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lundi 27 juillet 2009

Mortagne rend hommage à l'écrivain Jean-Marc Soyez


« Estuaire et Écrivains d’chez nous » est une manifestation programmée sur cinq jours. Son but, promouvoir la rive droite de l’estuaire de la Gironde, à travers une programmation culturelle riche et diversifiée.

Mercredi 22  juillet, l’Office de Tourisme a rendu hommage à Jean-Marc Soyez, ouvrant le ban par la diffusion de son film “ Le Créa“. Cet écrivain, installé à Boutenac, nous a laissé de nombreux romans qui donnent vie à des personnages vrais : gens du cru, pêcheurs aux mains calleuses, femmes dures à la tâche. Ses témoignages sont de véritables viviers, même pour ceux qui croient connaître cette région qu’il aimait tant.

“Le Créa“ (1975) en est l’exemple type. L’histoire raconte l’amitié d’une bande de copains quadragénaires, qui vit chichement grâce aux maigres revenus de la pêche. Malgré un travail harassant, leur existence est paisible. On va à la tonne, on se retrouve inexorablement au café du port avant de renter chez soi. Jusqu’au jour où l’un d’eux ramène un créa (esturgeon) et fait fortune (il empoche 60 000 francs). Son argent, il le dépense dans le modernisme des années 70 pour son foyer et va jusqu’à acheter la mobylette que son aîné lui réclamait depuis si longtemps. Jalousie et méfiance s’installent. Notre héros est sollicité de toutes parts. Ses amis s’éloignent. Le ras-le-bol se fait sentir chez ce marin simple, mais dépassé par ce changement radical. Enfin ses rêves s’effondrent : l’électroménager ultramoderne ne tient pas ses promesses et son monde bascule lorsque son fils perd une jambe, lors d’un accident avec la fameuse mobylette. À partir de ce jour, il refuse de pêcher le premier créa qui tombe dans ses filets.

Cette projection fut suivie par une centaine de spectateurs, majoritairement du pays. Didier Catineau, animateur de la soirée, trouva dans la salle des personnes qui avaient joué des rôles de figurants. Fait du hasard, M. Berthelot, petit fils de marin, raconta comment son grand père, dont il est brièvement question dans le film, avait capturé un créa en 1937. Il expliqua que ce fameux créa n’avait rapporté que 700 francs de l’époque, soit le salaire d’un instituteur. Briseur de rêves ? Non, il s’agissait simplement de saluer le courage de ces pêcheurs qui trimaient pour un salaire incertain.

Ce soir-là, il fut bien entendu question de l’auteur, mais aussi de l’homme. Michel Lis, ami proche, résuma Jean-Marc Soyez en disant simplement : « Il avait le goût des autres, il était l’authenticité faite homme ».
Jean Marc Soyez était connu pour son franc-parler, ne s’embarrassant guère des apparences et des hypocrisies, mais il savait cultiver l‘amitié et quand il l’avait donnée, c’était pour la vie !
Quand on évoque ses souches creusoises, Claire, son épouse, déclare : « La Creuse était sa patrie, la Charente Maritime, son pays ». Une belle définition pour l’homme du terroir qu’il était, et une fort jolie conclusion à cette soirée dédiée à « l’homme qui avait trouvé la vérité au bord de l’estuaire, là où la Gironde est si forte qu’on ne peut pas lui mentir ».

Un homme éclectique

Durant la soirée, Didier Catineau a rappelé le parcours de ce « touche à tout ». Il a été tour à tour, journaliste, reporter, il a publié de nombreux livres, des ouvrages pour la jeunesse, des guides sur la forêt, la chasse ou la pêche, sans oublier ses romans. Il avait même participé à l’éclosion de la télé camerounaise. Une sacrée aventure dans un pays « où le président téléphonait en direct au présentateur lors des journaux télévisés ».

Photo 1 : Michel Suire, cheville ouvrière de cette manifestation, Didier Catineau, Claire Soyez et le journaliste écrivain Michel Lis.

Photo 2 : le public

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