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dimanche 31 juillet 2011

Rochefort : Après un chantier
de 15 ans, l’Hermione sera mise
à l’eau le 6  juillet 2012


En l’attente de cet événement important pour Rochefort et tout le département, Benedict Donnelly, président de l’association Hermione-La Fayette, répond aux questions qui entourent cette frégate emblématique.

Confirmez-vous la mise à l’eau de l’Hermione en 2012 ?

Je confirme que l’Hermione sera mise à l’eau au début de l’été 2012. La date précise de la mise à l’eau, qui donnera lieu à une belle fête sur les bords de Charente pour célébrer la fin du chantier de la coque, un chantier qui aura duré 15 ans, a été communiquée lors de la réunion annuelle des adhérents de l’Association Hermione-La Fayette. Elle aura lieu le 6 juillet 2012 en fin de journée.

Une maquette de l'Hermione, en attendant la version II réalisée au XXIe siècle !

Pourquoi sortir l’Hermione de la cale où elle est construite depuis 14 ans pour continuer les travaux dans la cale adjacente ?

À la sortie de la cale où l’on construit l’Hermione, il y a un seuil que l’Hermione dont le tirant d’eau est important peut aujourd’hui franchir, ce qui ne sera plus le cas lorsque les divers équipements nécessaires à la navigation auront été installés à bord. D’où la nécessité de terminer la construction de l’Hermione dans la cale voisine qui n’a pas les mêmes problèmes de tirant d’eau.

La cale où est construite l’Hermione est fermée par un mur de parpaings : comment l’Hermione va-t-elle pouvoir sortir ?

Les bateaux-portes qui permettaient autrefois l’entrée et la sortie des navires dans les cales sèches de l’arsenal de Rochefort, ont été détruits par l’armée d’occupation lors de la libération de Rochefort, en 1944. Leur reconstruction sera la dernière étape de la reconquête par la Ville d’un patrimoine exceptionnel, reconquête étalée sur 40 ans et marquée notamment par la restauration de la Corderie Royale incendiée également en 1944. Une reconquête pilotée, avec une volonté et une ténacité qui forcent le respect, par les municipalités successives. La réalisation des bateaux-portes est un projet urbain qui va permettre d’intégrer à la vie économique, culturelle de Rochefort un patrimoine qui sommeillait depuis une soixantaine d’années et que la construction de l’Hermione a mis sous les projecteurs, un patrimoine qui, comme la Corderie Royale hier, va susciter de nouveaux projets, de nouvelles initiatives. Cette infrastructure portuaire, dont la réalisation et le financement sont pilotés par la Ville de Rochefort, sera, j’en suis convaincu, prête en temps et en heure pour la mise à l’eau de l’Hermione.

Le pont en chantier

Quelle est la part des ressources propres de l’association Hermione-La Fayette et des subventions des collectivités locales dans le financement du projet de l’Hermione ?

La part des ressources propres dans le financement du projet de l’Hermione depuis le début du chantier en 1997 s’élève à plus de 60 % - sans même intégrer l’apport pourtant conséquent de toutes les expertises bénévoles -, la part des subventions à un peu moins de 40 %. Dans cet autofinancement, la contribution essentielle vient des visites du chantier - 250 000 visiteurs par an en moyenne, qui aurait pu l’imaginer ? - mais aussi des contributions des 5 500 adhérents de l’association et des ventes de notre boutique. Nous avons aussi obtenu environ 1 million d’euros de soutiens d’entreprises - le Crédit Agricole, les Galeries La Fayette, Moët-Hennessy, et une quarantaine d’autres, qui ont cru à notre projet malgré la durée du chantier. Mais après le public, notre principal soutien a été et reste celui des trois collectivités locales : la Ville de Rochefort, le Département de Charente-Maritime et la Région Poitou-Charentes, auxquelles il faut ajouter l’Europe. Sans elles, le projet ne serait pas allé à son terme. Ce financement des collectivités locales a été négocié en contrepartie d’un engagement ferme de notre part sur la présence de l’Hermione au moins 9 mois par an, à l’issue du chantier, sur le site de Rochefort. L’Hermione, c’est un bateau d’exception pour un site d’exception, celui de l’ancien arsenal de Louis XIV. Avec ses mâts qui s’élèveront à plus de 45 mètres de hauteur, l’Hermione sera d’une certaine manière la nouvelle cathédrale de Rochefort.

L'Hermione devrait prendre la mer en juillet 2012

Avez-vous bouclé le budget de l’Hermione ? Pouvez-vous vous engager sur le programme d’après mise à l’eau et notamment sur la date de la traversée de l’Atlantique vers les États-Unis sur les traces de La Fayette ?

Nous avons aujourd’hui réuni environ 90 % du budget d’environ 25 millions d’euros nécessaires pour achever la construction de l’Hermione et l’équiper pour traverser l’Atlantique, et ce, sans endetter l’association. Aujourd’hui, c’est sur des soutiens privés que nous comptons pour mener à bien la fin du projet de l’Hermione. Mais nous savons depuis le départ que, pour mobiliser ces fonds privés, nous devons nous engager sur un programme et sur des échéances précises. Or, nous ne pouvons nous engager que si nous obtenons au préalable des engagements fermes de financement ! C’est l’histoire de l’œuf et de la poule !
Pour sortir de cette situation, nous réfléchissons actuellement à la souscription d’un emprunt bancaire : une souscription rendue possible aujourd’hui par la gestion financière saine de l’association et par les assurances que nous avons obtenues notamment de l’autre côté de l’Atlantique.
Car si l’Hermione est un bateau dédié à un site, c’est un projet qui a aussi sa part de rêve, un rêve partagé des deux côtés de l’Atlantique, le rêve d’une traversée “historique“ de l’Hermione à travers l’Atlantique sur les traces de La Fayette, héros français de l’indépendance des États-Unis, entré dès son vivant dans la légende américaine.
Et ce rêve-là, les Américains - Howard Leach, l’ancien ambassadeur des États-Unis en France, aujourd’hui Président de la fondation “Friends of Hermione Lafayette in America“, vient de me le confirmer par courrier - sont déterminés à le financer et prêts à se mobiliser dès que nous leur annoncerons les dates du voyage. Si les discussions, actuellement en cours avec un groupe bancaire, aboutissent, je proposerai au Conseil d’Administration de l’Hermione qui se réunira prochainement d’approuver le recours à l’emprunt et nous pourrons annoncer dans la foulée la date du voyage américain de l’Hermione.

Au centre, Benedict Donnelly, président de l'association Hermione La Fayette, aux côtés de Jean-François Fountaine, constructeur de catamarans.

• 19  juillet 2011 : Le gouvernail de l’Hermione est en place !

Les équipes du chantier de l’Hermione ont posé, dans la matinée du 19 juillet, le safran du navire à l’arrière de la coque de l’Hermione, la réplique de la frégate qui emmena en 1 780 La Fayette en Amérique, en construction depuis 14 ans dans l’ancien arsenal royal de Rochefort.

Avec la pose de cette pièce de chêne de 2,7 tonnes et de 8 mètres de haut qui a nécessité plus de 1 200 heures de travail, le système de gouvernail de l’Hermione est désormais en place et n’attend plus que sa barre à roue.

À bord d’une frégate de la fin du XVIIIe siècle comme l’Hermione, le système de gouvernail est un système complexe, composé d’un ensemble de plusieurs pièces (safran, timon, drosse, poulies) qui sont mises en mouvement en actionnant la double barre à roue située sur le pont de gaillards d’arrière. Ce système permet de diriger le bateau depuis le pont supérieur et de démultiplier à travers un ensemble de cordages qui traversent plusieurs ponts du navire, l’effort nécessaire pour pivoter le safran.

Les parties bois du gouvernail ont été conçues par l’équipe des charpentiers de l’entreprise Asselin. Les charnières en bronze, les “pentures“ ont été faites sur mesure et coulées dans la masse par la Société Nouvelle de Fonderies Industrielles, située près d’Angoulême, partenaire de longue date du chantier. Cette société a aussi contribué à la fourniture des nombreux clous en bronze de l’Hermione.

Les cerclages de la tête de safran ont été réalisés par Jérôme Truchard de l’atelier “Fer de terre“, sur la forge du chantier de l’Hermione.

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