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vendredi 14 novembre 2008

L’historien André Kaspi suscite une polémique


Y a-t-il une “inflation” de commémorations ? L’idée de l’historien André Kaspi de limiter à trois ces journées nationales - 8 mai, 14 juillet et 11 novembre - suscite une polémique, touchant à l’ultra-sensible mémoire française.
À la veille du 90e anniversaire de l’armistice de 1918, M. Kaspi a jeté un pavé dans la mare.
Dans un rapport qu’il doit remettre mercredi au secrétaire d’État aux Anciens combattants Jean-Marie Bockel, ce spécialiste des États-Unis et de la Seconde Guerre mondiale réprouve une “inflation” commémorative en cours “depuis 1999” (sous la présidence Chirac), relevant parfois du “clientélisme” ou du “communautarisme”.
Il propose, a-t-il indiqué lundi à l’AFP, de donner « une signification particulière » et nationale aux seuls 8 mai, 14 juillet et 11 novembre, qui sont aussi les uniques jours fériés.
Les autres dates (journée de la déportation, abolition de l’esclavage...) auraient “un statut régional” ou “communautaire”, mais aussi éventuellement
- quoique moins souvent - “national”.
« Il y a un risque de désintérêt de la jeunesse pour ces commémorations, c’est pour ça qu’il faut réfléchir à leur nombre », a avancé l’historien, réfutant toute idée d’en supprimer une.
Avant même la présentation de ce rapport commandé par son prédécesseur Alain Marleix, Jean-Marie Bockel a mis les points sur les i, se disant « contre la remise en cause de commémorations existantes, qu’elles soient nationales ou autres ».
Le patron des députés UMP, Jean-François Copé, s’est déclaré aussi “totalement hostile” à une suppression de ces “rendez-vous nationaux”, exprimant le souci de “reconstituer une identité française”.
Il n’a pas exclu «des rendez-vous supplémentaires de commémoration, pas forcément des jours fériés d’ailleurs», pour l’Europe par exemple.
Selon Le Journal du Dimanche, le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, s’apprête à proposer que le 8 mai, célébrant la victoire sur l’Allemagne nazie, «soit remplacé par une journée de l’Europe le 9 mai».
Jugeant prématurée la création d’un jour férié commun aux pays de l’Union européenne, l’UMP s’est dite « extrêmement attachée au 8 mai et au 11 novembre ».
« Il y a des dates qui parlent sans conteste à tous les Français », a fait valoir l’ancien ministre PS de la Défense Paul Quilès, se demandant toutefois si «la multiplication des commémorations ne risque pas d’en affaiblir la portée».
Si le ministre de la Défense Hervé Morin s’est montré sur RTL très prudent - « Il faut que le sujet soit évoqué et discuté, c’est le principe même d’un rapport » - des associations n’ont pas tardé à monter au créneau.
Le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), Patrick Lozès, a mis en garde contre le risque d’une « concurrence des mémoires indigne ».
Le président du Mrap, Mouloud Aounit, a fustigé « une inquiétante stratégie visant à créer un climat pour disqualifier certaines lois mémorielles existantes », notamment les lois Gayssot (contre la négation du génocide des juifs) et Taubira (qui reconnaît la traite négrière et l’esclavage comme crimes contre l’humanité).
Nicolas Sarkozy avait fait du refus de la “repentance” un leitmotiv de sa campagne présidentielle.
Le président UMP de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, doit recevoir le 19 novembre le rapport d’un groupe de députés qui, selon le JDD, se prononcerait contre de nouvelles lois sur les questions de mémoire.

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