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mardi 15 décembre 2009

Heuliez Véhicules Electriques :
L'enjeu des Régionales ?


Depuis qu’Heuliez, société installée à Cerizay dans les Deux-Sèvres, a été reprise par le groupe Bernard Krief Consulting, le véhicule écologique est dans l‘air du temps. Mieux, trois moyens de transport fonctionnant avec des batteries, le tricyle “Pélican“, en vente depuis six mois, le pick-up “Simply City“, livrable en janvier  2010 et la citadine “Friendly“, opérationnelle l’été suivant, sont ou seront commercialisés dans un avenir proche.
Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes, actuellement en campagne électorale, a décidé d’injecter 5 millions d’euros dans le capital social d’Heuliez…




Même avec une écharpe tricolore, Ségolène Royal voit la vie en vert. En effet, elle a senti l’importance qu’occuperaient l’écologie et la protection de l’environnement dans les prochaines élections. Tandis qu’à Copenhague, les grandes puissances planchent sur la façon dont elles réduiront leurs émissions de CO2, la petite sirène du Poitou-Charentes a quitté son rocher et occupe le terrain. « Pas folle, la mouche » ironisent ses détracteurs qui observent, mi-figue, mi-raisin, sa détermination à être différente.
Que la Région, collectivité territoriale, prenne 5 % du capital d’Heuliez ne relève pas d’une rigoureuse observation de la loi (théoriquement, un organisme public ne peut pas s’impliquer dans un capital privé), mais le geste est tellement médiatique que nul ne penserait à critiquer cet engagement. Il implique malgré eux les contribuables, heureux d’apprendre qu’ils sont associés aux moyens de transport du futur. On appelle ça donner un coup de pouce à l’économie locale !

Voici donc Ségolène Royal brandissant l’étendard du véhicule nouvelle génération, à la satisfaction du groupe Bernard Krief Consulting, repreneur d’Heuliez en juillet dernier. Ce sauveur des entreprises défaillantes, qui rappelle un peu Bernard Tapie à ses heures de gloire, cherche à reconstituer les fonds propres d’Heuliez en faisant appel à des investisseurs. Le plan élaboré comprend le maintien de 607 emplois avec la perspective de 100 à 200 embauches (plus de 400 licenciements ont eu lieu dans le cadre du redressement judiciaire).

La Région se lance dans l’aventure

Si le personnel apprécie qu’Heuliez ait la tête hors de l’eau, nombreux s’interrogent quant à leur avenir : l’argent promis viendra-t-il et les financiers tiendront-ils leurs promesses ? En effet, il y va de la survie de cette société que dirige Emilio Galluccio. « Il est important de fabriquer de bons produits, innovants et futuristes. Encore faut-il que nous en ayons les moyens » déclare un salarié.

Intéressé, le Fonds Stratégique d’Investissement (c’est à dire l’État) a fait savoir qu’il débloquerait 10 millions d’euros. Prudent, il a demandé qu’un audit soit réalisé sur l’entreprise afin d’en connaître l’état de santé. Cette demande est compréhensible puisqu’il s’agit d’argent public. « L’audit ne porte pas que sur l’aspect financier de l’affaire, mais aussi sur les perspectives industrielles et commerciales d’Heuliez. Ces points sont essentiels pour le FSI » explique un responsable.
Le FSI a ajouté une autre condition : que de la compagnie de fret des Émirats Arabes, Midex Airlines, entre effectivement dans le capital d’Heuliez, comme elle l’a annoncé. Selon les informations qui ont circulé, elle apporterait 16 millions d’euros.
Mercredi dernier, lors d’une assemblée générale où participait Ségolène Royal, Louis Petiet, PDG de Bernard Kreif Consulting, a déclaré que cet argent serait débloqué le 17 décembre. Cette somme est nécessaire pour poursuivre les activités et honorer les créances. Les rumeurs les plus contrastées circulent au sujet de Midex Airlines. En effet, la société est contrôlée par des fonds de Dubaï dont on connaît les difficultés actuelles.

Problèmes ?

La situation d’Heuliez n’est pas comprise de la même façon par l’administrateur judiciaire nommé par le tribunal de Niort qui craint une nouvelle défaillance si des capitaux “frais“ ne sont pas versés rapidement.
Louis Petiet, au contraire, estime que, hors le paiement des dettes, le compte d’exploitation de l’entreprise est équilibré, tout en bénéficiant d’un crédit bancaire d’affacturage de l’ordre de 45 millions d’euros. « Midex Airlines est un partenaire actif et il tiendra ses engagements. Il l’a montré récemment lors du Dubaï Air Show où étaient présentés deux modèles d’Heuliez, le Pelican et la Simply City. Plus de 14 000 réservations ont été enregistrées » souligne-t-il. Et d’ajouter : « Le budget prévisionnel d’Heuliez est de 111 millions d’euros. Nous avons prévu la libération du capital de la holding de tête Heuliez Concord à hauteur de 20 millions, la capitalisation d’une autre filiale 31 millions, et la participation au plan social 2 millions ».
En tout état de cause, Louis Petiet assure que son groupe sera en mesure d’apporter en capitaux nouveaux une somme suffisamment importante pour déclencher le paiement des 5 millions de la Région et des dix millions du FSI (si ce dernier est convaincu de la réalité du projet industriel).


Si tout va bien, Heuliez pourrait se frayer un chemin dans le domaine des nouvelles technologies. Toutefois, le système utilisé par le repreneur est archi connu. Il consiste à acheter une entreprise en redressement judiciaire pour une bouchée de pain et à la revendre très cher à des investisseurs. Encore faut-il que ces derniers aillent jusqu’au bout de la démarche. Ce genre d’opération, c’est comme le mécano : qu’il vienne à manquer une pièce et tout l’édifice s’écroule.

On peut simplement trouver curieux qu’une collectivité publique comme la Région Poitou-Charentes se prête à ce jeu financier un peu risqué.Ceci dit, en période électorale et pour sauver l’emploi  ?...


• L'info en plus :


La gamme Heuliez comprend la Simply City pick-up, dévoilée au salon aéronautique de Dubaï et au récent Congrès des maires. Livrable en janvier, on peut la découvrir sur internet. Vendue 11 000 € HT dans sa version de base, elle bénéficie de deux aides, 3 000 € de l’ADEME et 3 000 € accordés par la région Poitou-Charentes. Au final, le véhicule est vendu 5 000 € HT, avantages déduits.
Autres véhicules électriques d’Heuliez : le Pélican, tricycle dont cent exemplaires ont déjà été vendus. Prix 7 500 euros HT. Des aides peuvent être obtenus : 2 000 euros de l’ADEME, 2 000 euros de la Région et 1 000 euros du Conseil Général si vous habitez la Charente Maritime. Coût final 1 500 euros.
La citadine Friendly sera proposée à partir début 2010 au prix de 15 600 HT pour la version de base, trois places, avec autonomie de 100 km. Elle sera présentée au salon de Genève en février. Une version familiale de la Friendly, avec quatrième siège adaptable et toit photovoltaïque, devrait sortir fin 2010. Prochainement, les villes installeront des bornes afin de recharger les batteries électriques…


Photos 1 et 2 : La Friendly

Photo 3 : La Simply City pick-up.

Photos 4 et 5 : Le tricycle Pélican est déjà commercialisé.
« Heuliez est une magnifique entreprise avec un savoir faire considérable. Elle a déposé 750 brevets. C’est un bel outil de dimension internationale à mettre en œuvre » souligne Louis Petiet, PDG de Bernard Krief Consulting.

1 commentaire:

  1. excellent article,bien documenté,mais si tu veux plus d'infos,un vieux copain,pas encore disparu du circuit malgré son grand age,a joué son habituel rôle d'éminence grise dans un dossier qu'il connait bien pour en être sorti avant un gros scandale.
    Jacques Hible

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