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vendredi 7 novembre 2008

Barack Obama : le rêve américain



Reprenant la célèbre phrase du pasteur Martin Luther king sur les marches du Lincoln Memorial pendant la marche pour le travail et la liberté d’août 1963, les Américains avaient fait un rêve qu’ils viennent de concrétiser en élisant Barack Obama président des États-Unis. On a rarement vu un homme politique cristalliser à ce point les espérances d’un peuple qui subit, de plein fouet, les conséquences du message libéral messianique du parti Républicain.
Jeune (47 ans), intelligent, volontaire, il incarne le renouveau au pays de l’Oncle Sam. Sa tâche est immense car il doit restaurer la confiance intérieure et redorer le blason des USA à l’étranger. Une image ternie durant la période “Bush” qui l’a détériorée par des prises de position et des gaspillages considérables, au grand dam de la population. C’était l’ère triomphante du capitalisme, baptisée néo-capitalisme, « où 1 % de riches Américains tenaient entre leurs mains 24% de la richesse des États-Unis » soulignent les économistes. Du jamais vu.
La liesse passée, Barack Obama met en place ses stratégies de gouvernance. Parmi les questions qu’il devra traiter rapidement, « dans les dix huit mois », figure le retrait des troupes basées actuellement en Irak. Cette guerre, qui trouve ses origines dans des motifs douteux (vraies fausses armes de destruction massive qu’aurait détenues Saddam Hussein) dure depuis cinq ans. S’il est utile et nécessaire de contrôler les sources énergétiques de par le monde, le coût de cette invasion a été estimé à 3.000 milliards de dollars par Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie. Un montant colossal auquel il faut ajouter les 3.000 autres milliards de dollars supportés par les pays étrangers. George W. Bush s’était donc trompé (ou avait trompé les habitants) quand il avait annoncé un chiffre de 50 milliards de dollars. Les morts de ce conflit, quant à eux, n’ont pas de prix et pèsent lourd dans la balance…
Les autres grands chapitres seront la crise, la réduction du déficit annuel (la dette nationale, de 5 trillions de dollars à l’arrivée de W. George Bush, est maintenant de 10 trillions) et une plus grande égalité entre les citoyens.

« On ne peut pas continuer à emprunter aux Chinois et envoyer de l’argent à l’Arabie Saoudite »…

Il semble intéressant de reprendre ce passage du face à face télévisé entre Obama et McCain.
À la question : L’économie donnant des signes de faiblesse, comment les Américains qui prennent leur retraite et les salariés qui perdent leurs revenus vont-ils pouvoir sortir de ce désastre économique ? Quelle solution proposez-vous pour les sortir de cette situation? Barack Obama a répondu : « Tout le monde sait désormais que nous connaissons la pire crise financière depuis la Grande Dépression et beaucoup d’entre vous sont inquiets pour leur emploi, leur retraite, leur prévoyance, leur capacité à envoyer les enfants ou les petits-enfants à l’Université. Je crois que nous avons là un verdict, le constat d’échec des politiques économiques menées ces huit dernières années, fortement encouragées par le président Bush et soutenues par le sénateur McCain. Elles ont dit, en gros, qu’il fallait se débarrasser de la réglementation et de la protection des consommateurs. En laissant le marché faire la loi, la prospérité serait au rendez-vous. Les choses ne se sont pas passées ainsi. Maintenant, nous devons prendre des mesures décisives. La première étape a été ce “paquet” de sauvetage voté récemment. Il faut faire en sorte qu’il fonctionne efficacement. Ce qui veut dire : surveillance stricte, que les investisseurs et les contribuables récupèrent leur argent et soient traités comme des investisseurs. Cela veut dire aussi qu’il faut sévir et que les PDG ne retirent pas de ce “paquet” des primes et des parachutes en or. Nous venons de constater qu’AIG, une compagnie qui a bénéficié d’une mesure de renflouement, s’est vu octroyer une coquette somme de 400.000 millions de dollars la semaine suivant l’opération de sauvetage. Le Trésor doit exiger que cet argent soit rendu et que les dirigeants soient remerciés. C’est la première étape. Parce que l’Américain moyen a besoin de mesures de sauvetage, il doit bénéficier de réductions d’impôt. Il faut aider les propriétaires à garder leurs maisons, l’État et les collectivités locales à lancer des projets d’infrastructures - des routes, des ponts - qui permettent aux gens de garder leur emploi. À long terme, il faudra améliorer le système des soins de santé et notre politique énergétique parce qu’on ne peut pas continuer à emprunter aux Chinois et à envoyer de l’argent à l’Arabie Saoudite sans d’hypothéquer l’avenir de nos enfants. En matière fiscale, j’ai l’intention d’offrir une réduction d’impôt à la classe moyenne, c’est-à-dire à 95 % des Américains actifs, à ceux qui ont deux emplois, ceux qui ne peuvent pas passer suffisamment de temps avec leurs enfants parce qu’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts ».
Cet état des lieux n’a pas été contesté par son rival républicain. Sur ce même plateau, John McCain a déclaré : « Les Américains sont en colère. Il faut en finir avec ces 700 milliards de dollars qu’on envoie chaque année à des pays qui ne nous aiment pas beaucoup. Sans élever le taux d’imposition des Américains, il faut mettre fin aux dépenses inconsidérées que pratique Washington. Sait-on que nous avons mis sur les épaules des jeunes Américains une dette de 10.000 milliards de dollars, dont 500 milliards de dollars représentent ce que nous devons à la Chine ? »...
Les questions sont donc posées. Félicitations et bon courage à Barack Obama placé face à une situation difficile, mais il est assuré de trouver des soutiens, à commencer par la France qui a salué chaleureusement sa victoire.

Infos en plus :

I have a dream…

Discours du pasteur Martin Luther King, apôtre de la non violence et de l’égalité entre les Noirs et les Blancs, assassiné à l’âge de 39 ans dans un motel de Memphis en avril 1968 par un repris de justice.
« Je vous le dis, mes amis, bien que nous devions faire face aux difficultés d’aujourd’hui et de demain, j’ai tout de même un rêve. C’est un rêve profondément enraciné dans le rêve américain.
Je fais le rêve qu’un jour, cette nation se lève et vive sous le véritable sens de son credo : Nous considérons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes ont été créés égaux.
Je fais le rêve qu’un jour, sur les collines rouges de la Géorgie, les fils des esclaves et les fils des propriétaires d’esclaves puissent s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je fais le rêve qu’un jour, même l’État du Mississippi, désert étouffant d’injustice et d’oppression, soit transformé en une oasis de liberté et de justice.
Je fais le rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés pour la couleur de leur peau, mais pour le contenu de leur personne. Je fais ce rêve aujourd’hui !
Je fais le rêve qu’un jour juste là-bas en Alabama, avec ses racistes vicieux, avec son gouverneur qui a les lèvres dégoulinantes des mots interposition et annulation ; un jour juste là-bas en Alabama les petits garçons noirs et les petites filles noires puissent joindre leurs mains avec les petits garçons blancs et les petites filles blanches, comme frères et sœurs.
Je fais ce rêve aujourd’hui.
Je fais le rêve qu’un jour chaque vallée soit glorifiée, que chaque colline et chaque montagne soient aplanies, que les endroits rudes soient transformés en plaines, que les endroits tortueux soient redressés, que la gloire du Seigneur soit révélée et que les vivants la voient tous ensemble ».

Photo 1 : Barack Obama, le nouveau président des États-Unis.

Photo 2 : Barack Obama lors d'un meeting.

Photo 3 : Barack Obama marche dans les pas de Martin Luther King qui aurait sans doute beaucoup aimé participer à son élection.

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