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vendredi 2 avril 2010


La Saintonge Romane
sauvée de justesse


Xavier de roux : « Réduire les subventions du Conseil Général, c’est politiquement redonner à la Région la main mise sur les pays »…

Avaient-ils consulté la pythie des arènes de Saintes ? En tout cas, les « pronostiqueurs » étaient pessimistes quant à l’avenir de la Saintonge Romane et le faisaient savoir dans leurs cercles. Comment cette collectivité, dirigée par un président de centre droit, allait-elle boucler son budget 2010 sans l’appui de la ville de Saintes, dont le maire est socialiste ?
On annonçait déjà sa mort et les chargés de mission ne cachaient pas leur émotion. Vendredi dernier, après un long débat qui a eu le mérite de la clarté, l’avenir du pays de Saintonge Romane s’est éclairci grâce « à une dotation supplémentaire » des communautés de communes et de Chaniers qui apporteront leur contribution. La cotisation sera majorée de 1,86 euros par habitant. Si des économies importantes ont été réalisées, les actions du Contrat Etat/Région, qui courent jusqu’en 2013, se poursuivront normalement.


Le bureau de la Saintonge Romane

Xavier de Roux, président de cette collectivité, répond à nos questions :

• La Saintonge Romane a réussi à boucler son budget 2010 en faisant des tailles importantes (150.000 euros) et en sollicitant une dotation complémentaire de la part de ses partenaires. Comment le Pays s’est-il retrouvé dans cette situation ?

La réalité est simple. Le Conseil Général a diminué ses contributions aux différents pays et, pour la Saintonge Romane, la diminution est de l’ordre de 40%, soit environ 2,5 euros par habitant. Il fallait bien trouver une façon de compenser ce manque de financement. La solution était compliquée par le fait que la Communauté de Communes du Pays Santon et le maire de Saintes ne souhaitaient pas augmenter leur contribution. Il est vrai qu’on leur reproche déjà une augmentation de la pression fiscale foncière et qu’est recherchée une solution d’équilibre.
La transaction a donc été de faire voter une dotation complémentaire rapportant une somme de 161.192 euros, soit une hausse de 1,86 euros par habitant qui ne compense pas totalement les pertes de revenus.
Toutes les communes vont payer cette dotation supplémentaire, y compris la commune de Chaniers. Nous avons fait des coupes sombres dans les dépenses et les programmes de la Saintonge Romane puisque nous avons diminué nos dépenses de plus de 150.000 euros. Autrement dit, en faisant des économies et en bénéficiant de cette contribution, le pays retrouve un équilibre financier. Cette affaire, qui s‘est résolue à la quasi-unanimité du vote du Comité, a donné lieu à une sorte de psychodrame ces jours derniers. Les bruits allaient dans tous les sens ; la Saintonge Romane allait déposer son bilan, licencier son personnel, transmettre ses compétences à la CDC de Saintes et finalement disparaître dans la réforme des collectivités territoriales. Evidemment, le personnel de la Saintonge Romane a été bouleversé par ces annonces.
Par la suite, il est apparu, au fil du temps, des discussions et des débats, que les politiques menées sur le territoire de la Saintonge Romane étaient suffisamment efficaces pour qu’on ne veuille pas les supprimer. C’est ainsi que le budget a été bouclé. Certes, d’aucuns ont mis dans cette affaire une bonne dose de politique. Il a même été écrit, dans la presse régionale, que le compromis trouvé avait les saveurs de la cuisine radicale concoctée par une famille chère au maire de Chaniers. En Saintonge, en effet, on aime toujours la cuisine traditionnelle que certains nomment avec mépris "cuisine radicale", mais après tout, depuis Rabelais, la cuisine humaniste doit se faire à table. Ce n’est pas un défaut, ce serait plutôt une qualité…

Personnel et délégués réunis à l'annexe du Conseil Général de Saintes

• Les mauvaises langues disent qu’en associant Jean Rouger aux difficultés rencontrées par la Saintonge Romane, vous l’avez placé dans une position impossible puisqu’il souhaite constituer une CDA et a donc besoin de Chaniers…

C’est encore des affirmations de journaliste ! L’avenir du territoire ne se traite pas dans les salles de rédaction, mais bien dans les discussions entre élus. Jean Rouger est un homme estimable qui a la tête sur les épaules. Je pense que l’on doit pouvoir trouver des solutions pour la Saintonge Romane avec la ville de Saintes, ville centre, sans imaginer on ne sait quelle magouille politique. Des élus venant de formations politiques différentes peuvent encore heureusement avoir un dialogue républicain ! En tout cas, c’est ce que je m’efforce de faire sur le territoire de la Saintonge Romane. Je n’ai jamais beaucoup goûté aux guerres de religion.

• Même en réduisant sa participation à la Saintonge Romane, le Conseil général reste-t-il un partenaire important ?

Bien entendu, les politiques menées par le pays de Saintonge Romane ont été largement permises grâce à l’augmentation de la dotation du Conseil Général. Il y a quelques années, le Département souhaitait contrebattre la Région qui, avec intelligence, faisait signer des contrats de ruralité avec les pays pour mener à bien sa politique. Le Conseil général, en apportant une dotation très importante aux pays, leur a redonné une liberté financière vis-à-vis de la Région. C’est ainsi que se sont développées ou qu’on put se développer des actions nouvelles. Supprimer ces subventions, c’est politiquement redonner à la Région la main mise sur les pays. C’est le choix du Conseil Général actuel. Je pense que l’opposition de gauche au Conseil Général devrait s’en réjouir plutôt que de le critiquer.


• D’une manière générale, les collectivités territoriales, en employant un grand nombre de fonctionnaires et en rémunérant président et vice-présidents, ne vont-elles pas à contre courant de la véritable économie, celle qui produit de la richesse ?


Nous entrons là dans un vaste sujet qui est celui de la réorganisation territoriale française à partir d’une décentralisation équilibrée. Jusqu’à aujourd’hui, personne n’a trouvé la solution, se contenant d’empiler les structures sur les structures. Je ne suis pas un conservateur. Je pense qu’il faut simplifier les strates administratives, rapprocher les communes et fusionner départements et régions. Bref, n’avoir plus que deux niveaux de gestion locale. Il s’agit d’un vaste débat dont le Parti Radical s’est fait l’écho récemment lors d’un débat à Saintes qui semble avoir été assez productif.

A Saintes, la mairie privilégie les pistes cyclables. Les citoyens donnent l'exemple !

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