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vendredi 14 décembre 2007

Jonzac : Jacques le Fataliste ou l'ombre de Diderot

Quelle chance d’avoir trois hommes admirables sur la scène de Jonzac : Diderot, le célèbre écrivain des Lumières, Jean Daniel Laval, directeur du théâtre Montansier de Versailles et merveilleux comédien, Jean-Paul Tribout enfin qui donne aux personnages qu’il incarne une dimension savoureuse.

En présentant Jacques le fataliste, les Feuillets d’automne ont éclairé le XVIIIe siècle, l’époque où une nouvelle histoire se dessine. Diderot a mis du temps à écrire ce livre qu’il a repris et laissé plusieurs fois.
Lisible, le texte désoriente parfois. Pourtant, il conserve l’esprit qui habite cette période audacieuse, où le voile se soulève. Dans cette pièce comme dans l’œuvre originale, « d’une modernité inimaginable », le valet s’impose peu à peu face à un marquis complaisant, prêt à échanger son savoir et à parler d’amours. L’autorité doit se faire « avec raison et mesure », mais c’est la liberté de l’individu qui compte ! Au fil des répliques, on sent poindre les changements et tourments qui bouleverseront le peuple de France.
Au terme de la représentation, les deux comédiens, allant à la rencontre du public, ont expliqué leur démarche et leurs jeux respectifs. Ils ont adoré le petit théâtre. « 98 % de ce qui a été dit ce soir est de Diderot ! ».
L’auteur méritait bien cet hommage, lui qui eut tant de mal à publier ce qui constitua le point d’orgue de sa vie, la fameuse Encyclopédie qu’il réalisa avec des amis érudits. Après tout, c’est lui qui décida d’élargir le projet initial en rassemblant toutes les connaissances dans un ouvrage baptisé “Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers”.
L’affaire était bien partie quand la « lettre sur les aveugles » le conduisit direct à la prison de Vincennes. Les Jésuites s’en mêlèrent et des articles furent brûlés. Heureux journalistes sommes-nous aujourd’hui de vivre hors de ces tensions religieuses et politiques...
La vente et la détention des deux premiers volumes de l’Encyclopédie furent interdites en février 1752. La Marquise de Pompadour et Malherbes sortirent les rédacteurs de ce mauvais pas. La suite fut encore jonchée d’épreuves et Diderot publia, dans l’ombre, les dix derniers volumes.
Oui, Diderot, que deux grands talents de la scène ravivent ta mémoire en présentant ce Jacques haut en couleurs était une aventure à partager ! Jean-Daniel Laval et Jean-Paul Tribout ont été longuement applaudis. Ce soir-là, les spectateurs ont compris qu’ils vivaient un moment intime et particulier...




Photo 1 : Nos deux comédiens ne manquent pas de projets. On le comprend, ils sont passionnés et ont du talent !

Photo 2 : Jean-Paul Tribout, un marquis tout à fait gentilhomme !

Photo 3 : Les spectateurs sont ravis !

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