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vendredi 14 novembre 2008
1914 - 1918 : Les 8 500 000 morts de la Première Guerre mondiale
Il y a 90 ans, le 11 novembre 1918, s’achevait une guerre incroyablement meurtrière. « Plus jamais ça » disaient les familles endeuillées. On s'imaginait qu’après une telle épreuve, la civilisation apporterait l'apaisement à cette humanité qui n'en avait guère et que le temps vieillissant, l'homme blessé tirerait les leçons de l’histoire. Douce naïveté...
Dans le chapitre sanglant et morts inutiles, le XXe siècle a été le plus "remarquable". Et pourtant, dès la fin du XIXème siècle, les gouvernements s’étaient donné bonne conscience en instituant une Cour Internationale d’arbitrage en cas de mésentente.
Partant d’une bonne intention, la démarche ne tarda pas à rencontrer des difficultés. Pour la petite histoire, les vingt-six États réunis à la Haye en 1899 furent incapables de s’accorder sur la limitation des armements, se heurtant à « des problèmes insolubles ». Néanmoins, pour le règlement pacifique des conflits, les membres votèrent la déclaration suivante : « Les puissances considèrent comme un devoir, dans les cas où un conflit aigu menacerait d'éclater entre deux d'entre elles, de leur rappeler que la Cour permanente leur est ouverte ».
En 1872, l'Angleterre, sous le gouvernement de Gladstone, avait été la première à solliciter l'avis d'un comité extérieur. Les États-Unis exigeaient d'elle une réparation pour avoir, durant la guerre de Sécession, laissé armer dans ses ports un navire sudiste, “l'Alabama”.
Cette affaire, soumise à un tribunal d'observateurs étrangers, condamna la Grande Bretagne à payer une indemnité de 80 millions. Gladstone aurait pu en être amer. Au contraire. Il mit en avant la démarche de deux grandes puissances « Venant de bon gré devant un tribunal loyalement choisi, plutôt que de sen rapporter au jugement de l'épée ».
« Mourir pour des idées, l’idée est excellente. Moi, j’ai failli mourir de ne l’avoir pas eue ». (Brassens)
Malheureusement, les textes en vigueur ne mirent pas fin aux ardeurs belliqueuses. La France allait connaître ce qui fut pour elle la plus grande de ses guerres : celle de 1914-1918. Depuis des lustres, quand deux groupes s'opposaient, ils alignaient leurs armées en un site déterminé. La première Guerre prit une tournure différente puisqu'elle fut universelle, touchant l'Europe, les empires centraux, la Russie et enfin les États-Unis qui se jetèrent dans la mêlée en 1917. Les effectifs engagés étaient énormes, de l'ordre de 20 millions d'hommes de chaque côté. Les combats prirent une envergure mondiale, touchant la France, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, les Balkans, l’Afrique, l’Asie et même les océans. Jamais on avait vu autant de forces armées déployées sur le terrain.
Tous les hommes en âge de défendre leur pays furent mobilisés (ils partirent "la fleur au fusil"). Dans les laboratoires, les savants travaillaient à l’élaboration de nouveaux produits permettant d’anéantir l’ennemi (obus à gaz asphyxiant, lance-flammes, etc).
L'armement se développait avec l'aviation, les chars d'assaut, les mitrailleuses. Les femmes remplaçaient leurs maris à la campagne ou dans les usines ; les enfants quêtaient de l'argent.
Sur le front, les hommes vivaient un véritable cauchemar. Le nom de Verdun évoque à lui seul le deuil et la souffrance. Imaginez ces soldats (qui n'étaient pas des militaires de carrière) enterrés comme des rats dans des tranchées, victimes du froid, de la faim et des maladies. On les faisait boire, on les droguait pour partir à l'attaque. ll faut l'aimer, son pays, pour confier sa vie entre les mains d’hommes politiques orgueilleux et inconséquents ! Ceux qu'on nomme “Grands” sont rarement sur les champs de bataille. Pourquoi se saliraient-ils les mains ?...
Après des incertitudes quant à l'issue des affrontements, l'arrivée des Américains changea le cours des événements. L'Allemagne avait également du fil à retordre avec les Russes.
Après une offensive générale des alliés qui libérèrent les territoires occupés, l’Allemagne capitula le 11 novembre 1918.
Par le traité de Versailles (28 juin 1919), l'Alsace et la Lorraine redevinrent tricolores. Ce même traité établit la Société des Nations qui constituait « Une grande espérance des hommes de cœur de toutes les patries ».
Les jolis mots !
On ignorait que vingt ans plus tard, les hostilités allaient repartir de plus belle. L'Europe ensanglantée en 1870, en 1914, en 1939 : Combien de générations sacrifiées pour que notre pays reste la France ?
Depuis des décades, écrivains et historiens s’interrogent sur les obstacles qui s'opposent à la paix. Le sujet est ardu car il est lié à la nature humaine, imprévisible et habituée à la destruction. Sur la question, le général allemand, Erich Ludendorff, qui prit une part déterminante dans les opérations en 1917 et 1918, avait son opinion : « La paix internationale est un rêve et ce n'est pas un beau rêve. La paix est une partie de I’ordre du monde créé par Dieu. Sans la guerre, le monde s'enfoncerait dans le marais du matérialisme ».
D'où la "fortification" européenne, dont l'acte de naissance est le Traité de Rome de 1957. II symbolise l’union franco allemande qui instaure une paix durable en Europe. L'esprit communautaire fait barrage aux idées nationalistes et aux égoïsmes qui surgissent et se dressent, comme par provocation.
Construire une Europe forte, avoir une monnaie unique était une nécessité pour cimenter les équilibres et préserver la jeunesse. Soixante ans de stabilité est un miracle : la génération née après 1945 n’a jamais connu la guerre sur le sol français.
L’Europe est en marche et sera généreuse si ses habitants le sont. Elle portera leurs espoirs et leur destin s'ils le souhaitent.
Les soldats, dont les noms sont gravés sur les monuments aux morts, méritent bien cette réconciliation.
Puisse leur immense sacrifice ne pas avoir été vain à l'heure où les "démons" rôdent encore et toujours dans la plaine...
Photos 1, 2, 3 : Différentes cartes postales incitant à la mobilisation.
Photo 4 : La une du journal l'Intransigeant.
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