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vendredi 2 mars 2012

Jean-Claude Beaulieu :
Chirurgien par vocation,
il ne regrette pas d’avoir choisi Jonzac !


À Jonzac comme dans toute la région, on ne présente plus Jean-Claude Beaulieu, ce chirurgien qui a opéré bon nombre de Saintongeais à la clinique Sainte Anne ou à l’hôpital. Le temps a passé et l’heure de la retraite a sonné en janvier dernier. Durant quarante-sept ans et demi, il a exercé un métier passionnant qu’il évoque pour nous.

C’est toujours un plaisir de rencontrer Jean-Claude Beaulieu qui incarne cette génération d’hommes cultivés, à la fois humanistes et tolérants, qui gardent en eux le feu sacré. Question d‘éducation, de chemin de vie. En janvier dernier, il a quitté définitivement ses fonctions de chirurgien qu’il avait exercées à Bordeaux puis à Jonzac, à la clinique Sainte-Anne et à l’hôpital. Il a tourné une page sans trop de nostalgie, conscient qu’à un moment donné, le temps qui passe se transforme en enseignement.
Quand sa femme, Françoise, sort d‘un tiroir une photo de ses jeunes années à l’hôpital Saint-André, ses yeux s’illuminent et c’est avec application qu’il recherche les noms des personnes qui posent à ses côtés. Il ne les a pas oubliées, elles non plus sans doute !

• Poitiers puis Bordeaux

Jean-Claude Beaulieu est né à Payroux dans la Vienne limousine, en juin 1944. La période est plutôt difficile dans cette zone de démarcation où les résistants ripostent à l’ennemi. À peine né, il échappe à un massacre. En effet, les Allemands attaquent un village voisin, Joussé, et le brûlent. Le 4 août, ils tuent toute la population du Vigeant et incendient les maisons : « Ils recherchaient le colonel qui encadrait le réseau et voulaient s’en prendre également à Payroux où je me trouvais avec ma mère, dans la maison de mon grand-père. Les maquisards les ont arrêtés » remarque Jean-Claude Beaulieu. Il garde pour Paul Rogeon, le médecin qui l’a mis au monde, une sincère affection. « C’était un homme courageux. Il a soigné beaucoup d’hommes blessés durant la guerre. Je suis resté en contact avec lui très longtemps ».

Jean-Claude Beaulieu passe son enfance à Poitiers où son père est haut fonctionnaire. Il poursuit ses études au lycée Henri IV où il obtient plusieurs prix d’excellence. Féru de lettres anciennes (latin, grec), mais aussi de mathématiques, de physique et d’histoire, il a l’esprit vif. Le proviseur le verrait bien faire Sciences Po et l’ENA. Il choisit médecine. À cette époque, la faculté de médecine de Poitiers est rattachée à celle de Bordeaux. Les élèves qui tentent le concours d’entrée ne sont pas aussi nombreux qu’aujourd’hui : quelque 2 500 à Bordeaux pour 320 places, le chiffre se passe de commentaires ! « Ma promotion comptait moins d’une trentaine de candidats » se souvient Jean-Claude Beaulieu qui fait partie des heureux élus avec mention bien.

Dès la première année, il accompagne le directeur de la clinique La Providence dans ses visites aux malades et assiste à des opérations. « J’avais 19 ans. Avec le recul, je m’aperçois que c’était une situation unique ».
Reçu au concours de l’externat, il rejoint le centre de traumatologie de Pellegrin, à Bordeaux. En 5e année, arrive celui de l’internat : « il y avait 17 places pour tout le Sud-Ouest. Les épreuves consistaient en quatre heures d’écrit et un grand oral public. Vingt minutes par question devant un jury qui en imposait, sans compter les spectateurs. Cette ambiance provoquait une émotion certaine chez les étudiants ! ».

Jean-Claude Beaulieu tire son épingle du jeu. Il est nommé chef de clinique à l’hôpital Saint-André et assistant à la faculté de médecine qui se trouve alors Place de la Victoire.

En 1969, le service de chirurgie digestive de Pellegrin dirigé par le professeur Doutre avec, à ses côtés, les chefs de clinique dont Jean-Claude Beaulieu, (premier rang, deuxième à partir de la gauche) et les assistants. On reconnaît entre autres les drs Perissat, Hiriguyen, Garcia et Mamère (frère du maire de Bègles).

• Le choix de Jonzac

Marié depuis 1967 avec Françoise qu’il a rencontrée alors qu’elle est anesthésiste à la maternité de Pellegrin, Jean-Claude Beaulieu a eu l’occasion de faire un remplacement à Jonzac. « Peu à peu, avec mon épouse, nous avons pensé quitter Bordeaux pour nous installer dans cette sous-préfecture de Charente-Maritime. En effet, nous recherchions un établissement à taille humaine. Pierre Ducau, que j’ai rencontré en 1964, y travaillait depuis 1968, après avoir racheté la clinique au docteur Peu Duvallon. Nous avons choisi de nous associer en 1972. Nos relations ont toujours été basées sur le respect et l’estime mutuels ».

Jean-Claude Beaulieu (à droite) est spécialisé en chirurgie viscérale, orthopédie, traumatologie et gynécologie.

De 26 lits, la clinique en compte bientôt 46 avec l’extension du bâtiment. Une cinquantaine de salariés, une douzaine de praticiens, la clinique, qui draine une large clientèle, devance l’hôpital en fréquentation. « Nous travaillions beaucoup et ne regardions pas nos heures ! Le personnel était très motivé et l’état d’esprit exceptionnel. Les malades le ressentaient ». Cette période reste gravée dans les mémoires.

En 1996, une page se tourne. La clinique Sainte-Anne est vendue. Ainsi en ont décidé ses responsables d’un commun accord. La clinique Pasteur de Royan rachète le droit d’exploitation des lits tandis que les murs sont vendus au CH de Jonzac. Aujourd’hui, cet espace accueille le service de psychiatrie la Passerelle : « Pierre et moi-même souhaitions que le bâtiment conserve un usage médical ».

• “L’hôpital de Jonzac a un bel avenir“

À compter de cette date, Jean-Claude Beaulieu intervient à temps plein à l’hôpital de Jonzac. Déjà lointaine est sa première intervention, une appendicite qu’il a pratiquée à l’hôpital des enfants de Bordeaux en 1965 ! Tout au long de sa carrière, les actes se sont succédé et quand il est entré en politique, l’assistance qui participait aux réunions comptait bien souvent d’anciens patients ! Cette proximité crée incontestablement des liens.

« L’accident de l’autoroute de Mirambeau m'a particulièrement marqué. L’autre jour, Claude Belot a raconté qu’il avait décidé, alors que la Préfecture n’y était pas favorable, d’envoyer les victimes sur l’hôpital de Jonzac situé à proximité. Je peux en témoigner. Tout le monde était mobilisé, prêt à soigner les blessés. Une famille de la région parisienne a choisi de se faire soigner sur place plutôt que de retourner dans sa région ».
Le chirurgien insiste sur un point : les progrès accomplis en médecine grâce aux nouveaux matériels. Ainsi, les cœlioscopies permettent des interventions plus sûres et de grands progrès ont été réalisés en anesthésie et réanimation. Les durées d’hospitalisation s’en trouvent réduites. L’arrivée du pacemaker a facilité la vie des patients qui souffraient de problèmes cardiaques.

Au fil des années, l’hôpital a fait l’objet d‘importants travaux. « Autrefois, il n‘y avait pas d’urgences à Jonzac. Les médecins généralistes organisaient les gardes et tout se passait bien » remarque Jean-Claude Beaulieu qui a assisté aux évolutions de la profession. « Je n’ai pas compris pourquoi on a changé le système de formation médicale. N’était-ce pas mieux de rédiger et de participer à un oral ? Nos maîtres étaient des humanistes et les cours magistraux nous passionnaient. Nous n’avions pas encore de polycopiés ! ».

Jean-Claude Beaulieu a donc pris sa retraite de chirurgien en janvier dernier. « L’hôpital a un bel avenir devant lui » dit-il. Et la relève est assurée avec les docteurs Salit, Le Scouarnec, Furzun et Michelin, l’ensemble des spécialistes et le personnel. « Je suis attaché à cette structure dont je suivrai le développement au sein du Conseil de Surveillance ». Une manifestation, saluant son départ, aura lieu prochainement.

Les activités ne lui manqueront pas puisqu’il participe activement à la vie politique. Conseiller municipal de Jonzac, conseiller régional, député, il est aujourd’hui conseiller général du canton de Jonzac. Il a été chargé, par Dominique Bussereau, de développer une coopération entre le département et Wuhan, une ville importante de la vaste Chine. Une mission qui va comme un gant à cet homme ouvert sur le monde !

Grand amateur d’art, Jean-Claude Beaulieu présente son premier tableau acheté à l’âge de 13 ans. « J’y avais englouti toutes mes économies ! » avoue-t-il.

• Colonel dans la réserve, Jean-Claude Beaulieu est intervenu à plusieurs reprises, en tant que chirurgien militaire, à l’étranger : Bosnie, Afghanistan, Djibouti, Tchad. Député durant neuf ans (où il a succédé à Dominique Bussereau entré au Gouvernement), il appartenait à la Commission de la Défense.

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