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jeudi 17 février 2011

Occident et islam :
Le retour des croisades ?


Nous venons d’assister à un véritable soulèvement des peuples arabes de Tunisie et d’Egypte pour mettre fin aux longues présidences de Ben Ali et Moubarak. L’opinion occidentale applaudit cet élan de liberté, mais elle a du mal à faire oublier que Ben Ali, comme Moubarak, furent aussi des "créatures" de cet Occident paniqué par ce qu’on appelle « la montée de l’islamisme intégriste », depuis les fameux attentats du Wall Trade Center qui firent des milliers de morts.
Pourtant, le président Obama semble avoir très largement encouragé ces départs. Il a rompu avec la diplomatie de son prédécesseur qui, d’Irak en Afghanistan, d’Egypte en Jordanie, de Jordanie en Arabie Saoudite et d’ailleurs, tentait de faire un rempart contre l’islam et une protection absolue de la dernière colonie de l’empire occidental, Israël, dans les territoires arabes. En effet, c’est bien la création de cet état, en 1947, qui a enflammé la région et continue d’alimenter les querelles.
Barack Obama a visiblement un nouveau regard. Il semble penser que la liberté retrouvée des peuples permettrait d’instaurer un nouvel équilibre dans cette région géopolitiquement essentielle. Ce n’est visiblement pas la position européenne ou, tout au moins, la position française dont la diplomatie se montre quelque peu crispée. Le tunisien Ben Ali était apprécié pour avoir supprimé en Tunisie l’islamisme politique et Nicolas Sarkozy avait fait de Moubarak le président de son Union pour la Méditerranée.

En réalité, si les « révolutions » qui agitent l’autre côté de la Méditerranée découlent de la pauvreté (le prix des denrées alimentaires flambe) et du manque de démocratie, les responsables politiques d’une France à la fois néo-chrétienne et laïque s’inquiètent d’un islam tout proche qui prétend que la Charia, c’est-à-dire les règles du Coran, peut apporter aux peuples qui la respectent fraternité et égalité.

La pauvreté et le manque de démocratie sont à l'origine de ces "révolutions"

Or, ces règles apparaissent en contradiction avec les piliers de la civilisation des lumières et la culture laïque française. En France, le fait islamique prend des proportions que les dirigeants ont beaucoup de mal à gérer. Les uns veulent nier son existence parce qu’il est lié à l’immigration et que cette dernière est un tabou. Les autres, au contraire, entendent justement limiter l’immigration parce qu’elle est le vecteur d’une culture qui semble antagoniste.

L’arrivée d’un vent de liberté dans les pays arabes pourrait très rapidement raviver ces contradictions profondes. Israël, ce bastion avancé de l’Occident, craint un voisin égyptien de 80 millions d’habitants. La rive occidentale de la Méditerranée commence à s’interroger sur son identité.

Aujourd’hui, la question est donc de savoir si l’Islam est soluble dans nos sociétés occidentales ou si le mouvement auquel nous assistons est de nature à donner toute sa force à un univers qui nous est étranger, celle du Croissant fertile.

Le soulèvement égyptien


• Après la Tunisie et l’Egypte, on assiste à des mouvements populaires au Yémen, Libye, Iran, Algérie, Jordanie, Bahreïn…

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