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dimanche 22 janvier 2012

Henri Guaino à Royan :
«  Quand tout va mal,
c’est la faute de Sarkozy »


Sonnez hautbois, résonnez musette ! Les élections sont lancées.

Samedi matin à Saint-Georges de Didonne, Dominique Bussereau a officiellement annoncé sa candidature aux Législatives sur la circonscription de Royan-Jonzac. Son suppléant n’est plus Jean-Claude Beaulieu, mais Francis Savin, conseiller général de Montguyon. L’alliance de la côte et du Sud Saintonge.

En fin d’après-midi, un grand meeting réunissait, au palais des congrès de Royan, tous - ou enfin presque - les adhérents de l’UMP que compte la région. Il ne restait plus une place assise ! Pour qui s’étaient-ils déplacés ? Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Les deux hommes sont certes différents, mais il serait vain d’expliquer les attirances réciproques, le yin et le yang. L’un est un homme d’action au caractère volontaire, l’autre un fin analyste.

Économiste au Crédit Lyonnais de 1982 à 1986, chargé de cours à l’ESC Europe et à l’École Normale Supérieure de 1984-1987, Henri Guaino a été chargé de mission à la direction du Trésor au ministère des Finances ainsi qu’adjoint au secrétaire général du Club de Paris de 1987 à 1988. Il a aussi été maître de conférences à l’IEP de Paris de 1988 à 2003.
Il est conseiller spécial de Nicolas Sarkozy depuis son élection à la présidence en 2007.


Sur le chapitre de l’analyse précisément, notre période est une aubaine. La société évolue et le modèle dominant (matérialisme, consommation, exploitation) est remis en cause par les populations qui en sont les victimes. Il est logique qu’à un moment donné, elles s’interrogent sur le monde dans lequel elles vivent. Il n’y a pas si longtemps, les philosophes étaient les références des grands courants de pensée. Mai 68 en est l’incarnation. Aujourd’hui, il y a notre sainte mère la télé qui instruit les masses et internet. Ce formidable outil a un double tranchant : il offre le meilleur et le pire.
Intoxication de l’esprit, désinformation, ces sujets intéressent Henri Guaino qui avoue : « Je préfère aller à la rencontre des Français plutôt que de rester enfermé dans mon bureau. Cela me réconcilie avec la politique ». Même si, à l’Élysée, son bureau est celui qu’occupait Valéry Giscard d’Estaing.

Plus c’est gros, mieux ça passe !

Pas de chance pour Sarkozy, la crise est au cœur de tous les discours et la perte du triple A, infligée par Standard and Poor’s, ne fait qu’accentuer le malaise. Il fut une période où les débiteurs avaient une solution radicale. Ils éradiquaient leurs créanciers. Rappelez-vous la manière dont Philippe Le Bel se débarrassa en deux temps trois brasiers du Grand Maître des Templiers, Jacques de Molay dont l’ordre, trop riche, était l’objet des convoitises royales. De nos jours, on voit mal Nicolas Sarkozy aller à New York brûler le siège de l’agence de notation !

L’Allemagne est la bonne élève : là où elle avait échoué militairement, elle démontre sa supériorité par la tenue rigoureuse de sa gestion. Nicolas Sarkozy ne peut donc que s’incliner, tout en bravant les critiques de François Hollande.

Elisabeth Chartier-Morin, député européen, Claude Belot, sénateur maire de Jonzac, Didier Quentin, député maire de Royan, Henri Guaino, conseiller du Président de la République, Dominique Bussereau, président du conseil général de Charente-Maritime, Sally Chadjaa (candidate UMP à La Rochelle), Daniel Laurent, sénateur et conseiller général de Pons. Manque sur la photo Frédéric Neveu, candidat sur Saintes contre C. Quéré.

Ce contexte aux phrases assassines n’enchante guère Henri Guaino : « la France n’est ni de droite, ni de gauche. Elle est celle de tous les Français ». Et d’ajouter « avec la perte du triple A, la question qui se pose concerne le remboursement de la dette. La France est une grande nation qui ne fera pas défaut à ses engagements. Or, j’entends dire que cette dégradation serait celle de la France de Sarkozy. S’il remporte la victoire en mai prochain, le PS sera confronté à cette même crise qui frappe de nombreux pays en Europe et aux USA. Et pas seulement le nôtre ! Or, le PS fait actuellement de la crise un argument électoral. Quand tout va mal, c’est la faute de Sarkozy ! Les agences, que le PS a critiquées, sont devenues le bon Dieu car elles discréditent son principal rival. Et plus c’est gros, mieux ça passe dans l’opinion ».

« Nous entrons dans un nouveau cycle »

Henri Guaino souhaiterait que la classe politique élève le débat : « La France n’est pas la seule à traverser des situations difficiles. Les états subissent une crise financière qui a commencé aux États-Unis avec les subprimes ». En effet, ce type de crédit était accordé à des emprunteurs peu fiables dont on exigeait en compensation des taux très élevés de remboursement. Un beau jour, le château de cartes s’est écroulé, entraînant dans sa course des propriétaires ruinés…

« En France, le gouvernement a fait face. L’État s‘est endetté pour soutenir les banques et l’économie. Ainsi, les épargnants ont été protégés et les salaires n’ont pas été diminués, contrairement à d‘autres pays où des coupes rases ont été faites » remarque Henri Guaino qui ne mésestime pas la crise dans la zone euro. Il détaille certaines actions conduites par Nicolas Sarkozy dont le G20, réuni pour la première fois en novembre 2008 à son initiative et celle de Gordon Brown, sa volonté de taxer les produits financiers, la chasse aux fraudeurs et aux paradis fiscaux : « nous ne pouvons pas confier notre destin à la frénésie des marchés financiers, à ces traders qui achètent et qui vendent avant les autres et veulent tout, tout de suite. Notre politique, sérieuse et raisonnable, doit reposer sur l’effort ». Et pas sur l’austérité imposée par le père Fouettard. « C’est l’analyse qui doit conditionner le choix politique et les projets à concrétiser ».

Le palais des congrès, plus de place assise !

Les gouvernements qui se sont succédé - quinze ans à gauche, quinze ans à droite - partagent leur lot d’erreurs dont la première a été « de prendre l’argent comme seul critère d‘avenir » estime Henri Guaino. Ajoutons-y une mondialisation sans règle et un endettement sans limites et vous obtenez une crise de civilisation.
Nous sommes entrés « dans la France du non ». Un climat négatif où l’on craint les lendemains. Chômage et précarité inquiètent. Conséquence, les gens sont déboussolés. S’y greffent des sujets généraux comme la protection de l’environnement et la position qu’y occupe l’Homme entre « l’infiniment petit et l’infiniment grand » selon Pascal.

« Nous entrons dans un monde nouveau ou plutôt dans un nouveau cycle » conclut Henri Guaino. Un cycle où « l’on donnera plus au travail et moins au capital »… et à ses actionnaires ! À nous d’imaginer ce futur où l’homme ne sera plus un objet qu’on prend et qu’on jette, mais un individu à part entière. Si nous n’en sommes pas capables, à quoi ressemblera demain notre démocratie ?

Nicole Bertin

Samedi, on ignorait qu’une autre agence de notation, Moody’s, n’enlèverait pas son triple A à la France. Elle examine toujours les fondamentaux économiques du pays et prendra sa décision à la fin du premier trimestre.

Ça vaut bien une petite photo !

Dis-le moi dans l'oreille

• Dominique Bussereau au sujet de la perte du triple A :

« Je n’aime pas le mot dégradation. Il ne faut pas dramatiser, sans pour autant mésestimer la situation. Nous avons perdu un cran de ceinture. Personnellement, comme le suggère François Fillon, j’aimerais bien qu’on soumette le programme socialiste à l’agence Standard and Poor’s. Je me demande s’il n’obtiendrait pas un triple 0 ».

Durant les mois qui viennent, et en dehors des scoops médiatiques qui ponctuent les journaux télévisés, nous ne doutons pas que les candidats aux Présidentielles débattront des vrais sujets d’actualité, avec pour observateur privilégié, Henri Guaino, l’homme qui écrit les discours de Nicolas Sarkozy.

• Didier Quentin ne manque pas d’humour 
« Hollande a recréé l’OAS, l’Organisation Anti-Sarkozy ». C'est vrai, le climat explosif !

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