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jeudi 19 août 2010

La Société des Archives historiques
de Charente Maritime
à l’aqueduc du Douhet


La société des Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis de Charente Maritime tenu son assemblée générale à la Bibliothèque municipale de Saintes, dans la salle des Jacobins, un merveilleux cadre qui date du XVe siècle.

Le président Marc Seguin présente le rapport moral 2009. Il rappelle l’historique et les buts de l’association. Depuis 1874, elle publie chaque année un volume de documents relatifs au territoire de l’ancien diocèse de Saintes. Ces textes sont le plus souvent d’accès difficile et de lecture impossible à qui n’est pas initié. Ces ouvrages, présents dans les bibliothèques et dans les universités, en France et en Amérique du Nord, constituent pour les chercheurs et les étudiants une mine toujours enrichie. C’est cette action qui lui a valu, dès 1886, une déclaration d’utilité publique.

L’histoire n’est pas une “science“, mais elle exige la même rigueur intellectuelle que les matières dites “scientifiques“. Elle doit se fonder sur des documents fiables, utilisables par tous. On objecte maintenant qu’il suffit d’utiliser internet, ce qui est inexact : pour que les textes soient offerts au public, il faut les trouver et ils sont souvent puisés dans nos ouvrages, donc le résultat de notre travail. En second lieu, il s’écoulera un temps infiniment long avant que tous les documents conservés soient disponibles. Et enfin, il reste la difficulté de leur lecture : offrir la photo d’un texte du XVe  siècle sert peu si celui-ci n’a été pas transcrit.

Le président expose les activités de l’année écoulée. L’assemblée générale précédente s’est tenue le 10  juin 2009 au château de Bonnemie, dans l’île d’Oléron, avec la présentation de l’église de Saint Pierre, un exposé sur la lanterne des morts, visite du prieuré de Saint-Georges et du domaine du Treuil, le tout sous la conduite de Philippe Lafon, membre du conseil d’administration et historien de l’île. Le 10  octobre 2009, une sortie comportait un exposé de l’abbé Yves Blomme, relatif à l’abbatiale de Saint-Jean-d’Angély, sur Varaize, puis sur l’église Saint-Herie de Matha, et enfin la présentation du château de Neuvicq par Frédéric Chassebœuf.

Nous avons continué notre travail de publication. Le volume LXI (XVe  siècle) La  Rochelle au fil des ans avec Nicolas Baudouin est paru au mois de juillet. Cet ouvrage, publié par Mathias Tranchant, maître de conférences à l’Université de La  Rochelle, fait suite au volume LX du professeur Robert Favreau.

Alain Braastad présente le volume LXII qui est le fruit de son travail : Le copie de lettres (1743-1746) de Jean-Henry Brunet, négociant à Cognac. Cet énorme ouvrage sera indispensable à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du cognac.

Les questions financières sont ensuite abordées. Le président fait part à l’assemblée de la suppression des subventions annuelles habituellement consenties par le Conseil Général de la Charente-Maritime et la ville de Saintes. Les démarches entreprises (lettres et rendez-vous) n’ont, pour le moment donné, aucun résultat. Les temps sont difficiles, mais convient-il pour autant de renoncer à soutenir les sociétés savantes dont les travaux, trop souvent discrets, assurent les bases de la culture locale, au sens le plus noble ? La Société des Archives n’est pas pour autant condamnée, mais elle se trouve handicapée et il lui sera difficile de continuer à publier son volume annuel.
L’assemblée approuve à l’unanimité ce rapport moral.

Le trésorier présente la situation des comptes 2009. Soumis aux voix, ils sont approuvés par l’assemblée. La situation à date, après règlement des frais d’édition du tome LXII, fait apparaître un solde créditeur de 1 433,68 €.

• En projet, deux publications :

- les carnets de l’ingénieur du roi Pierre Toufaire (1777-1794), qui a travaillé sur la Côte Atlantique, en particulier à Rochefort et qui évoque les débuts de la Révolution dans ce port. Texte de 620 pages folios, 464 pages dactylographiées.
- les mémoires d’émigration de Bernard de Bonnevin.
Le président lève la séance après avoir demandé aux adhérents de soutenirles publications en contribuant à leur diffusion. C’est le seul moyen de continuer l’œuvre entreprise depuis plus d’un siècle.

Les participants sont invités à découvrir ou à redécouvrir l’ancien Couvent des Jacobins dans son ensemble. C’est Alain Michaud, vice-président de la société et historien de Saintes au Moyen-Âge, qui fait l’historique des lieux, avec description architecturale de la salle capitulaire et de la chapelle vue de l’extérieur. L’attention se porte en particulier sur l’admirable verrière qui a heureusement survécu à tous les aléas d’une histoire saintaise troublée. C’est l’occasion d’évoquer les Lebas, architectes du XVe  siècle, plus connus pour leur participation au chantier bordelais de Saint-Michel.

Les participants se rendent ensuite au Douhet pour un repas pris en commun au restaurant “L’aqueduc Romain“.

L’après-midi est consacrée à une visite passionnante, sous la conduite de Jean-Louis Hillairet et de ses amis archéologues. Leurs découvertes et leurs travaux sont une contribution exceptionnelle à une meilleure connaissance du passé gallo-romain. Il est fort probable qu’au cours des décennies prochaines, des visiteurs nombreux feront comme le célèbre Chancelier Michel de l’Hospital au début de septembre  1565 : ils voudront savoir comment la ville gallo-romaine de Saintes était alimentée en eau. Sans doute évoquera-t-on Nîmes, les Pont du Gard et… Saintes !
Les membres de l’association se rendent sur le chantier de fouilles de l’aqueduc romain à La Grand Font au Douhet et à Fontcouverte. Les plus courageux, nullement découragés par la pluie, se hasardent même à l’intérieur de profonds couloirs admirablement maçonnés. Qui penserait que ces réalisations ont bientôt deux mille ans !


Aux premiers siècles de notre ère, l'aqueduc du Douhet alimentait Saintes en eau. Elle s'appelait alors Medialanum santonum, ville très importante du Sud Ouest.





Volume LXII : La copie des lettres (1743/1746)
de Jean Henry Brunet, négociant à Cognac


C’est la première fois depuis sa création en 1874, que la Société des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis publie un texte relatif à l’histoire économique régionale. Ce travail considérable a été réalisé par Alain Braastad.

Alain Braastad, descendant d’une lignée de négociants remontant aux origines de l’eau-de-vie de Cognac, a été lui-même négociant dans une vieille maison renommée de Jarnac. Passionné par le passé de Jarnac et par l’histoire du cognac, il est l’auteur de plusieurs publications sur ses sujets. Il est membre de l’Académie de Saintonge. C’est lui qui nous présente ce volume LXII.
Jean Henri Brunet est fils et petit-fils de négociants cognaçais. L’une de ses sœurs a épousé Jean Martell et une autre Philippe Augier. Il est négociant à Cognac depuis environ 1735. La Société des Archives possède, sous la forme d’un gros in-folio de 574 pages, son registre de copies de lettres commerciales d’octobre 1743 à octobre 1746, trois ans complets. C’est peu et énorme à la fois.

Ces dates sont l’intérêt de ce livre car nous ne possédions aucune archive de négociant sur le commerce des vins et eaux-de-vie de Cognac de cette période. De plus, les années couvertes par ce registre sont intéressantes, c’est l’époque de la guerre dite de succession d’Autriche. Ce n’est pas la guerre elle-même ou sa politique qui nous intéresse ici, mais son impact sur le commerce que Brunet nous décrit très bien. Ainsi, pour donner un exemple, nous découvrons qu’en ce milieu du XVIIIe, mais bien sûrement avant aussi, le commerce de Cognac est exclusivement fluvial et maritime. La Charente et la mer, les rouliers ou voituriers de terre refusent catégoriquement de traverser la Charente par bac à Bourg sur Charente pour aller charger à Cognac. Le commerce intérieur est fait par les gens d’Aigre, “les Aigriers“, ceux de Jarnac, d’Angoulême ou de Saint-Jean-d’Angély et encore seulement lorsque le vin ou l’eau-de-vie de l’Orléanais est trop cher ou bien n’est pas disponible par suite des gelées ou des rivières à sec. Brunet a beau vanter les qualités des eaux-de-vie de Cognac, seul le prix compte pour le client car le coût du fret est très important…

Le livre est une mine de renseignements et une merveilleuse introduction à la connaissance des hommes et du commerce des vins et des eaux-de-vie de la Saintonge au milieu du XVIIIe  siècle.

Cet ouvrage de 676 pages, indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du cognac, à partir de textes authentiques, peuvent le commander au prix de 30 € +  une participation aux frais d’envoi de 3 €, à : Société des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis - 8, rue Mauny - 17100 Saintes.

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