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vendredi 13 juin 2008

Jonzac : les dessins oubliés des prisonniers allemands

Gravés sur les murs d'une maison qui sera prochainement détruite, ils rappellent le temps de la seconde guerre mondiale à Jonzac.


Non loin du carrefour, rue des Guits, se trouve une vieille maison (ancien atelier de machines agricoles) que la mairie va prochainement détruire pour faire un parking. Avant qu’elle ne s’efface de la mémoire des Jonzacais, il est un détail à rappeler : sur ses murs, à l’étage, ont été dessinés des portraits de prisonniers allemands y ayant séjourné après la Libération.
Détenus au camp du Cluzelet, près du château d’eau, ils venaient chaque jour en ville chez des habitants qui avaient besoin de main d’œuvre. « Ils étaient une quinzaine, des gars sympas dans l’ensemble. L’un d’eux aidait mes parents à la récupération de matériaux, chiffons, papiers, ferraille » souligne Pierre Guittard. Un autre était chez ses grands-parents, marchands de meubles place du Marché.
Ces ouvriers sont restés un an environ à Jonzac à travailler chez plusieurs artisans et commerçants. C’était l’époque des pains de glace fabriqués dans la carrière Masson et de métiers aujourd’hui disparus. Dans la chambre de fortune où ils dormaient, l’un d’eux était un artiste. Il a dessiné ses camarades et cité leurs prénoms. Une évocation touchante de soldats qui devaient trouver le temps long.
Ces croquis constituent une facette de l’histoire du quartier. S’y ajoute un sous-sol qui est tout aussi intéressant que les parties émergées. Des caves médiévales y ont été mises à jour dont l’une possède une porte pivotante. Pierre Guittard se demande également ce qu’est devenu la figure en pierre qui fumait la pipe et sortait en saillie dans la rue St-Gervais. Bref, il était temps d’immortaliser ces hommes de la deuxième guerre mondiale avant que la pelleteuse n’entre en action. Pierre Guittard se souvient d’un certain Christian qui réparait ses jouets et avait construit un bateau qu’il faisait voguer sur le bassin du jardin public : « ils étaient plus jeunes que nos parents et aimaient les enfants. Après la guerre, quelques-uns sont revenus à Jonzac ». Aujourd’hui installé aux États-Unis, en Californie précisément, il voulait les tirer de l’oubli, de même que sa sœur Annie : Mission accomplie !

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