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dimanche 13 février 2011
Le TD numérique :
Une première à la Faculté
de droit de La Rochelle
Permettre à des étudiants en droit de s’exprimer par l’image et le son, l’idée est originale et inhabituelle. Pour la première fois, elle a été mise en application à la Faculté de droit de La Rochelle qui fait de l’innovation pédagogique l’un de ses objectifs.
On ne présente plus Jacques Bouineau, éminent professeur de l’histoire du droit à l’université de La Rochelle et auteur d’ouvrages juridiques. Porteur d’idées nouvelles, il vient d’expérimenter une nouvelle forme de travaux dirigés. La transmission de la connaissance étant en pleine évolution, il a opté pour le numérique et demandé à un groupe d’étudiants en droit (première année) de réaliser un film sur la façon dont le pouvoir municipal s’est affirmé au cours des siècles dans “la chose publique“. Une initiative soutenue par le doyen, André Giudicelli.
Les intéressés ont été enthousiasmés par ce "modèle d’apprentissage" qui sortait des sentiers battus, malgré des appréhensions bien compréhensibles. En effet, le droit n’est pas une école de cinéma et même si l’on compare certains avocats à des ténors du barreau, le tribunal n’est pas une scène ! Cependant, quelles que soient les matières enseignées, l’image est plus “parlante“ que l’écrit, d’autant que notre époque correspond à l’éclosion grandissante des nouvelles technologies.
Conscient que cette opportunité était à saisir, le groupe d’étudiants s’est impliqué : chacun a apporté sa pierre à l’édifice selon ses compétences respectives. L’objectif était simple et ô combien intéressant : il s’agissait de transformer un contenu académique de nature juridique en langage numérique qui impose de travailler ensemble et non pas individuellement, comme on le fait pour les TD classiques. En avant pour la mise en scène, les répliques, la location de costumes, les prises de vue, le montage et toutes ces choses auxquelles il faut penser… sans perdre de vue l’exactitude des faits exposés.
Un sacré défi !
Lors du récent colloque qui portait sur le thème : quelles pédagogies pour l’étudiant juriste ? Jacques Bouineau et ses élèves ont présenté officiellement le fruit de leurs efforts. Il n‘y avait pas de tapis rouge, comme au festival de Cannes, mais les cœurs battaient très fort. Parmi les participants, se trouvaient des professeurs attentifs, prêts à donner leurs impressions sur cette “première rochelaise“.
Avant la projection, aux côtés de deux étudiants, Marc Devedeix et Alessandro Palomba, Jacques Bouineau dressa les grandes lignes du projet : « cette approche numérique me trottait dans la tête depuis 25 ans. Nous sommes dans la création puisque cette démarche n’a jamais été concrétisée auparavant. Le groupe, paritaire, a travaillé sur la base du volontariat. Pour mener à bien le projet, un climat de confiance était nécessaire. Ce n’est pas facile de sortir de sa condition d’étudiant pour se transformer en metteur en scène, cameraman ou comédien. Ce fut un défi colossal à relever. Encadré, chaque étudiant a été assigné à une tâche précise. J’ai été proche d’eux, tout en restant maître des opérations, sans autoritarisme. Outre l’aspect technique qui a demandé un réel investissement, il ne fallait pas perdre de vue l’aspect juridique de ce TD qui concerne la naissance du pouvoir municipal en France. Je leur ai donné un plan, ils ont inventé les scènes. Le groupe avait pleinement conscience que si l’un d’eux ne tenait pas ses engagements, le film s’en ressentirait forcément. Ils ont appris à œuvrer ensemble et à se débrouiller en cas de problème. Tous ont été complémentaires ».
L’aventure s’est bien terminée puisque le TD numérique fait aujourd’hui la fierté de ses concepteurs.
Une autre manière d‘apprendre
Des compliments, ils en méritent car l’enjeu était de taille. Pour la notation forte de 29 coefficients, Jacques Bouineau a créé une grille d’évaluation spéciale dont l’un des critères gravite autour de l’efficacité déployée par chacun : réactions face aux objectifs, aux situations difficiles, prise de risques, capacité d’innovation. Sur le groupe de 24, sept étudiants ont obtenu entre 16 et 19 ; douze entre 10,5 et 14,5. Cinq ont en dessous de la moyenne.
Pas de doute, ce TD a permis à certains élèves, moins à l’aise devant une feuille de papier, d’exprimer leurs talents. Pour Marc Devedeix, « la qualité du travail s’en est ressentie » tandis qu’Alessandro Palomba admet que la réalisation du film « lui a apporté un plus différent ». Venant de reprendre ses études, il a apprécié ce travail collectif où il s’est impliqué, tout en aidant les autres.
Dans l’amphi, ses camarades ont acquiescé. Ce TD numérique les a passionnés : il restera dans leurs mémoires comme une expérience originale et instructive qui pourrait inspirer d’autres universités, qui sait ?…
• L'info en plus
• Comprendre la “res publica“, l’histoire du conseil municipal en réalisant un film : tel était l’objectif de ce TD confié aux étudiants par leur professeur, Jacques Bouineau.
• Les grands axes du film ont été discutés et définis en tenant compte des réalités juridiques et historiques du thème retenu. Le film a été tourné dans La Rochelle, ville au riche patrimoine (tours, mairie, etc). Les costumes ont été loués à différents organismes, les maquillages réalisés par une école d‘esthétique. Jacques Bouineau a même prêté son argenterie !
• Côté technique, les jeunes scénaristes ont été confrontés au problème du vent qui s’est glissé dans certaines prises. Cette première expérience leur a permis de découvrir les aspects et les difficultés de l’univers cinématographique. Le matériel a été prêté par l’université rochelaise qui a financé le projet, démontrant ainsi son dynamisme et sa volonté de s’inscrire dans les nouveaux modes d’expression.
Quand on les interroge, les étudiants ne manquent pas d’anecdotes. D’abord, tout le groupe (ou à peu près) s’est impliqué. Chacun a choisi le rôle qu’il occuperait dans le TD : nobles, paysans, soldats. L’un d’eux, qui participe à des combats médiévaux, a suggéré des idées de mise en scène.
Un professeur de Bordeaux IV a complimenté les étudiants : « ce film n’aurait pu être que pédagogique. Or, il dit beaucoup de choses. S’en dégagent un souci de l’égalité, une bonne dose d’humour aussi. Les femmes y montent à cheval, Jacques Bouineau s’y transforme en archer anglais ! Chaque étudiant a exprimé sa sensibilité ».
• Le maire : une vieille affaire !
C’est à la fin du XVIIe siècle que furent créés, dans toutes les villes, un office de maire et des offices d’assesseurs en remplacement des syndics choisis par les assemblées d’habitants. La vente de ces nouveaux offices alimenta les caisses de l’État. Des édits de 1764 et 1765 tentèrent de briser ce système en proposant un maire choisi par le Roi sur proposition de trois candidats. L’administration municipale resta sous le contrôle de l’Intendant général jusqu’à la Révolution.
Au XIXe siècle, après 1831, les maires furent nommés par le Roi pour les communes de plus de 3000 habitants, par le Préfet pour les plus petites. Les conseillers municipaux étaient élus pour six ans. En mars 1882, une loi régit le principe de l’élection du maire et des adjoints par le conseil municipal, quelle que soit l’importance de la commune (sauf pour Paris).
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