent nos voisins avec un sourire narquois.
En effet, la situation est grave, l’Espagne est au bord de la faillite, l’Italie est attaquée, l’euro risque d’être mis à mal comme nos relations avec l’Allemagne. L’avenir de la construction européenne est en cause et l’on se passionne en France pour la carte du tendre de François Hollande !


Touta la presse en parle.
Ségolène Royal traite Olivier Falorni de “traître“. Lui répond que sa candidature est totalement démocratique. Depuis, une sombre affaire d'affiche est venu s'ajouter au contexte déjà explosif des élections rochelaises...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire