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jeudi 23 septembre 2010

Jean-Claude Texier, ancien maire de Jonzac, n’est plus

« C’était un homme bon »

Mercredi dernier, l’église de Jonzac était trop petite pour accueillir la foule immense venue rendre un dernier hommage à Jean-Claude Texier. Élu depuis 33 ans, maire de Jonzac durant un mandat, il laissera le souvenir d’un homme unanimement apprécié pour ses qualités de cœur.


Engagé de longue date dans la vie municipale jonzacaise, Jean-Claude Texier, expert-comptable au cabinet Fimeco dont il a tenu les rênes durant des années, ne siégera plus au conseil. En effet, la maladie l’a emporté vers ces “béatitudes“ qui, nous l’espérons, lui feront oublier les misères que la maladie provoque. Il avait 74 ans.

Jean-Claude Texier avec l'ancien sous-préfet de Jonzac, 
Isabelle Duhamel Costes

Jean-Claude Texier s’est intéressé à la politique locale dès son arrivée à Jonzac, dans les années 70. Candidat sur la liste de Claude Belot aux municipales, il fut élu pour la première fois en 1977. Apprécié des habitants, il retrouva son siège à chaque élection. Claude Belot étant atteint par le cumul des mandats, il assura les fonctions de maire de Jonzac de 2001 à 2008. En 2008, il devint son premier adjoint.
Nous garderons de lui le souvenir d’un homme affable, compréhensif, qui ne faisait pas de bruit, mais savait trouver la juste réponse aux questions. Il nous manquera.

Cérémonie des vœux à la sous-préfecture de Jonzac

Son engagement au service des habitants, il l’a vécu sereinement, en ne perdant jamais de vue l’intérêt commun. Le personnel communal le respectait et même plus : « il était toujours prévenant » déclarent-ils d’une seule voix.

Attentif, il savait arrondir les angles quand des problèmes surgissaient. Il agissait selon sa méthode, sans faire de bruit, loin des déclarations fracassantes. Il parlait peu, mais juste, et ceux qui le disaient « lointain » n’avaient pas compris qu’en réalité, il privilégiait la modération et l’observation. Parfois, sur les photos en particulier, on avait l’impression qu’il était un peu triste, mais c’était sa manière d’être. Celle de ne pas attirer l’attention, d’être un homme parmi les autres, sans distinction.
Cette simplicité, il la devait à son éducation et à une famille unie. Né en 1936 dans la région de Saint-Jean d’Angély, son père occupait des fonctions importantes aux Ets Brossard. Très vite, il s’intéressa à la comptabilité à laquelle il se consacra entièrement. Après ses études, il occupa deux postes, à Saint-Jean d’Angély et Tonnay-Boutonne. En 1968, il rejoignit le cabinet Fimeco de Jonzac. « Il a toujours été proche de Jean-Claude Ferron, responsable saintais de cette société » souligne sa femme Gisèle. Ils se sont mariés en 1960. Leur ville de résidence est devenue Jonzac. Un fils est né, Patrick.

Jean-Claude Texier aura son nom gravé sur la plaque de marbre qui, à l’entrée de la mairie, désigne les noms des premiers magistrats. Sur cette photo, il est aux côtés de sa charmante épouse Gisèle et des responsables des Restos du Cœur. À cette occasion, Véronique Colucci, la femme de Coluche, était présente.

Fidèle à Claude Belot

Pour Jean-Claude Texier, la période la plus délicate fut sans doute celle des élections municipales de 2008. Après avoir été maire de 2001 à 2008, le moment était venu de rendre le flambeau à celui qui veille aux destinées de Jonzac depuis 1977. Or, la période était agitée, fait rarissime dans la capitale de la Haute-Saintonge. La majorité était divisée en deux camps.
Déjà, en 2001, la démission de Claude Belot, de son poste de maire, avait attiré des réflexions. Quand les rênes furent laissées à Jean-Claude Texier, alors simple conseiller municipal, nombreux s’interrogèrent quand d’autres, sans doute plus ambitieux, briguaient cette place enviable.
La suite démontra que ce choix était judicieux, Jean-Claude Texier accomplissant parfaitement sa mission.

Loin d’être tranquilles, les élections de 2008 connurent donc des soubresauts qui aboutirent à l’éviction de certains élus de longue date. La campagne fut dure. Au final, la liste de Claude Belot fut élue et Jean-Claude Texier devint premier adjoint de la nouvelle formation.

Bien qu’il ne l’ait jamais dit ouvertement, Jean-Claude Texier cherchait avant tout à retrouver une paix indispensable à la bonne marche des affaires locales et surtout à l’entente. Il a largement contribué à fédérer ceux et celles qui se posaient des questions.
En restant dans l’entourage de Claude Belot, quels que soient les événements, Jean-Claude Texier avait compris que leur amitié était plus solide qu’un simple lien. Elle était devenue une complicité qui s’était affirmée à mesure que la ville changeait d’aspect.
Claude Belot, en effet, s’est avéré être un formidable bâtisseur. Il suffit de se promener du côté des Antilles pour réaliser à quel point la cité a pris un visage entreprenant !

Jean-Claude Texier avait encore des pierres à apporter à l’édifice. Malheureusement, le destin en a décidé autrement. Lui qui se souciait peu de sa santé s’est incliné devant la maladie.
Quand le corps n’obéit plus et que le cœur s’affaiblit, se prépare alors un grand voyage. Cet arrêt a eu lieu samedi matin à Bordeaux, dans la clinique où il était hospitalisé. « Nul ne connaît ni le jour, ni l’heure » annoncent les Écritures.

Pour tous, il restera l’élu sympathique et accessible, à qui l’on pouvait parler librement. Il ne connaissait pas la mesquinerie et acceptait la critique. Ancien combattant d’Algérie, président du Conseil d’administration de l’hôpital de Jonzac, grand amateur de football, de cyclisme et de courses hippiques, il aimait la lecture et les joies simples de la vie. Que « cet homme bon » repose en paix.
Nous adressons nos sincères condoléances à sa femme Gisèle, son fils Patrick et à sa parenté.

• L’hommage de Claude Belot

Lors de l’émouvante cérémonie célébrée par le père Braud en l’église de Jonzac, Claude Belot a évoqué la mémoire de Jean-Claude Texier. De manière intime, il s’adressa directement à lui : « Nous nous sommes connus dès ton arrivée à Jonzac. Nous avions le même âge ». Il souligna ses qualités professionnelles et les excellentes relations de confiance qu’il avait établies avec ses clients.

Jean-Claude Texier était premier adjoint du conseil municipal 
élu en 2008 autour de Claude Belot

La politique les rassembla : « Tu as d’abord été le trésorier du Comité d’Expansion. Ensuite, tu es entré dans le conseil municipal. Tu étais simple, silencieux, mais quand un sujet t’intéressait, tu devenais intarissable. Homme de passion, tu aimais ton métier comme tu l’as été quand tu es devenu maire de Jonzac. Tu étais tenace, ardent et ton œil malicieux de Saintongeais semblait dire que tu n’irais pas là où tu ne voulais pas aller. Nous étions les deux doigts d’une même main pour gérer l’action publique de la ville ». En effet, Jean-Claude Texier a accompagné les rénovations jonzacaises, dont les places du Château, de la République et du Marché. Et de conclure : « Tu étais un homme généreux. Cette force, tu la tirais de la nature et de ce détachement qui te permettait de prendre du recul et d’apprécier les situations ».

Avec les jeunes du conseil, Jean-Charles Chapuzet, Barbara Lachamp, 
Emmanuel Arcobelli

Le retour de Claude Belot à la mairie de Jonzac en 2008

• Le témoignage de Gilles Clavel, porte-parole de l’opposition

« Nous avions tous été un peu surpris par le choix de Jean-Claude Texier au poste de maire en 2001. Force est de constater qu’il a mené à bien sa mission. J’ai du respect pour Jean-Claude Texier qui a été un adversaire politique courtois. Nous avions une vision différente de la gestion de la ville, mais le mandat que nous avons passé a été de bonne tenue républicaine. Nous avons affronté nos idées et su nous accorder sur certains dossiers. Il a porté une oreille attentive à des projets qui nous tenaient à cœur ».

• Qui sera le nouveau premier adjoint ?

Alain Pitaud fera son entrée au prochain conseil municipal. L’ordre du jour devrait comporter la désignation du successeur de Jean-Claude Texier au poste de premier adjoint. Trois noms d’adjoints sont avancés : Christelle Brière, Madeleine Perrin et Christian Balout. Le choix pourrait également se porter sur un conseiller municipal. Ou alors, si Claude Belot veut pratiquer l’ouverture comme Nicolas Sarkozy, il pourrait faire appel à un membre de l’opposition. Mais cela est peu probable…

Jean Claude Texier et Christian Balout : ils se connaissaient bien

Les projets concrétisés par Jean-Claude Texier :

Places du Château, de la République, casino, halte-garderie…


En 2003, nous avions évoqué avec Jean-Claude Texier les aménagements à Jonzac. Retour en arrière…


… Après la première phase de travaux effectuée l’an passé (aménagement des trottoirs, côté Coq d’or), la deuxième édition concerne “l’intérieur“ de la place du Château. L’une des originalités du projet est de recréer les douves qui entouraient le castel des Sainte Maure. Voilà qui vient d’être fait et l’on aperçoit d’anciennes ouvertures qui étaient complètement masquées par la terre. Dans un avenir proche, du gazon sera semé dans ces fossés. Les fouilles, entreprises préalablement par la Direction des Affaires Culturelles dans ce périmètre historique, n’ont révélé aucun secret oublié.

L’une des préoccupations des habitants concerne le devenir de la charmille composée de quatre rangées de tilleuls qui coïncident, dit-on, avec les poteaux de l’ancienne halle. En 2001, Jean-Claude Texier pensait les conserver. Depuis, il y a eu des changements : « Un jour, de la fenêtre de l’Office de Tourisme, j’ai aperçu ces arbres. J’ai trouvé qu’ils n’avaient pas bonne allure, qu’ils étaient mal disposés. J’en ai parlé à mes collègues et nous sommes arrivés à la même conclusion. Il fallait faire quelque chose ». Ils ont été abattus et subitement, la vue sur l’édifice s’est trouvée dégagée : « de nombreuses personnes m’ont conseillé de laisser l’espace en l’état ». Problème… Les “successeurs“ avaient été commandés entre-temps : « nous avions prévu au départ de jeunes arbres, mais leur taille était trop modeste. Nous avons alors contacté des pépiniéristes. Retenu, M. Bonnin, de Royan, s’est engagé à nous livrer des tilleuls du Piémont de sept mètres de hauteur et de vingt-cinq centimètres de diamètre. M. Boissière tenait à cette variété. Deux rangées sur les trois prévues ont été réalisées car il nous a semblé important de privilégier le dégagement des façades. Trente-deux ont été plantés. Comme il en restait une douzaine, nous les destinons à l’esplanade, près de la sous-préfecture, ceux qui s’y trouvent sont en piteux état. Les sept autres seront devant le futur centre de loisirs ». Pour l’instant, ils ont encore leurs bandes de protection. Rassurez-vous, elles seront enlevées bientôt. La route, quant à elle, a été profilée. L’allée centrale se trouve dans le prolongement du porche du château.

Subsiste le délicat problème du stationnement. Le trottoir qui longe les commerces a été largement agrandi. En conséquence, on ne peut plus laisser son véhicule le long de la rue (certains le font tout de même !). Des places pourraient être créées entre les arbres, mais il faudra attendre deux ans. Pour prendre racine, les végétaux ne peuvent pas cohabiter avec les voitures : « s’ils meurent dans ces conditions, le fournisseur ne les assurera pas » précise le maire. Des emplacements seront aménagés plus haut.

L’ensemble de la place sera dallé, en harmonie avec la partie déjà effectuée. Les piétons pourront se promener librement dans ce périmètre, très fréquenté en période estivale.
Le sens de circulation sera modifié : on sortira de la place en descendant l’allée située près des arbres. Les alentours du monument aux morts seront aménagés.

Il est évident que les automobilistes devront apprendre à marcher parce que garer sa petite auto va devenir ardu. Regret de l’historien James Pitaud : « on aurait pu faire un parking souterrain sous la place. Elle est creuse, c’est pratiquement certain »…

Les voitures pourront-elles franchir le pont-levis fixe qui permettra l’accès à l’intérieur du château et la sous-préfecture ? La question est à l’étude.

• Il avait également été question de la rénovation de la Place du Marché et de l’ouverture du casino (eh oui !). Elle était prévue pour fin 2003. On parlait aussi de poser la première pierre de la résidence “Pierre Vacances“.

Le Centre de Loisirs allait changer de rue, s’installant sur le chemin des Pierrières. Dans le domaine touristique, la valorisation des rues piétonnes restait à l’étude. « Les artisans sont difficiles à convaincre » admettait Jean-Claude Texier.

Inauguration de l'Annexe des Archives de Jonzac

Et le chemin de ronde ? « Pour être franc, j’en entends parler depuis 1971 et c’était avec Guy Petit ! Il y a effectivement quelque chose à faire, mais ce chemin est semi-privé puisque les propriétaires des maisons le traversent pour aller dans leurs jardins. Idem pour les galeries noires qui sont très encombrées. Ce n’est pas évident ». Depuis les choses ont avancé et on devrait en savoir plus dans un proche avenir avec Barbara Lachamp, chargée du dossier par la nouvelle mairie.

Jean-Claude Texier a toujours été un homme d’apaisement. Sur cette photo prise à la sous-préfecture de Jonzac, il se trouve aux côtés de Gérard Masson et de Christiane Proux, deux adjoints qui ne se sont pas représentés aux municipales de 2008.

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