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samedi 5 juillet 2008
Ralph Steadman : comment changer le monde ?
Pour faire le portrait de Ralph Steadman, suivre ses pensées qu’il incarne par le dessin, l’écriture et l’illustration. Rendez-vous à Civrac, chez Martin et Jenny Salisbury.
Après plus de dix ans d’une langoureuse attente, l’association Humour et Vigne a enfin atteint son objectif. En 2008, le célèbre dessinateur anglais, Ralph Steadman, dont le trait graphique vaut signature internationale, a répondu favorablement à l’invitation de Nol.
Si son passage est resté discret à Jonzac où aucun de ses albums n’était disponible (dommage pour les dédicaces !), nous l’avons rencontré à Saint-Fort sur Gironde chez ses amis Martin et Jenny Salisbury.
Élémentaire, mon cher Watson, quand on pense à Dieu « the big I am », il faut chercher l’auteur sur une hauteur, en l’occurrence la butte Olympe de Civrac.
À l’ombre des arbres, entouré de convives et de nymphes, il savourait la cuisine de la maîtresse de maison en goûtant au nectar. La "scène" pouvait commencer : action !
Mystique et mistisgri, terriblement observateur, doué de talents connus et reconnus, il dit tout devoir à la presse. Effectivement, il a travaillé (entre autres) au magazine Rolling Stone où sévissait son copain Hunter S. Thompson qui inventa le "gonzo". Il ne s’agit pas du masculin de gonzesse, mais d’une façon de travailler en impliquant le je. L’aventure ne s’arrête pas à la première personne. S’y mêlent des imaginations ultra-subjectives, voire "stupéfiantes", qui donneraient des sueurs froides aux chantres de la pensée unique. Pour se faire une idée, plongez-vous dans The curse of luno illustré par Steadman.
Ironique ? On l’est forcément quand on croque le genre humain ! Ses fans l’adorent : forcément, sinon ils ne seraient pas ses fans.
À leurs yeux, Ralph Steadman incarne l’Amérique émancipée face aux traditions. Ses dessins sont provocateurs et révèlent une vérité sans ménagement. La ligne, cependant, reste soignée. Il est aux antipodes d’un univers à l’eau de rose, avec bénitier assorti, même si le monde où il évolue l’intrigue. « Son style, particulier, est facilement reconnaissable » avoue Steve, un informaticien admirateur.
Steadman a fait du chemin depuis qu’il a appris à dessiner dans l’atelier du constructeur d’avions Havilland, en Angleterre. Il a volé de ses propres ailes en décrochant son premier job à Punch. La notoriété a suivi et avec elle, un cortège d’expériences liées à son sacré caractère. Les publications se sont succédé depuis The Little Red Computer en 1968 à The joke’s over en 2006. Il a travaillé sur La ferme des animaux d’Orwell en 1995 (fabuleux sujet !), sans jamais perdre de vue les caricatures multifonctions. La merveilleuse Alice et Freud l’ont fasciné, de même que les grands peintres, Léonard de Vinci ou Goya. Parmi ses projets, il prépare une grande fresque inspirée de Guernica, l’œuvre célèbre de Picasso. Une nouvelle étape après Plague and the moon flower, réalisée avec le musicien Richard Harvey.
En mêlant l’écriture au dessin, Raph Steadman démontre les riches facettes de sa personnalité. Originale et attachante. Il lui reste des rêves à concrétiser dont celui de travailler avec Johnny Depp dont il a reçu un courrier. Mais c’est un secret. Changer le monde, aussi…
« Nous sommes ce que nous faisons semblant d’être. C’est pourquoi il faut faire attention à ce que nous faisons semblant d’être » (We are what we pretend to be, so we must be careful about what we pretend to be): citation conclusion du fameux Kurt Vonnegut.
Photo 1 : Ralph Steadman et Martin Salisbury, proche des arts graphiques pour les avoir enseignés à l’université de Leeds.
Photo 2 : Un croqueur sachant croquer…
Photo 3 : Ralph avec son épouse.
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