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dimanche 10 juillet 2011

Les photos parfumées
de Véronique Durruty


• Galerie le Pictorium de Jonzac

Marier photographies et parfums, il fallait y penser. Grâce aux nez de la Société Firmenich, Véronique Durruty a concrétisé un rêve : harmoniser ses voyages à des senteurs. Invitée de la galerie Le Pictorium, elle présente des vues d’Amérique du Sud à travers deux rendez-vous, Divinos Latinos et Caliente. Une escapade chaudement parfumée !


Elle a quelque chose d’Alice au pays des merveilles. Son physique d’abord - cheveux blonds, regard bleuté - sa capacité à parcourir une Terre qui l’enchante et puis cette volonté de montrer autre chose que la gestuelle habituelle du quotidien. Elle semble dire : « Suivez-moi dans ce conte qu’est l’immensité du monde. Si vous ne voyez pas tout, je vous guiderai par les sens avec la complicité des éléments ! ».

Le vernissage de l'exposition

Elle s’est posée au Pictorium. Arrive l’heure du vernissage. Tronquant son jean tout terrain contre une jupe de tulle, aérienne et froufroutante, elle change de peau sans renier l’horizon. Elle a un sextant dans la tête depuis qu’elle est toute petite. Et il ne varie pas d’une latitude !
Elle avance et les seules adresses laissées à ceux qui s’inquiètent de ses absences sont la multitude de photos qu’elle expose. À Paris, à Nice et ailleurs. Elle abandonne sur le chemin une myriade de petites lucioles qui viendront éclairer les nuits.
On ne change pas un esprit qui voyage. Avez-vous déjà attaché le vent ? Une chance, elle a choisi de faire étape à Jonzac. Philippe Roux, propriétaire d’une galerie rue Saint-Gervais, a réussi à la convaincre. Le papillon y déploie ses ailes aux couleurs azurées.

Véronique Durruty, sa mère et Philippe Roux, propriétaire de la galerie

Une image, un parfum

Cette photographe s’appelle Véronique Durruty. Philippe Roux la connaissait de renommée. « Je la voulais » plaisante-t-il ! Lui-même pratique ce métier depuis un certain temps. Le premier Pictorium est situé à Paris, rue du Moulin Joly, dans le 11e arrondissement. En rencontrant une Jonzacaise, Philippe Roux a pensé que la capitale de la Haute Saintonge pourrait être un havre dans la promotion du 8e art.

Depuis, il accueille de nombreux artistes sur des thèmes variés : Portraits de l’Himalaya, le temple des cathédrales, Prague, Haute-Saintonge pays d’eaux, les fleurs d’Anne Darling.

L’originalité de la galerie est de prendre en charge les tirages. Cette formule a séduit Véronique Durruty. Durant l’été, elle propose une évasion en Amérique du Sud, « de Mexico à Ushuaia, en passant par Panama, la Guyane, le Brésil, la Bolivie, le Chili ». Elle a épicé ses images en leur donnant une dimension olfactive. Quand la chaleur inonde le lac de sel et que la chaleur, “caliente“, s’abat sur la plaine aride, quelle senteur pourrait accompagner cet univers que borde un ciel sans tache ? Quand l’atmosphère se détend avec Oxigeno, à la recherche des civilisations incas haut perchées dans les Andes, quelle fragrance inventer pour sublimer l’environnement ? La démarche est la même dans la forêt amazonienne, les villes ou sur les plages où les corps dénudés, protégés par des huiles, se livrent au soleil. Enfin, quel parfum dédier aux portraits des “Divinos latinos“, « photos de peau à sentir, mais aussi à caresser » ?

Une photographe qui a du nez !

Véronique Durruty raconte son expérience particulière. Celle d’offrir en effluves parfumés les impressions qu’elle a fixées sur le papier. Intéressés par cette démarche originale, des grands nez de la société Firmenich se sont penchés sur les six univers d’images.
De cette complicité, sont nés des parfums : “Oxigeno, Pile desnuda et Cuidades“ de Daphné Bugey, “Amazonas“ de Marie Salamagne, “El Mar“ de Nathalie Lorson et “Noches“ d’Alberto Morillas. Tous sont des professionnels reconnus. « Ma démarche est de faire sentir et ressentir. De voir en fermant les yeux. Les parfums font vivre et animent mes photographies. Ils les habillent en quelque sorte ! Les uns sont forts, les autres plus légers. Tous ces grands nez ont travaillé bénévolement, je suis privilégiée et les en remercie ».
Quand on l’interroge sur sa quête, Véronique Durruty raconte ses voyages avec émotion et tendresse. Restée fidèle à l’argentique, elle ne retouche pas ses clichés : « c’est comme ça qu’on progresse ». Déterminée, elle ne part jamais sans un vrai projet  : « mes parents voyageaient. Ils m’ont passé le virus » admet-elle.

« Véronique Durruty développe son approche tactile, poétique, instinctive et rigoureuse sur différents supports de création, principalement la photographie, mais aussi le film, l’écriture, le dessin. Son travail a fait l’objet d’une vingtaine d’ouvrages et de nombreuses expositions dans le monde entier » souligne Philippe Roux. Pour Claude Nori, écrivain : « son œuvre personnelle exalte l’harmonie et la beauté des couleurs, des sons, des odeurs, des paysages et des corps dont plusieurs livres, d’une grande liberté esthétique et formelle, constituent des originaux créatifs ».


D’une nature contemplative, Véronique Durruty n’en garde pas moins les pieds sur terre. Pas question de prendre la grosse tête qui l’empêcherait de conserver intact son regard ! De nouvelles idées ? Bien sûr qu’elle en a mais, superstitieuse, cette “déesse“ de la photo préfère rester discrète. Elle pourrait, qui sait, immortaliser, Jonzac, ville nimbée d’une douce lumière où elle se sent bien. Elle a promis d’y revenir…

Reportage Nicole Bertin

• Pour situer ces quatre “nez“ travaillant pour la société Firmenich, on peut citer quelques-unes de leurs créations : Kenzo Amour, Flower by Kenzo, Boudoir Sin Garden, Encre noire de Lalique, le Classique de Jean-Paul Gaultier, Lolita Lempika. La liste est longue !

• Dates d’exposition
Divinos Latinos jusqu’au 6  août, Caliente jusqu’au 4 septembre. Le Pictorium de Jonzac est situé 49 rue Saint-Gervais à Jonzac (Charente-Maritime). Ouvert du mardi au samedi de 14 h à 19 h, entrée libre.

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