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dimanche 12 février 2012

Unicognac : Une progression
en Chine de 135,97 %


Cette année, les ventes globales de cognac percent les plafonds avec 150 millions de bouteilles vendues dans le monde dégageant un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros. Un record historique ! Le cognac Jules Gautret, produit par l’entreprise jonzacaise Unicognac, poursuit sur sa lancée. Aucun signe de crise en 2011, bien au contraire. Entretien avec le directeur général, Michel Villemin.

L’univers des vins et des spiritueux n’a plus de secret pour Michel Villemin. L’entreprise qu’il dirige, Unicognac, est installée de longue date à Jonzac et l’une de ses marques - Jules Gautret - évoque une famille bien connue. Directeur général depuis sept ans, il observe avec attention les courbes qu’enregistrent les ventes du cognac. Un marché bien souvent en dents de scie ! D’aucuns se souviennent des vagues d’arrachage qui frappèrent la région pour cause de surproduction. Depuis plusieurs années, la situation s’est inversée : les eaux-de-vie, dont les ventes explosent, protègent les deux Charentes de la crise.

En ce début 2012, la traditionnelle question concerne le bilan de l’exercice écoulé. « Nous nous sommes bien comportés à l’exportation, comme l’ensemble de nos confrères » remarque Michel Villemin. Globalement, le marché a progressé de 6,7 %. Le chiffre d’affaires d’Unicognac, quant à lui, a fait un bond de 10 %. Soit 5 millions de bouteilles de cognac, pineaux, vins de pays et produits du négoce.
Pour obtenir ces bons résultats, Michel Villemin et ses collaborateurs ne restent pas « les deux pieds dans le même sabot », pour reprendre une expression patoisante. Lui-même passe quatre mois de l’année à l’étranger à visiter les différents marchés, de l’Asie aux USA.

Unicognac achète la quasi-totalité de sa production à la maison-mère, Charentes Alliance, qui regroupe 350 viticulteurs de Charente et Charente-Maritime. « Actuellement, notre activité est en pleine embellie. Les fournisseurs sont satisfaits des rémunérations, tous frais confondus, que propose Charentes Alliance. Elles sont proches de celles des grandes maisons ». Ces dernières achètent environ 85 % de la production totale. L’une des préoccupations actuelles concerne les stocks « dont le niveau est bas ». Si la demande évolue à ce rythme, ils seront insuffisants.

L'étiquette Napoléon

Une étiquette originale d’Unicognac, quand le premier homme a marché sur la Lune.

La Chine, deuxième pays à l’export


Si le marché français reste stable, il n’en est pas de même (et heureusement) pour l’étranger. « Nos meilleures ventes se trouvent aux USA, suivis de la Chine et de la Communauté européenne ». L’exercice 2010-2011 d’Unicognac fait apparaître une progression de 135,97 % dans l’Empire du Milieu !

Pour développer cette implantation, Michel Villemin a recruté une nouvelle collaboratrice. Jian Yu, qui possède un DESS « cadre des relations européennes », parle couramment le chinois, sa langue maternelle, et l’anglais. De solides atouts pour faire du business ! Elle travaille en étroite relation avec l’importateur d’Unicognac, la société C and D dont le siège social est à Xiamen, ville située au Sud Est de la Chine. Avec un CA de cinq milliards d’euros, c’est la première entreprise de la province de Fujian.

En décembre  2010, les représentants de cette honorable société sont venus à Jonzac où ils ont été reçus par la mairie. « Le groupe C and D International possède une force de vente et un réseau de distribution puissant. Avec plus de 17 millions de bouteilles vendues sur un total d’environ 150 millions, soit près de 11 % du marché mondial, la Chine est devenue le troisième débouché du cognac dans le monde, après les États-Unis et Singapour. La Chine n’importait que 2 millions de bouteilles en 2003. Unicognac s’investit dans cette partie du monde depuis plus de quatre ans. Jian Yu a pour mission de démarcher à plein-temps le marché chinois. Basée à Shanghai, elle appuie les actions de M. Yang. C and D distribue également les produits de la société Castel implantée près de Bordeaux » explique Michel Villemin qui se réjouit de ce partenariat « rentable au bout d’un an et demi ».

Sur cette bouteille de Cognac, une étiquette ancienne réactualisée du château de Jonzac. Cette présentation est destinée au marché anglais.

Sensibles à la qualité et au packaging

Actuellement, la demande de la Chine est forte, mais il faut raison garder. « En effet, en se basant sur les expériences passées, on s’aperçoit que la consommation peut se tourner rapidement vers la vodka ou le whisky ». Trouve-t-on sur le marché chinois des contrefaçons ? « Il existerait des mélanges réalisés à partir de cognac en vrac et de brandy. Toutefois, ces contrefaçons, contre lesquelles il faut lutter, ont un effet positif. Elles ont ouvert de nouveaux débouchés là où il n’y avait rien voilà quatre ou cinq ans ».

Connaisseurs, les Chinois privilégient un cognac élevé dans les règles de l’art (donc vieilli) tandis que les Américains préfèrent le boire jeune ! Sur le marché américain par exemple, des produits type Hypnotic ou Grey Goose ont généré des bénéfices énormes. «  Les marchés sont multiples et varient en fonction des goûts et des populations ciblées. Unicognac s’est fixé sur le cognac, le pineau et les vins de pays Thalassa et Père Fouras. Bien sûr, la Chine nous intéresse, mais nous ne délaissons pas pour autant les autres places asiatiques, Japon, Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, le Vietman  ». De nouveaux pays retiennent actuellement l’attention des “commerciaux“ dont le Brésil et l’Inde.

Il y a quelques mois, les représentants de la société C and D ont été reçus à Jonzac. Unicognac (exercice 2010/2011), c’est 1,5 million de bouteilles de cognac, 1,2 million de pineau, 1,5 million de vins de pays.

Unicognac appartient aux entreprises fleurons de la Haute-Saintonge. Nous lui souhaitons une belle année 2012 !

• La crise dans la zone euro pourrait-elle avoir un impact ?

« Oui. Les transactions avec la Chine s’effectuent en euros. Que l’Europe achète moins aura un impact sur la croissance. Pour l’instant, celle des Chinois est de 8 %. D’ailleurs, ils investissent dans les vignobles du Bordelais. Si la situation se dégrade en Europe, le contexte pourrait changer ».
Autre problème, la majoration des taxes sur le cognac est applicable au 1er janvier. Cette disposition, prise par le Gouvernement, devrait faire augmenter la bouteille de cognac d’environ 3 %, le prix de l’hectolitre d’alcool pur passant de 1 471,75 euros à 1 514,47 euros…

• Moins de pineau blanc sur le marché ?

En effet, les viticulteurs préfèrent destiner leur production au cognac, plus rentable. Conséquence, le pineau blanc aurait tendance à se raréfier, contrairement au rouge. De prochaines mesures devraient inciter les producteurs à ne pas délaisser cette production “made in Saintonge“.

• Stockage : les viticulteurs ont des frais

En effet, en raison d’un roulement, les récoltes 2011, par exemple, ne seront payées que 3 ans plus tard, en 2014. Le récoltant doit également faire face à des frais : le stockage dans une distillerie extérieure à l’exploitation et les impôts qui taxent ces alcools immobilisés.

• À chaque pays, son flacon

Les goûts et les couleurs varient ! Pour le marché chinois, Unicognac étudie un nouveau flacon haut de gamme. Cette belle carafe sera fabriquée en Tchèquie. Pour la Corée du Sud, un taureau, qui représente la force, a été choisi. Dans la vitrine de l’entreprise, on aperçoit un flacon Napoléon. « À une certaine époque, il plaisait beaucoup sur le marché asiatique » remarque Michel Villemin. Les collectionneurs pourraient l’ajouter à l’eau de Cologne Napoléon commercialisée par une société de Fouras.
Pour la France, outre la gamme traditionnelle, Michel Villemin propose le coffret de cognac 2011 “quizz“ dont l’originalité est de comporter des questions gravées sur l’étui avec les réponses au dos de la bouteille.

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