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vendredi 22 février 2008

Les têtes de liste face aux commerçants et aux chefs d'entreprises

Lundi soir, c’était le grand oral pour Pierre Maudoux, Bernadette Schmitt, Jean Rouger, Philippe Callaud, Jean Philippe Ardouin et Daniel Métraud. Invités par le club Pays Santon Entreprises que préside Benoît Huger, les six têtes de liste aux municipales étaient invitées à répondre à des questions concernant la vie économique et commerciale de la cité. Cette initiative intéressante a permis de se faire une idée sur les projets des candidats.

Alors que Jonzac vient à peine de sortir de ses turbulences, il est des villes où les candidats sont en phase active. Ainsi, les citoyens peuvent se faire une opinion objective sur les projets des uns et des autres.
À Saintes, avec six listes en lice, les citoyens sont gâtés et ils ont bien failli en compter sept. En effet, faute d’avoir pu trouver le nombre de colistiers suffisants, Jean-Claude Landreau ne participe pas à cette course qui se promet d’être animée...
Saintes est une ville active où le chômage est l’un des plus faibles du département (9 %). Que fera la prochaine municipalité pour promouvoir l’économie et le commerce ? Quelle sera sa position quant aux nouvelles zones industrielles et l’extension des grandes surfaces ? Que fera-t-elle pour animer le centre ville ? Sera-t-elle favorable à l’ouverture des magasins le dimanche ? Voilà bien les questions que se posent chefs d’entreprises, artisans et commerçants.
Lundi, salle Saintonge, le club Pays Santon Entreprises, que préside Benoît Huger, avait invité les têtes de liste à s’exprimer. Réunies dans la salle Saintonge, elles ont exposé leurs points de vue respectifs.

Pierre Maudoux : Un manager du centre ville



Le premier à ouvrir le ban était Pierre Maudoux (Saintes en mouvement). Il réalisa bien vite qu’il devrait s’exprimer sans micro, la technologie ayant décidé de rester muette. Par contre, lui ne le fut pas et c’est un Pierre Maudoux en forme que nous avons écouté, dans un style agréable et concret. « Ce soir, il nous bluffe » reconnaissait un participant attentif à ses propos. L’homme discret du passé, au physique de troubadour occitan, a laissé la place à un battant !
Pierre Maudoux n’y est pas allé par quatre chemins : les problèmes de l’entreprise, il les connaît puisqu’il possède un cabinet dentaire à Saintes où il exerce depuis quinze ans. Qui pourrait avoir une dent contre lui ? Par le passé, il a siégé au Conseil de développement : « Je suis passé dans le camp politique pour y défendre les intérêts économiques » explique-t-il. Il est favorable à l’élaboration d’une charte de territoire et de développement « objectif qui n’était pas la priorité de Bernadette Schmitt ».
Saintes doit afficher une image dynamique pour attirer des entreprises innovantes. Pour y parvenir, la création d’un observatoire et d’une base de données du foncier d’entreprises est nécessaire : « ces mesures devraient déjà être opérationnelles » lança-t-il.
En ce début de XXIème siècle, « la prochaine municipalité saintaise devra anticiper en adoptant une position volontariste forte en partenariat avec les acteurs locaux ». Parmi les prestations énoncées, il préconise des liens plus étroits entre chaque PME et la Communauté de communes grâce à « un interlocuteur chargé du développement économique, clairement désigné », une réelle synergie entre les chefs d’entreprises, la mairie, la CCI ainsi que le développement de nouvelles zones d’activités en élargissant les réserves foncières : « pour nous, ce seront des opérations blanches. Il n’est pas question de s’enrichir sur le dos des industriels ». Il souhaite faire de Saintes une ville pilote en ce qui concerne le développement durable, rendre la CDC plus efficace avec la création d’une Communauté d’agglomération (ayant échoué avec Gémozac au début du mandat de Bernadette Schmitt). « Notre politique devra être plus agressive pour tirer notre épingle du jeu » dit-il.
Quant à l’animation du centre ville, elle sera confiée à un manager issu du milieu privé qui travaillera avec les associations de commerçants.
Au sujet de la taxe professionnelle, Pierre Maudoux ne veut pas être suicidaire : « Nous devons stabiliser la pression fiscale et non pas l’augmenter ». Et de conclure en citant l’exemple vendéen dont la réussite inspire de nombreux hommes politiques, de gauche comme de droite.

Bernadette Schmitt : L’argent de la taxe professionnelle unique sert à financer le personnel scolaire



La seconde invitée était Bernadette Schmitt. Elle était accompagnée de son futur adjoint au développement économique, Philippe Saincraize, un pro de la banque à la chevelure argentée.
Lors de ce premier mandat, l’action de la mairie avait été de rendre vivant le centre ville : « la rue Victor Hugo a bien changé » remarqua-t-elle. De nombreux bâtiments ont été rénovés, la ville est belle et propre avec un mobilier urbain esthétique : « le touriste est aussi un client pour les commerces ».
L’autre objectif ciblé concerne l’achat de réserves foncières pour accueillir des entreprises.
À ce jour, la Champagne Saint-Georges est pleine, « signe de vitalité ». Au nord, cette zone peut être agrandie grâce à des terrains agricoles en cours d’acquisition ainsi qu’une partie de la ferme située au giratoire : « c’est le seul moyen pour accéder à ces parcelles ».
Aux Charriers, 20 ha de terres ont été achetés route de Chermignac, face aux tours de l’Océane. Le PLU est en cours de révision afin de classer ces secteurs en zone artisanale. À Diconche, un second rond-point est prévu, là où se trouvait autrefois l’avion, la rocade devant passer entre les deux.
Philippe Saincaize embraya sur l’animation en centre ville à confier à un manager (décidément, le terme est à la mode) avec création d’un « office du commerce » qui pourrait être situé rive droite. La plus grande galerie marchande à ciel ouvert étant le centre ville, « il doit être dynamique, tout en conservant une périphérie forte ». La signalétique sera améliorée. Une collaboration étroite entre les différents acteurs - mairie, office de tourisme, CCI, associations - sera recherchée. Il est à noter que le fameux manager, qui aura de nombreuses cordes à son arc, ne se substituera pas aux responsables de la CCI !
Le but recherché est de promouvoir le territoire de Saintes avec la CDC et le Pays de Saintonge Romane. Saintes doit également exporter son image en participant à des salons ou par le biais de vidéos (comme celle qui précédait les jeux Intervilles), des rallyes d’entreprises, etc.
En ce qui concerne les zones artisanales et industrielles, il souligna un point important : la taxe professionnelle unique (TPU), collectée par les communes, est versée directement à la Communauté de Commu-nes du pays santon. Elle destine cette somme au personnel des écoles (puisque c’est l’une de ses compétences). Tous les mois, elle établit 474 fiches de paie : « L’argent de la TPU est donc affecté à un secteur non économique. Cette mesure a été prise par l’équipe qui a précédé celle de B. Schmitt. Si nous n’avons pas constitué de réserves foncières, c’est pour cette raison, par manque de moyens » précisa Philippe Saincraize. Il détailla ensuite les aides auxquelles peuvent prétendre les entreprises, dont l’AFR (aides d’état à finalité régionale). Saintes en bénéficie jusqu’en 2013. Il s’agit de primes à l’investissement, au fonctionnement et à la création d’emplois : « Je m’étonne que la CDC n’ait pas prêté attention à ces dispositions qui sont des atouts majeurs ».
Il déclara aux décideurs présents que la mairie est toujours ouverte à ceux qui, de passage dans la cité, souhaitent rencontrer un élu : « si vous avez des clients qui veulent visiter Saintes et dialoguer avec nous, nous serons à leur disposition. La convivialité d’une ville est importante pour une personne de l’extérieur ».
S’il ne fut pas question de l’extension des grandes surfaces (le débat n’a pas eu lieu au niveau national), l’ouverture des magasins le dimanche, thème cher à Gérard Desrente, partagea les deux orateurs : Bernadette Schmitt est contre « pour des raisons familiales », Philippe Saincraize est pour « faire des courses le dimanche, quand on a un moment libre, est agréable ».

Jean Rouger : créer une agora en centre ville



Tête de liste de la gauche plurielle, Jean Rouger se trouvait aux côtés de Pierre Dietz, Thierry Leblan et Frédéric Mahaud. Contrairement aux deux premiers intervenants, entrés directement dans les détails, le responsable socialiste fit un discours de politique générale, très humaniste en vérité, rappelant qu’une ville se gère dans son ensemble. Il fut également question d’écologie et de développement durable : « la façon dont nous vivions autrefois appartient malheureusement au passé ». Eh oui, fini le pétrole à gogo, les usines crachant des flots de fumées polluantes, les cours d’eau souillés. Nul ne se plaindra de l’actuelle prise de conscience.
L’équipe de Jean Rouger a bien sûr des projets, « mais il est difficile de faire une prévision sur six ans vu que nous ignorons de façon précise la situation de la ville de Saintes ». Le conseil travaillera dans l’union, tant avec les chefs d’entreprises qu’avec les commerçants et les habitants. Il en sera de même avec la Communauté de Communes : « nous n’agirons pas séparément ».
Pierre Dietz aura la charge du commerce et de l’industrie. Ses efforts seront axés sur une dynamisation du centre ville « avec un dialogue ouvert avec la mairie », une meilleure signalétique et plan de circulation : « notre proposition réside dans la simplicité et l’égalité ». Une nouvelle charte commerciale sera mise en place.
À Saintes, l’emploi se répartit de la façon suivante : 50 % dans les services, 35 % dans le commerce et 15 % dans l’industrie. Le but recherché est d’attirer des entreprises sur le territoire, dans les nouvelles technologies par exemple, allant de pair avec des créations de postes.
Quant à l’extension des gran-des surfaces, Thierry Leblan estime qu’il est bon de les réguler : « la loi de la jungle est inacceptable ». La CDEC (commission départementale des équipements commerciaux) évite déjà les dérives. Par ailleurs, une loi nouvelle permet à la mairie d’exercer un droit de préemption sur les fonds de commerce et les baux commerciaux.
Parmi les projets prévus en centre ville, une agora (principale place publique dans la Grèce antique) est à l’ordre du jour. La circulation serait alors alternée. Animations et nocturnes sont inscrites sur les tablettes.
Le stationnement, quant à lui, reste figé : « avec B. Schmitt, nous en avons pris pour trente ans ». L’idée globale est de vivifier tant le centre ville que la périphérie et, pour y parvenir, il serait bon que les interlocuteurs parlent d’une même voix. Sur ce point, selon le président du club Pays Santon Entre-prises, une charte commune devrait être élaborée entre les différentes associations (commerçants, industriels, artisans, etc).

Philippe Callaud : Un service de développement économique



Venant de quitter une réunion organisée à Bellevue, Philippe Callaud, candidat radical, salua l’heureuse initiative de Pays Santon Entreprises. Dans une intervention précise et ciblée, il présenta les premières mesures à prendre : « nous devons rapidement valoriser le centre ville en partenariat avec les associations sur le modèle de Vitrines de Saintes ». À l’époque de Michel Baron, cette formule était simple : les commerçants et la mairie mettaient la main à la poche à égal montant pour mener à bien des projets. Bernadette Schmitt a mis fin à ce fonctionnement.
Du côté des zones artisanales et industrielles, constituer de nouvelles réserves foncières est nécessaire : « de 2001 à 2008, aucune démarche dans ce sens n’a été faite ». Une action doit être engagée puisque l’arrivée de nouvelles entreprises génère des emplois.
Sur le développement des grandes surfaces, il reste prudent : « nous ne mettrons pas en péril les commerces du centre ville ». Une concertation doit donc avoir lieu avant toute implantation ou extension.
Sur la liste de Philippe Callaud, Joël Joanny sera en contact avec les investisseurs : « un service de développement économique est à créer en partenariat avec le Pays et la CDC ». En ce qui concerne les ZI, celle des Grandes Bauches (vers la Coop Atlantique) connaît un arrêt sur image en raison de la future RCEA Saintes-Cognac.
Pour aider les chefs d’entreprises à s’installer, Philippe Callaud suggère quatre grands axes : des accès routiers et ferroviaires pratiques, l’aménagement des zones comme un quartier de la ville, un bon agencement et enfin, la ville dans son ensemble doit être dotée de structures intéressantes qui correspondent à ce qu’attendent les familles.
« Actuellement, il devient urgent de poursuivre l’aménagement des zones qui ne dépendant pas de la CDC. Nous avons perdu du temps. Durant ce mandat, rien n’a été fait, c’est pitoyable. De nouvelles missions doivent être définies » déclara Philippe Callaud.
Il connaît les difficultés des chefs d’entreprise puisqu’il dirige un cabinet d’avocat : « j’ai les mêmes problèmes que vous, on parle le même langage ». La liste qu’il conduit est variée avec des personnes venant d’horizons différents : « elle vous ressemble » dit-il à l’assistance. Quant à l’ouverture des commerces le dimanche ; « je suis un radical, un homme de dialogue. Si des salariés veulent travailler et qu’ils ont un accord avec leur employeur, pourquoi pas ? Par contre, je suis opposé aux décisions imposées par une loi. Une loi, ça me file de l’urticaire ! Pensez aux trente-cinq heures alors que nous n’avions rien demandé »...
Bref, Philippe Callaud garde la tête froide et ne promet « ni tramway, ni salle de spectacle de 1500 places » à ses électeurs.
La soirée se poursuivit avec les interventions de Jean Philippe Ardouin (Modem) et celle de Daniel Métraud (Gauche alternative) qui veut faire de Saintes une technopôle du futur (écologie et du développement durable). La cité santone serait alors pionnière en matière d’économie énergétique et d’écologie. Cette perspective est séduisante. Toutefois, la question est de savoir comment et avec quels financements ce candidat compte réaliser un aussi vaste projet...
En conclusion, ces débats furent instructifs. Ils seraient à renouveler en abordant d’autres sujets tels que la santé, l’écologie précisément, l’urbanisme, le patrimoine...




Photo 1 : Pierre Maudoux a réussi là où la liste Landreau a échoué (il en a été écarté au départ). La roulette saintaise, ça marche (surtout pour un dentiste) !

Photo 2 : Aux côtés de Bernadette Schmitt, Philippe Saincaize possède une forte personnalité. Le futur maire de Saintes dans six ans ?

Photo 3 : On reconnaît Thierry Leblan, Jean Rouger, Pierre Dietz et Frédéric Mahaud. En ce qui concerne l’ouverture des commerces le dimanche, Jean Rouger vous donne rendez-vous au marché où sont présents de nombreux producteurs !

Photo 4 : Philippe Callaud : il joue son va-tout avec cette élection. Son indépendance par rapport au socialiste Jean Rouger est révélatrice de l’actuel climat saintais et de l’évolution du centre gauche.

Photo 5 : Au premier rang on reconnaît Benoît Huger, président de Pays Santon Entreprises, aux côtés de Gérard Desrente, très préoccupé par l’ouverture des commerces le dimanche.

Photo 6 : Un public attentif.

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