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jeudi 16 juillet 2009
Abbaye de Trizay :
Enard et Marsaudon
ou le labyrinthe des âmes
Voilà un duo d’artistes ou des artistes en duo, faits pour se retrouver. Quand ont-ils compris qu’ils auraient plaisir à exposer ensemble ? Mystère. Allègrement, ils ont franchi le pas, dévoilant les secrets de leurs pensées aux amateurs éclairés. Le lieu qu’ils ont choisi est l’abbaye de Trizay. A voir jusqu’au 9 août, le jour de Saint Amour…
Pour révéler l’exaltation surréaliste, il faut des ruines. Grandioses, majestueuses, émouvantes murailles dressées sous le soleil de juillet. Des ruines abandonnées qui racontent, presque sans le vouloir, des histoires d’autrefois. Des ruines en décor de théâtre qui célèbrent l'ancien prieuré.
Trizay. Il en fallut du courage pour tirer cet ensemble de sa léthargie. Devenue exploitation agricole après la Révolution, l’importante bâtisse avait perdu sa vocation première. Son cloître et sa salle capitulaire semblaient s’être endormis, livrés aux usages domestiques. Dieu était parti, cédant la place aux tracteurs qui avaient l'insigne honneur de côtoyer des chapiteaux romans.
Tiré de l’oubli par le Conseil Général et le sénateur maire de Trizay, Michel Doublet, l’ensemble abrite aujourd’hui un centre d'art contemporain où sont organisées de nombreuses expositions.
La dernière en date est à saluer car elle réunit deux artistes ou plutôt deux caractères bien trempés.
Colette Enard est intimement liée à la tapisserie et aux formidables rendez-vous qu’elle organisait, voici quelques décades, à Saint Dizant du Gua. Près du château de Beaulon et des fontaines bleues, si profondes, dit-on, que le regard s'y perd dans une inaccessible éternité. Et gare à Bras rouge qui peut surgir et vous emporter dans les abysses !
Cette femme passionnante et talentueuse est maître artisan cartonnier. Son activité principale a failli lui faire oublier les gouaches et huiles qu’elle avait stockées dans une grange. « A la fin de mon âge, l’idée me vint qu’elles ne méritaient pas ce sort puisque la critique les saluait dans les années 60 » avoue-t-elle. Elle a donc choisi de les présenter à Trizay, même si « le nouveau siècle n’est pas le sien ». Colette possède une force qu’elle a communiquée à ses œuvres où elle exprime ses plus intimes sensations.
A ses côtés, Marsaudon le Mortagnais a quelque chose d’Arcimboldo. Croquis aux lignes fines, héros dejantés, inimaginables excentriques qui se déhanchent sous les yeux de femmes imprévisibles de ravissement. Les questions existentielles restent posées entre sexe et silhouettes sinueuses. « L’improbable me comble » dit-il. C’est pourquoi il imagine l’impossible en repoussant les limites d’une création qui ne saurait cantonner ses personnages dans des cartons à dessin. L’incohérence l’enchante : à la bonne heure et vive la pierre du Ladakh !
L’exposition est à découvrir jusqu’au 9 août. Si vous avez du temps, n’hésitez pas à visiter cette abbaye qui abrite, entre autres, les vitraux de Richard Texier.
Exposition ouverte tous les jours (sauf le lundi) de 14 h à 19 h. Colette Enard et Marsaudon sont présents les dimanches. Tél 05 46 82 34 25 - tourisme.trizay@wanadoo.fr
Photos 1, 2, 3, 4, 5, 6 : Trizay est un ancien prieuré de l'ordre des Bénédictins fondé au XIe siècle. L'abbaye abrite aujourd'hui des expositions d'art contemporain.
Photo 7 : L'ancien réfectoire abrite les tableaux de Colette Enard
Photos 8, 9, 10 : les mondes de Colette Enard intéressent les journalistes...
Photos 11 à 19 : le travail de Marsaudon le Mortagnais, du dessin aux collages, en passant par les totems et sculptures. Sans oublier le masque à porter (avec ou sans perspective de grippe) mais attention au chat !
Photo 20 : Vitraux de Richard Texier
Photo 21 : Ave frère Didier !
Photos 22, 23, 24 : Trizay, un lieu posé au milieu des champs.
Visite de Ségolène Royal : il s'agit des Jardins de la réussite (ne s'appellent plus Jardins de Magister depuis au moins deux ans)
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