Pages

lundi 24 août 2009

Balade sur la côte charentaise :
L’estuaire de la Gironde a une sentinelle : Cordouan


La Charente-Maritime est un département attrayant. La variété de ses paysages et son patrimoine en font une région que les touristes, épris d’authenticité, visitent régulièrement. Parmi les lieux les plus beaux, une étape au phare de Cordouan s’impose...



Quand on habite Paris, les bateaux-mouches sont plus familiers que les filadières et la célébrissime Tour Eiffel ignore tout des villages nichés à l’ombre des falaises crayeuses. Talmont, Meschers, Mortagne, Saint Seurin d’Uzet...

Au fil des années, grâce à l’émission Fort Boyard que la télévision a largement médiatisée, la Charente Maritime est devenue l’un des départements les plus fréquentés de France. Parmi les hauts lieux à découvrir, l’estuaire de la Gironde, le plus grand d’Europe, est un royaume à part, un espace où l’on pêche le maigre, le poisson qui grogne, la civelle, baptisée l’or gris, l’alose et la lamproie, une drôle de bestiole qui fait des envieux quand elle est cuisinée à la bordelaise.
Jadis, on y trouvait l’esturgeon et son fameux caviar. Surexploitée, la ressource a fini par se tarir et la convention de Berne, qui ne badine pas avec l’extinction des espèces, a mis un terme à cette activité.

Long cordon d’argent bordant l’horizon, l’estuaire annonce l’ailleurs. Pour l’apercevoir chaque matin, certains “amoureux” ont acheté des maisons dans le secteur, heureux d’avoir un pied sur la terre et l’autre dans cette “petite mer“, symbole d’évasion et de liberté.

Magique Cordouan

Le charme du phare de Cordouan réside en sa situation. Sentinelle de l’estuaire, on y aborde à des heures précises, en fonction des marées. Quand l’eau se retire, elle dévoile des bancs de sable, dont l’un s’étire en longueur. Chassant les mouettes pour un court moment, les touristes peuvent y jouer les Robinson Crusoé. Partant à l’abordage de l’îlot, ils s’y baignent dans une eau claire, oubliant qu’à quelques encablures, se trouvent Royan, les grottes de Régulus et la ville de Soulac.


Assuré, le dépaysement est d’autant plus précieux qu’il est à temps compté. Bientôt, les vagues recouvrent cette terre avec la promesse de la dévoiler une nouvelle fois, selon une chronologie immuable. De l’éphémère, naît une étonnante sensation !

Du port de Royan, des sociétés (dont la Sirène) assurent la navette jusqu’à Cordouan en donnant des consignes utiles : se munir de chaussures commodes et de vêtements peu fragiles.
Pour les non initiés, l’arrivée vaut son pesant de rigolade. Pantalons retroussés, jupes relevées, les passagers sont invités à quitter le bateau en pataugeant dans l’eau. Les uns ne sont guère rassurés, les autres s’amusent, savourant cette excursion rafraîchissante au milieu des patelles et bigorneaux.


En atteignant l’allée dallée, ils sont encore hésitants : les pieds dans l’élément liquide, ils s’immortalisent pour le meilleur et pour la frise, celle qui ornera leur bureau quand les vacances seront terminées. Avec une légende, du style le jour où j’ai marché sur les eaux de Cordouan !
Une fois l’aspect folklorique terminé, deux possibilités s’offrent en ce lieu enchanteur : profiter de la plage et visiter le phare. L’édifice a inspiré de nombreux artistes dont Richard Texier et notre ami Brochard.

Contre vents et marées

Cette élégante construction possède une histoire intéressante contée dans le livre de Jacques Péret paru chez Geste Editions. Longtemps, les bateaux se brisèrent dans cet estuaire où «la mer était quelquefois affreuse». Selon la légende, l’îlot rocheux, appelé Antros, aurait été beaucoup plus étendu. Un chemin d’une demi-lieu, accessible à marée basse, l’aurait rattaché à la Côte du Médoc. Les Maures y auraient installé une tour (d’où Cordouan venant de Cordoue ?).

Au XIVe siècle, le Prince Noir y ordonna l’édification d’une autre tour dotée de grands feux afin d’éclairer et guider les navires. Deux siècles plus tard, elle était en ruine.
Le Maréchal de Matignon, gouverneur de Guyenne, passa alors commande du phare de Cordouan à un architecte de talent, Louis de Foix. Il consacra une grande partie de sa vie et sa fortune à cette “œuvre royale”. À sa mort, en 1602, le chantier n’était pas achevé.

Son fils reprit le flambeau, puis il le céda à François Beuscher qui acheva le travail en 1611, vingt-sept ans après la signature du contrat. En 1724, la partie supérieure de la tour fut reconstruite par le Chevalier de Bitry, ingénieur en chef des fortifications de Bordeaux. Par la suite, Joseph Teulère, après avoir rehaussé le phare à 60 mètres au-dessus des plus hautes mers, mit au point le premier feu tournant à réverbères paraboliques.


Depuis, modernisme aidant, d’autres améliorations ont été apportées et le phare brave les tempêtes avec le même courage. Selon les spécialistes, Cordouan fait partie des pièces majeures du patrimoine maritime mondial. Comme tous les trésors, il est fragile et son statut de “monument historique” le protège, pour l’instant, des intentions mercantiles de certains promoteurs. Ses gardiens veillent au grain, mais jusqu’à quand habiteront-ils ce chef-d’œuvre d’architecture ouvert au public quelques semaines par an ?...



• L'info en plus
Lors de sa mise en service, au XVIe siècle, le phare était constitué d'un petit dôme à huit baies fermées de vitraux. Dans un bassin, on brûlait un mélange de bois, de poix et de goudron. La fumée était évacuée par une pyramide creuse de 6,50 m de hauteur. Le feu était situé à 37 m au-dessus des plus hautes mers.
En 1948, l’électrification du phare de Cordouan fut réalisée au moyen de deux groupes électrogènes autonomes. En 1984, une lampe de 450 W au xénon a été installée, remplacée trois ans plus tard par une lampe de 2000W aux halogènes.
Entre 2005, une gaine de béton de 70 mètres de long et de 8 mètres de hauteur a été construite sur le flanc ouest du bouclier afin de protéger le phare des assauts de la houle d'ouest qui entraînait des vibrations. Coût des travaux : quelque 4,5 millions d'euros.

Photos 1 et 2 : Un phare sentinelle

Photo 3 : Du sommet, l'arrivée des touristes

Photos 4 et 5 : Rencontre dans la mer !

Photo 6 : L'un des bancs de sable de Cordouan

Photos 7 et 8 : L'intérieur du phare, dont l'église où des offices sont encore célébrés de nos jours.

Photo 9 : Une eau si claire que le soleil inonde...

Photo 10 : Des excursions vers Cordouan sont organisées à partir de Royan

2 commentaires:

  1. "La Charente-Maritime est un département attrayant..." sauf que le phare de Cordouan se situe en Gironde ! ;-)

    RépondreSupprimer
  2. Il est vrai que c'est un très bel endroit...bon après midi...

    RépondreSupprimer