dimanche 21 mars 2010

Régionales Poitou-Charentes : Les Verts font alliance avec Ségolène Royal
Dominique Bussereau veut relever le défi


Le premier tour des élections régionales a redonné le moral à gauche, la liste de Ségolène Royal devançant, comme l‘avaient annoncé les sondages, celle de Dominique Bussereau, chef de file de l’UMP. Mais que représente un scrutin quand la moitié des électeurs inscrits n’a pas pris la peine d’aller voter ? Sur ce chapitre, c’est un échec pour la démocratie…

Que feraient les Français si subitement, le droit de vote leur était retiré ? Hystériques, ils défileraient aussitôt dans la rue, outrés qu’une telle perspective vienne entacher la terre des droits de l’homme. Dimanche dernier, à l’occasion des Régionales, de nombreux électeurs ont fait comme si… en boudant les isoloirs. Plus de la moitié dans le pays, 49,89% en Poitou-Charentes.
Des contrariés, des mécontents, des « j’ai en marre, je n’y comprends plus rien » ou bien encore des jeunes qui ne savent même pas ce qu’est la Région. « Mais à quoi sert-elle ? » lançait l’autre jour une jeune fille qui, manifestement, confondait les nombreuses strates que compte le pays. Les adultes ne sont guère plus réjouissants « si l’on prenait en compte les bulletins blancs, on s’apercevrait que la France traverse une crise grave. Les leaders politiques sont ambitieux, ils ne pensent qu’au pouvoir et aux indemnités substantielles qui vont avec. Autrefois, ils avaient un vrai métier. Aujourd’hui, ils s’accrochent à leurs mandats qui les font vivre. A la proclamation des résultats, aucun d’eux n’a remercié ses électeurs. Ils se sont empressés de spéculer sur l’avenir et de s’écharper sur les plateaux de télé. Ces gens-là ne sont que des égoïstes. A quand un homme ou une femme politique de grande dimension ? Les électeurs iront alors voter en grand nombre ». La remarque est dure car de nombreux élus œuvrent pour leurs territoires et y font des aménagements. En fait, cette remarque est significative d’une période de crise : quand la situation est bonne, les gens prônent la tolérance ; quand ils vont mal, ils s’attaquent aux faiblesses de leurs dirigeants…

Le fossé se creuse

Dire que la communication sur les Régionales a été mal faite serait injuste. Les Français ont plutôt la tête ailleurs, dans leurs problèmes, la crise, les charges sur les entreprises, le chômage, la tempête, la vraie fausse grippe H1N1, les faible salaires, les promesses non tenues. L’écart entre les classes se creuse et les franges les plus modestes sont frappées de plein fouet. Elles rament pour boucler leurs fins de mois et le « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy a fait un flop. Tout comme Martine Aubry qui voulait créer des emplois en partageant le travail. Les 35 h ont certes apporté des RTT, mais elles n’ont pas amélioré l’ordinaire des ménages. Que faire de congés supplémentaires quand on n’a pas les moyens d’une escapade ?
Si vous ajoutez au malaise actuel la volonté de certaines entreprises de se délocaliser à l’étranger pour raisons économiques, vous comprenez pourquoi les citoyens sont désorientés.

Dimanche a été donc été un vote sanction, autant par l’abstentionnisme que par les scores enregistrés par les candidats. Car si l’on tient compte de la réalité, il convient de diviser par deux les pourcentages obtenus puisque la moitié des inscrits n’a pas voté. Et si les Régionales étaient une association, le quorum n’étant pas atteint en certains endroits, cette consultation serait tout simplement invalidée. L’échec est cuisant pour la démocratie, d‘où cet appel : « déplacez-vous pour le second tour ! Pour nous, les femmes, le droit de vote n’a été acquis qu’après la Seconde Guerre Mondiale. Pensez-y car la route vers les urnes a été jonchée d’embûches ! ».



36,57% pour la liste de Ségolène Royal, 33,20% pour celle de Dominique Bussereau en Charente-Maritime

Qu’indiquent les résultats du premier tour ? Confirmée, la percée des Verts permettra à la Gauche de conserver une majorité de régions grâce aux alliances. A cette nuance près, comme l’a rappelé Daniel Cohn Bendit. Désormais, elles seront dirigées par la ligue socialo écologiste. Autrement dit, la Gauche n’aura plus les coudées franches et composera avec les élus de l’environnement. Les deux courants auront-ils les mêmes points de vue sur certains dossiers, la LGV, le nucléaire par exemple ? L’avenir le dira.

En Charente Maritime, Ségolène Royal, qui a déjà pratiqué l’ouverture en prenant deux Verts sur sa liste, va donc l’allonger. Elle espère également que les voix des « fronts de gauche » la rejoindront.
Dominique Bussereau, quant à lui, n’a pas su mobiliser son électorat et durant la semaine, il s’est activé à le rassembler. Prendre des jeunes, c’est-à-dire des inconnus, était-ce la bonne idée ? Il faut bien une relève, pourtant ! Le bel élan des dernières Cantonales est-il terni ? Il est encore trop pour le dire et puis, dans un avenir proche, nous devrions avoir des conseillers territoriaux qui siégeront à la fois à la Région et au Département. La donne s’en trouvera changée avec l’amincissement du mille-feuille qui s’est transformé en mille pattes au fil des années par le nombre important de fonctionnaires et d’élus siégeant dans les collectivités. La réforme des collectivités territoriales dégraissera le mammouth. La démarche est douloureuse et délicate, mais elle entraînera des économies.

Les résultats du premier tour

En Haute Saintonge, les cantons de Saint-Genis (grâce aux communes rurales), Cozes, Archiac, Gémozac , Jonzac (sur la ville même, un faible pourcentage sépare Dominique Bussereau 38,22% de Ségolène Royal 37,90%) offrent une avance à la liste UMP. Saintes est traditionnellement favorable à la Gauche tandis que Royan donne l’avantage à Dominique Bussereau. Si le Front National se refait une santé (87 voix à Montendre !), le MoDem a bien du mal à trouver une place centriste. Il frôle les 4% tandis que les partis d’extrême gauche dépassent les 6%.



Le second tour réservera-t-il des surprises en attirant un nombre conséquent d’électeurs ? Les Verts et les Socialistes sont bien placés pour l’emporter. Toutefois, les électeurs « verts » sont-ils tous favorables au ralliement avec le PS ? Il reste également une inconnue : vers qui se tourneront les voix du FN et du MoDem ?
Dominique Bussereau, quant à lui, se veut optimiste : « nous avons fait un score supérieur à la moyenne des autres régions » Un score qu’il souhaite améliorer, ne serait-ce que pour montrer qu’il est encore le patron de ce département de Charente-Maritime. Ses alliés habituels entendront-ils son appel ?



Photos : Le dépouillement à Jonzac en présence de Claude Belot, sénateur maire et du député Jean Claude Beaulieu

• Ne pas traiter le droit de vote à la légère…

Quand il se déroule dans des conditions démocratiques, le droit de vote est un luxe qu’ignorent de nombreux pays de par le monde. En France, les citoyens le traitent bien mal, s’imaginant sans doute que les choses sont acquises définitivement. Ils ont tort en ce sens où ne pas voter est une offense envers tous ceux qui se sont battus pour l’obtenir. Dans le sang parfois…

Et pendant ce temps-là, la voiture d'un conseiller a été totalement rayée devant la mairie...

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