L'information journalistique en Charente-Maritime : portraits, actualités politiques,
vie culturelle, artistique, patrimoine, histoire, voyages
Pages
▼
dimanche 10 juillet 2011
Les agriculteurs en colère :
« Vous nous abandonnez »…
• Conseil Général de Charente-Maritime
Les temps sont chauds pour les agriculteurs. Lors de la dernière session du Conseil général, ils ont demandé à Dominique Bussereau la possibilité de s’exprimer devant l’assemblée. Estimant que le Gouvernement ne les écoute pas suffisamment, les irrigants ont remis leurs contraventions au représentant de l’État (le sous-préfet de Rochefort, Henri Duhaldeborde) en espérant un assouplissement des dispositions prises par l’administration. Ils ont obtenu gain de cause temporairement puisqu’ils peuvent désormais arroser la nuit…
Vendredi matin. Des dizaines d’agriculteurs sont massés devant les portes du Conseil Général où il faut montrer patte blanche. Ils veulent se faire entendre. Dominique Bussereau, ministre de l’Agriculture à une époque où il pleuvait encore, a bien conscience que cette profession traverse une crise « plus grave qu’en 1976 ». « Leurs représentants pourront s’exprimer dès que nos débats seront terminés » explique le président à ses collègues réunis dans l’hémicycle.
La sécheresse est “la“ question d’actualité, c’est pourquoi elle occupe une grande partie des interventions. Le Syndicat d’eau de Saint Hippolyte a triplé sa capacité et selon les estimations, la saison touristique, imminente, devrait se dérouler normalement, sans le spectre du robinet vide !
Sur le terrain agricole, huit projets de réserves de substitution, soit 16 millions de m3, sont à l’étude. Le coût en est de 6 millions d’euros. Ces travaux seront réalisés par les associations à l’horizon 2012. Information de taille, le barrage de la Trézence - nouvelle version car les deux premières sont tombées à l’eau - sera relancé. En effet, dans le secteur de Tonnay-Boutonne, le Département est propriétaire d’une vaste étendue de terrains et il serait dommage, pour la profession agricole, ostréicole et conchylicole, de se priver d’un immense réservoir d’eau douce, sans oublier le soutien d’étiage aux rivières. Le dossier revient donc à la surface après “métamorphose“, c’est-à-dire « en maîtrisant les inconvénients relevés précédemment par le Conseil d‘État » (au sujet de la tourbe en particulier). François Blaizot et Claude Belot étaient à la barre quand les Écologistes intentèrent des procès. La bagarre avec les Verts fut rude. Ils gagnèrent et la Trézence fut reléguée aux oubliettes, au grand dam des décideurs charentais-maritimes.
Dominique Bussereau détaille ensuite les finances départementales. Les droits de mutation ont à nouveau le vent en poupe et les élus de l’UMP ont le moral. L’autofinancement a été multiplié par deux. Fidèle à ses engagements, le Département a fait face aux dépenses entraînées par Xynthia, tout en assurant le soutien aux personnes défavorisées (le nombre d‘allocataires du RSA a augmenté de 8 % en un an), l’APA, la petite enfance, l’aide aux communes, les aménagements routiers, la sécurité des collégiens dans les transports, voire la lutte contre le frelon asiatique.
Que le Département saisisse le Tribunal Administratif ?
Cet optimisme, David Baudon, chef de file du parti socialiste, ne le partage pas. « Les résultats que vous exposez n’augurent rien de bon pour l’avenir. Nous ne comprenons pas vos commentaires. En 2006, l’autofinancement était de 86 millions d‘euros, il est tombé à 25 millions d’euros en 2009. Le résultat de 2010 est artificiel car il inclut l’accroissement des droits de mutation et l’augmentation des impôts de 5,5 %. Dans ce contexte, il faut avoir le sens des responsabilités ».
Et de préconiser la prudence : une nouvelle hausse de la fiscalité, en pleine stagnation du pouvoir d’achat, serait mal vue des contribuables. David Baudon estime que l’État doit assurer ses engagements dont celui, important, de compenser à l’euro près les charges transférées aux départements. Si tel n’est pas le cas, le conseiller général de la Jarrie encourage Dominique Bussereau à poursuivre le Gouvernement devant le Tribunal Administratif, comme l’ont fait d’autres territoires dont la Seine Saint-Denis. La dette départementale charentaise maritime aurait augmenté de façon conséquente depuis 2007, « ce qui handicape sa capacité à entreprendre ».
Dominique Bussereau lui répond qu’il n’intentera aucune procédure auprès du TA. On ne le voit mal, en effet, tirer contre son propre camp à quelques mois des Présidentielles. Disons que David Baudon aura essayé de le convaincre !
Au sujet du RSA et de l’éventualité, pour ses allocataires, d’effectuer des heures au service des collectivités, David Baudon « ne se reconnaît pas dans de telles propositions ». Dominique Bussereau non plus d’ailleurs. À l’opposition qui manifeste sa surprise, il fait remarquer que la liberté d’expression existe toujours au sein de l’UMP et que « la diversité arcencieliste des candidats aux primaires socialistes » démontre qu’il en est de même à gauche. À suivre lors de la prochaine Université d’été du PS qui se tiendra à La Rochelle fin août !
Pour Gilles Gautronneau, responsable des Radicaux de gauche, les comptes de la Charente-Maritime sont semblables à « Jean qui rit et Jean qui pleure », la totalité de la fiscalité transférée par l’État, ajoutée à la DGE, ne couvrant pas la progression des dépenses sociales. « La section investissement, par exemple, est désespérément déprimante », son niveau étant celui des années 2005-2006. La majorité sera-t-elle dans l’obligation d’augmenter la fiscalité pour équilibrer son futur budget ?…
Irrigation : « L’administration ferait-elle du yoyo » ?
Lors des échanges qui suivent l’allocution du Président, une majorité d‘élus ruraux se jettent à l’eau par la force des événements. Depuis des mois, la pluie est rare et le Poitou-Charentes est placé en zone rouge. Les agriculteurs sont en colère et l’âpre débat sur l’irrigation est reparti de plus belle. Certains propriétaires font fi des arrêtés en vigueur en arrosant le jour : voilà qui n’arrange pas la situation avec les défenseurs de l’environnement…
Sensibles à la détresse des paysans, les élus disent ce qu’ils ont sur le cœur. « Il ne faut pas opposer l’eau potable à l’agriculture, ni au tourisme » déclare le sénateur Doublet. Le pontois Daniel Laurent fait une constatation : « aucun cours d’eau n’est à sec en Saintonge. Pourquoi empêcher l’irrigation, sinon il n’y aura plus de maïs ? Donnez une autorisation la nuit pour assurer les récoltes » dit-il au représentant du Préfet.
Jean-Yves Quéré, conseiller général de Saintes, attire l’attention sur les exploitations laitières : « il n’en reste que 400 sur le département. Le Conseil général ne fait rien. L’heure est grave pour les agriculteurs chez qui il y a plus de suicides qu’à France Télécom ». Dominique Bussereau prend la mouche. « Le Département n’a jamais abandonné les agriculteurs. La faute à qui si les retenues collinaires ne sont pas plus nombreuses ? Les Verts à la Région y sont opposés et font des procédures ». Jacky Quesson, conseiller général de Saint-Genis, souligne la situation catastrophique « des agriculteurs qui sont au bout du rouleau ». Quant à la législation, on pourrait la qualifier de fantaisiste « quand il est interdit d’irriguer à Saint-Germain du Seudre et que c’est possible juste à côté, à Floirac ? L’administration ferait-elle du yoyo » ?…
Avant que le sous-préfet de Rochefort ne lise le contenu du nouvel arrêté autorisant l’irrigation de 20 h à 8 h du matin, plusieurs représentants syndicaux expriment leurs doléances.
Vincent Tourne : « il n’y a pas de problème d‘eau potable, les agriculteurs ne comprennent pas le dispositif actuel. Nous ne croyons plus en rien ». M. Couteau, éleveur laitier : « en deux mois, on va anéantir le travail de trois générations ». M. Besson de la FDSEA : « nous sommes les sacrifiés de la gestion de l’eau ». Jean Yves Moisan : « le choix est fait de protéger les milieux. Il y a de l’indifférence envers les agriculteurs. Le Conseil général nous abandonne, il privilégie l’activité touristique ». Guy Bertaud de Saint-Quantin de Rançannes : « Ras le bol de ne pas pouvoir travailler, on demande l’autorisation d’irriguer ». Même position chez D. Morillon et Thierry Boucard : « nous ne sommes pas au Sahel. Il y a quinze ans, l’irrigation prenait 120 millions de m3 d’eau. En 2010, nous sommes à peine à 60 millions de m3. Nous avons fait des efforts et rien en retour. On envoie même des hélicoptères la nuit pour surveiller l’irrigation ».
Une épaisse liasse de contraventions est alors remise à M. Duhaldeborde qui ne bronche pas. Le nouvel arrêté donnera sans doute un peu d’oxygène aux agriculteurs, préoccupés par le sort de leurs exploitations. « Nous sommes à vos côtés » conclut Dominique Bussereau qui comprend la souffrance des intervenants.
Comment évoluera la situation ? Voilà bien la question. Certains syndicalistes n’excluent pas des “actions“ auprès des touristes, aux péages par exemple. La RN 11 à Sainte-Soulle et plusieurs sorties de l’A 10 ont ainsi été bloquées.
Bon courage à notre nouveau préfet, Béatrice Aboviller, qui aura à gérer cette crise…
• L'info en plus
Barrage de la Trézence : 20 ans de galère
Un peu d’histoire : Le premier barrage de la Trézence (1989), situé en Aunis, du côté de Tonnay-Boutonne, doit contenir 47 millions de m3 d’eau douce afin d’irriguer 40,000 ha de cultures. Des associations environnementales s’érigent contre ce projet. En novembre 1991, le Conseil d’État rend un avis défavorable.
En 1995, François Blaizot cède sa place de président à Claude Belot. Un nouveau projet est lancé d’une capacité de 47,5 millions de m3, dont 24,5 millions de m3 destinés au bassin de Marennes Oléron, 12 millions de m3 pour le soutien de l’étiage de la Boutonne et 6 millions de m3 réservés à la constitution d’un lac destiné aux activités touristiques. « À l’amont de la confluence de la Boutonne et de la Charente, ce projet prévoit de diviser par deux le débit objectif d’étiage afin de permettre aux irrigants charentais de prélever davantage d’eau dans la Charente. Ainsi, ce que l’eau du barrage apporterait d’un côté serait pompé de l’autre, décrédibilisant ces apports d’eau douce jusqu’aux zones ostréicoles. Les multiples objectifs affichés de ce projet paraissent inconciliables » soulignent alors certains observateurs. En octobre 2003, le Conseil d’État annule la déclaration d’utilité publique et d’intérêt général pour des motifs qui rejoignent ceux des associations écologistes.
Le projet tombe une seconde fois à l’eau. Il est relancé en 2011. L’avenir nous dira s’il connaîtra meilleure fortune. Certains élus (superstitieux ?) pensent à le débaptiser, Trézence évoquant de mauvais souvenirs…
• Benoît Biteau dans le collimateur ?
Cet agriculteur MRG, vice-président du Conseil Régional, a l’heur d’agacer les élus de droite qui le soupçonnent d’être opposé aux retenues collinaires. Vendredi matin, son nom étant plusieurs fois cité, les oreilles ont dû lui siffler, bien que cachées par une abondante chevelure relevée en queue-de-cheval ! Le patron des Radicaux de gauche, Gilles Gautronneau, « qui ne reçoit pas ses ordres de Poitiers », s’est offusqué de le voir ainsi maltraité : « Benoît est membre de ma famille politique, c’est un homme courageux et responsable ».
« Je ne mets pas en cause les personnes. Je constate seulement que les Verts attaquent nos projets de retenues » a rétorqué Dominique Bussereau. Et d’ajouter : « Je serai capable de voter Ségolène Royal quand elle financera les digues et les réserves de substitution ». Petite phrase qui pourrait entrer dans le dictionnaire de l’humour charentais maritime !
• Internet à Thénac : Pas terrible
L’ADSL ne marche pas très bien dans cette commune proche de Saintes et les autres moyens déployés pour surfer sur la toile coûtent cher. La mairie est déçue, les usagers aussi. Le Wimax ne serait pas « une solution d’avenir ». Malgré tout, la Charente-Maritime reste plutôt pionnière dans le domaine de la connexion par rapport à d’autres départements. Thierry Jullien, conseiller général de Montlieu, souligne le cas d’un médecin implanté sur sa commune dont la ligne “rame“. La question sera examinée de plus près pour aider ce praticien.
Actuellement, Le Département déploie des efforts importants pour maintenir une présence médicale en zone rurale. Une aide sera apportée aux étudiants en médecine pour les inciter à s’installer dans les lieux où les médecins viendront à manquer dans les années à venir.
• LGV : « on a perdu un an ». La faute à qui ?
Les choses ne vont pas mieux entre Dominique Bussereau et Ségolène Royal. Au sujet de la future ligne à grande vitesse, la Région ne participera pas financièrement, elle l’a dit clairement. Conséquence, la ligne ne sera effective qu’en 2017, soit « un an perdu » et l’on serait plus proche des 8 milliards d’investissements que des 7. Les travaux de la base de Clérac commenceront en octobre prochain. Elle sera opérationnelle en fin d’année.
• Chers Sites en Scène !
Ces manifestations, financées par le Conseil Général, animent les soirées d’été. Trois lieux supplémentaires complètent cette 18e édition : Le pôle mécanique de la Genétouze (le spectacle, qui comprenait des feux d’artifice, vient d’être annulé pour des raisons de sécurité), Tonnay-Charente et La Flotte en Ré. Denis Leroy, conseiller général de La Rochelle, trouve la note un peu salée : quelque 480.000 euros pour l’ensemble, « le prix de deux maisons ».
Les 18 Sites en Scène 2011 : Châtelaillon-Plage Châtel f(24, 25, 26 juin) ; Tonnay-Charente décroche la lune 16 juillet ; St Porchaire À la recherche de l’Idiot du 11 au 21 juillet, relâche le 16 ; Fouras les Bains Mer et Lumière 14 et 15 juillet ; St Palais sur Mer FIAP 2011 du 13 au 20 juillet ; Jonzac Drôles de rues 16 et 17 juillet ; Communauté de Communes de l’Ile de Ré 24e festival Musique en Ré 19 au 28 juillet ; Rochefort "Résonances 21 et 22 juillet ; Surgères Avant la Mère Denis 23, 24, 25 juillet ; Royan Un Violon sur le sable 25, 27 et 29 juillet ; St Jean d'Angély Théâtre en l'Abbaye 2, 3 et 4 août ; St Georges de Didonne Festival Humour et Eau Salée du 5 au 7 août ; La Flotte en Ré Chansons françaises autour du monde 7 août ; St Bris des Bois Festival de l'abbaye de Fontdouce 7 au 12 août ; Le Château d'Oléron Autour de Julie, Swing Folies et le Jazz Salé 8, 9 et 11 août ; Esnandes Eclad'Esnandes 14 et 15 août ; Pons Musiques et feux autour du donjon 14 et 15 août ; La Rochelle Voiles de nuit 17 septembre.
• Du parc naturel marin aux éoliennes offshore du Verdon
« Nous sommes favorables à ce parc marin sous certaines conditions » souligne Dominique Bussereau. « Nous souhaitons des orientations tournées vers les métiers de la mer ainsi que la présence des professionnels de la mer et des collectivités territoriales dans le conseil de gestion ». Reste aussi à en définir les limites, Bec d’Ambès ou plus loin, comme le préconise le Sage de l’Estuaire de la Gironde.
Au passage, il question de l'implantation d'un site de fabrication d'éoliennes offshore au Verdon, sur la côte girondine de l'estuaire de la Gironde. Cinq éoliennes tests seraient installées à 12 kilomètres à vol d'oiseau de Royan. Contrairement aux Aquitains, les élus de la côte charentaise n’apprécient pas du tout cette perspective.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire