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vendredi 12 septembre 2008
Jean-Louis Borloo chez Dominique Bussereau : Saint Georges terrasse le Verdon ?
Dimanche matin, Jean-Louis Borloo, ministre de l’Environnement, est venu à Saint-Georges de Didonne annoncer la bonne nouvelle :
Le classement de la côte royannaise en aire marine naturelle protégée. Le décret sera
prochainement lancé. Ainsi, cette rive sera mieux "armée" face à la perspective d’un port méthanier au Verdon, projet qui fait grincer des dents. Toutefois, comme l’a rappelé le représentant de l’État, on ne peut pas brûler les étapes. D’ailleurs, la société hollandaise 4Gas serait là pour le rappeler...
L’annonce de la présence de Jean-Louis Borloo, grand patron français de l’écologie au campus UMP de Royan, entraîna immédiatement une réaction de l’association « Une pointe pour tous » (collectif des deux rives) qui défend le site du Verdon contre le projet méthanier du groupe 4Gas.
Petit rappel : Pour assurer son développement, le port autonome de Bordeaux a repris l’idée très ancienne d’installer au Verdon un port méthanier pour desservir en gaz la région d’Aquitaine. Cette perspective a fait évidemment bondir les élus de Charente-Maritime et notamment le député-maire de Royan, Didier Quentin. En effet, le passage dans la Gironde de navires méthaniers semble peu compatible avec le développement touristique de la Côte de Beauté. Et que dire de l’arrivée d’un gazoduc, entre falaises crayeuses, plages et chênes verts !
Certes, dans un passé pas si éloigné, des pétroliers de 300.000 tonnes empruntaient cette voie pour se rendre au Verdon, site créé par Chaban Delmas avec cette vocation pétrolière. Depuis, le Verdon vivote chichement, laissant derrière lui le riche Médoc prospérer dans ses châteaux et vignobles.
Dans ce contexte, l’initiative du port autonome est apparue singulière et plus singulier encore, le fait que son ministère de tutelle, le ministère des Transports à l’époque, ait laissé faire sans lever le petit doigt ou froncer le sourcil. Conséquence, sur le terrain, les réactions des élus et des associations ont été nombreuses et l’on se souvient du vaste rassemblement qui s’est tenu à Royan lors du débat public.
La "menace" restant vraie, la vigilance est toujours de mise. La venue de Jean-Louis Borloo, dimanche matin, annonce-t-elle « la fin du cauchemar » ?
L’estuaire classé en zone naturelle sensible
Avec son talent habituel, Jean Louis Borloo s’est livré au jeu des questions et des réponses. Il a cependant tout de suite indiqué quelles étaient les limites de l’exercice puisque nous vivons dans un état de droit. Les procédures normales pour un tel investissement ont été lancées par 4Gas - étude d’impact, étude d’utilité publique - et la prise de position publique du Ministre compétent pourrait apparaître comme une violation substantielle des règles de procédures. N’oublions pas que nous sommes en Europe et que l’investisseur est hollandais.
L’Etat français n’a pas joué son rôle à l’origine puisqu’il a laissé le port autonome lancer ce projet. Il doit suivre maintenant les voies normales, mais clairement. Jean-Louis Borloo pèse au trébuchet ce qui est l’intérêt économique du projet et son atteinte possible à l’environnement.
L’estuaire de la Gironde est l’un des derniers grands estuaires européens partiellement intacts en cours de protection. Le Ministre de l’Environnement a annoncé qu’il allait le classer zone naturelle sensible, ce qui fera plaisir à tous ceux qui veulent reconquérir cet espace qu’on cherche à maltraiter. On y retrouvera peut-être du caviar et des esturgeons (tout en y protégeant les pibales) !
À ceux qui voulaient des positions immédiates, Jean-Louis Borloo n’a peut-être pas affiché la fermeté qu’ils attendaient ; c’est d’ailleurs une curiosité française que de voir tous les groupes de pression exiger de l’État des décisions, parfois au mépris de la loi, si cela les arrange. Ceci étant, il est clair que Jean-Louis Borloo n’est pas favorable au projet et qu’il a dans sa besace tout l’arsenal nécessaire pour s’y opposer. Les maires de Royan, de Meschers, de Vaux sur mer, de Saint-Palais, de Saint-Georges de Didonne peuvent donc se féliciter de cette rencontre en marge du campus d’été des Jeunes Pop.
L’estuaire a tout l’air de devoir échapper à la menace d’une installation qui défriserait ses côtes, d’autant que Dominique Bussereau, Secrétaire d’État aux Transports, a annoncé une coordination des ports autonomes de Bordeaux, la Rochelle et Nantes. Il a également annoncé la relève du directeur du port de Bordeaux et la nomination d’un nouveau responsable qui écoutera sans doute davantage la position de son ministre de tutelle…
• Face à la mer, je bois mon dernier ver…don
Regardant l’estuaire à travers les larges baies du Relais de la Côte de Beauté, Jean Louis Borloo résuma la situation par cette phrase très simple : « je n’imagine pas bien le truc ». Le truc étant la perspective d’un port méthanier sur la rive girondine. Pourquoi faire compliqué pour aller droit au but ?
• Not in my backyard !
Pour Jean-Louis Borloo, la construction d’un port méthanier au Verdon ne devrait pas se concrétiser, sauf en cas de crise énergique majeure : « Nous sommes tous pareils. Quand il est question d’une structure de ce type, nous disons : pas dans mon jardin, plutôt chez le voisin ! Toutefois, les intérêts locaux ne peuvent pas se substituer à l’intérêt général. À Royan, à Saint-Georges de Didonne, nous ne sommes pas dans ce cas-là ».
• Le silence du SMIDDEST
Que fait le SMIDDEST, Syndicat Mixte pour le développement Durable de l’Estuaire de la Gironde ? En tout cas, les oreilles lui ont sifflé. Selon le maire de Saint-Georges, il se serait assis sur le projet de port méthanier et « son silence aurait été assourdissant ». Dominique Bussereau fut plus modéré en évoquant une attitude "discrète" que Michel Servit, conseiller général de Royan, qualifia de "feutrée".
Avec le président du Département de la Gironde, Philippe Madrelle, le secrétaire d’État aux Transports souhaite élaborer un projet de développement des deux rives de l’estuaire (vieille idée d’ailleurs) : « la seule retombée positive de cette affaire de port méthanier est notre rapprochement et notre mobilisation commune ». Pourvu que ça dure !
• Les directeurs sur la vague
Dominique Bussereau précisa que les directeurs des ports allaient connaître des mutations. En poste à Bordeaux depuis 2004, Philippe Deiss est nommé à Rouen. Désormais, les ports dépendent du Ministère de l’Écologie, du Dévelop-pement durable et de l’Énergie (autrefois, ils étaient chapeautés par le Ministère des Transports). Cette mesure s’inscrit dans le Grenelle de l’Environnement. Les directeurs de Bordeaux, Nantes et La Rochelle auront la possibilité de siéger dans les directoires de leurs collègues.
Photo 1 : Jean-Louis Borloo aux côtés de Dominique Bussereau, secrétaire d’état aux Transports, Didier Quentin, député maire de Royan, Jean Pierre Taillieu, président de la CDA, Jean-Michel Renu, maire de St Georges et Xavier Pintat, sénateur de la Gironde.
Photo 2 : L’association "Une pointe pour tous" avait organisé un rassemblement à la plage de "la grande conche" à Royan, dimanche 7 septembre. Profitant du congrès de l’UMP, elle entendait bien attirer l’attention des politiques sur l’implantation du terminal méthanier au Verdon. Les habitants de Meschers se sont fortement mobilisés à l’appel de l’association, il est à noter que la municipalité s’est déplacée en force.
Photo 3 : Jean Louis Borloo, ministre de l’Écologie et président du Parti radical, répond aux questions de la télé en présence de Xavier de Roux, maire de Chaniers, vice président du Parti radical et de Michel Doublet, sénateur maire de Trizay.
Photo 4 : Dominique Bussereau est opposé au projet de port méthanier.
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