vendredi 2 avril 2010

Point de vue :
Comment faire un mille-feuille
sans matières grasses ?


Le cas de la Saintonge Romane va-t-il faire "jurisprudence" ? En effet, privé de 40% des subventions du Conseil général, qui lui-même doit faire face aux dépenses de la tempête Xynthia, ce pays a été le premier à tirer la sonnette d’alarme. Moins d‘argent, moins de missions honorées. Pour boucler son budget 2010, la collectivité saintaise a supprimé le superflu pour ne cibler que les priorités. Malgré cet effort, l’apport d’une contribution complémentaire sera nécessaire. Les communautés de communes devront donc mettre la main au porte-monnaie (lire en page Saintes).

La Saintonge Romane en réunion vendredi dernier

Par-delà cet exemple qui ne sera pas unique puisque tous les pays sont logés à la même enseigne (à l’exception de ceux qui reposent sur une CDC dirigée par le même président), se pose l’avenir des collectivités territoriales. Jusqu’à une époque récente, elles pouvaient prélever et augmenter l’impôt sans états d‘âme.

Si la Région est restée stable (Ségolène Royal l’a rappelé durant la campagne des Régionales), certaines communes, CDC, CDA et Département (sans compter le lourd chapitre des ordures ménagères) font danser l’anse du panier. Plusieurs collectivités sont devenues si importantes qu’elles rivalisent avec les grosses PME par leur nombre de salariés.

Financé par les dotations de l’Etat et l’argent public, le fameux mille-feuille repose sur la bonne santé des territoires. Or, comme chacun sait, la population subit la crise de plein fouet et les classes moyennes s’appauvrissent. A la rentrée, les impositions locales (taxes foncières et d’habitation), dont le produit est affecté au fonctionnement de ces collectivités, devraient augmenter dans de fortes proportions. Dans quelle mesure les contribuables pourront-ils supporter et assumer cette fiscalité qui croît d’année en année ? Mouvements sociaux et manifestations sont malheureusement à craindre. Avec, en toile de fond, le bouclier fiscal qui sait ?

Sans s’en rendre compte, les élus créeraient-ils des fronts de rébellion qui pourraient se retourner contre eux quand les ménages seront à bout ? Au passage, rappelons que les augmentations de salaires sont dérisoires. Le Gouvernement, qui a subi la grogne des Français aux dernières Régionales, a parfaitement compris l’enjeu. Il ne retirera pas le projet de réforme des collectivités territoriales visant à alléger les charges et à dégraisser le mammouth…

Or, le mammouth se défend et la France est connue pour son amour du statisme : comme les moules, elle reste accrochée à son rocher. Pourtant, elle voudrait rester jeune et belle, ressemblant en cela à une personne voulant perdre vingt kilos : elle annonce un régime basses calories et ne parvient pas à le suivre, se trouvant toutes les excuses possibles ! D’ailleurs, le sujet rallie toutes les sensibilités. Comme la Gauche, une partie de la Droite voit d’un mauvais œil la réduction (de moitié) du nombre de conseillers régionaux et généraux. Quant au conseiller territorial qui siégerait à la Région et au Département, il donne des boutons par anticipation…

Dans ces conditions, comment construire une société moderne si l’on s’accroche aux sempiternels privilèges ? Pour une meilleure efficacité, les hommes politiques ne devraient-ils pas se cantonner à un seul mandat, selon le vieil adage « on ne court pas après plusieurs lièvres à la fois » ?

La question est posée et le cumul exaspère les citoyens. Le début du XXIe siècle est un tournant. Un vrai. Le réussirons-nous ?…

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