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vendredi 12 novembre 2010
A çhés fàetes : Ite missa est
(la messe est dite)
Merci au journal de Sud-Ouest d’avoir donné raison aux Saintongeais face aux prétentions des Poitevins quant au patois.
Le poitevin saintongeais est une invention. Pour preuve quand, dans son éloge funèbre, Ronan Chérel titre “A çhés fàetes“, nul patoisant de Charente-Maritime ne comprend cette expression censée rendre hommage à Jacques Hermand, dit Simounet. En conséquence, la messe est dite face à cette poignée de Poitevins qui enseignent, certes, à l’université de Poitiers mais qui devraient admettre, une fois pour toutes, qu’ils ont tort. Evidemment, pourraient-ils rétorquer, « à notre époque, que valent ces dialectes en voie de disparition face au français que François 1er imposa dans son édit de Villers Cotterêts ? ». En effet, mais comme répondrait Goulebenèze, « ne mélangez pas les banlins aux mouchenez, sinon ô risque de barder ! ».
Plusieurs défenseurs de la langue saintongeaise sont d’ailleurs montés au créneau après la parution de l’article, dont le journaliste Didier Catineau. Dans une libre expression, il situe bien le contexte : « Il existe une fraternité entre tous les Saintongeais. Elle est si évidente qu’il est inutile d’en parler pour qu’elle continue à exister. C’est une fraternité de territoire due à notre sensibilité historique, gastronomique et linguistique. Il y a peu, notre parler patoisant a conquis de haute lutte le statut de langue de France et nous n’en sommes pas peu fiers ! Ce préambule est nécessaire car mon sang de Saintongeais s’est figé samedi matin à la lecture du quotidien. Tout d’abord parce je connaissais notre Grand Simounet, l’une des dernières figures vivantes de notre histoire. Il était l’invité attitré du cabaret de Jeff d’Argy à Marennes, il était l’ami de Pierre Dumousseau. Il y a une vingatine d’années, il avait déjà lancé l’idée des bardes patoisants qui a sûrement fait des émules et permis à Binuchard de faire un bout de chemin avec lui. L’émotion, à l’évocation de ces souvenirs, est prégnante car le Grand Simounet promenait sa formidable carrure et sa pipe dans des spectacles dont on se souvient toujours. Ses contes parlaient très profondément des petites gens, des marins et des “culs salés“ qu’il avait si bien connus. Je l’ai toujours entendu parler le Saintongeais, au naturel, sans calcul, ni effet d’apparat. Le saluer par un “A çhés fàetes“ est du plus mauvais effet. Je ne veux pas faire parler à ma place les morts, mais notre Grand Simounet vous aurait bien ri à la face pour ce borborygme abscons et obscur. Car de quoi parlons-nous ? D’un patois poitevin saintongeais ? Une langue toute entière trafiquée par quelques lointains universitaires poitevins cherchant à annexer la richesse de notre patois dans un sabir malséant et nauséabond ? En Saintongeais, quand on se sépare, on se dit tout simplement “à la r’voyure mon biton“. Se revoir, ici ou ailleurs est toujours une promesse d’espérance ». On ne saurait être plus explicite.
Simounet doit bien se marrer en voyant les vivants se rebeller contre le diktat poitevin ! D’autant qu’Erik Nowak a allumé la mèche voici peu de temps. Dans la revue l’Estuaire, il aurait habillé d’oripeaux notre pauvre parler saintongeais, écrivant « que le langage des Huttes appartient à la langue d’oc, dialecte gascon, sous-dialecte bas médocain ; celui du Royannais à la langue d’oïl, dialecte poitevin, sous-dialecte saintongeais ». Le langage des Huttes ? Qu’est-ce, my dear ? D’où la réaction immédiate de Maryse Guédeau, directrice du journal Xaintonge, à son encontre : « Je vous rappelle, au cas où vous ne le sauriez pas encore et sans douter un seul instant de votre mauvaise foi, que le Saintongeais n’est que le cousin linguistique du Poitevin et non pas l’un de ses dérivés. En matière de sous-dialecte, c’est bien de votre sous-dialectique poitevine dont on se souviendra ». Et toc sur le cagoué ! Pour le combat en duel, on attend la date…
Bref, le poitevin et le saintongeais ont déterré la hache de guerre et il ne reste qu’une issue : qu’un débat traitant des deux patois soit organisé. Par l’Académie de Saintonge, pourquoi pas ? À ce moment-là, les observateurs parlant le Saintongeais se rendront vite compte s’ils entendent les termes du Poitevin…
La leçon de tout cela : Qui veut faire l'ange, fait la bête...
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