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vendredi 14 décembre 2007

Clin d'oeil aux papillons de la Haute-Saintonge : La Petite Tortue a disparu...

Benoît Perret, chargé d’études au service Patrimoine Naturel de la CDCHS, a réalisé un livre très intéressant sur les papillons de jour. Plus de 60 espèces de papillons, rares, communes ou menacées, y sont recensées. N’hésitez pas à vous procurer cet ouvrage superbement illustré auprès des offices de tourisme ou de la Communauté de Communes de Jonzac. Cette mine de renseignements est gratuite. Existent également une brochure consacrée aux orchidées champêtres ainsi que des topo-guides indiquant les plus belles randonnées à accomplir dans la région. Benoît Perret répond à nos questions :




Quand l’idée de ce livre est-elle née ?

Elle est antérieure à ma venue à la Communauté de Communes où je suis arrivé en novembre 2004. J’ai rejoint l’équipe de la CDCHS après avoir obtenu mon BTS gestion et protection de la nature, préparé dans un établissement de la Sarthe sur deux ans. Quatre ans ont été nécessaires pour réaliser cet inventaire des papillons de jour, certes fourni, mais il n’est pas exhaustif.

Pouvez-vous nous présenter cette publication originale ?

Soixante et une espèces de papillons y sont détaillées. Deux cents photos d’illustration accompagnent les commentaires. Je les ai faites avec mon propre appareil, en macro, et je vous assure qu’il faut être patient, le plus difficile étant l’approche ! Ces espèces vivent sur l’ensemble du territoire de la Haute-Saintonge, et la Sain-tonge boisée en abrite de nombreuses. Des sorties découvertes sont organisées du 15 mars à la fin octobre, soit une vingtaine de rendez-vous annuels dans le pôle nature de la Maison de la Forêt, à Montlieu. Si des personnes sont intéressées, un programme est disponible dans les Offices de tourisme et à la Maison de la Forêt.
Quelles sont les espèces aujourd’hui protégées ?


Le Fadet des Laîches bénéficie d’une protection nationale et européenne. Il est menacé pour plusieurs raisons : pesticides, destruction de son habitat situé dans les tourbières et les landes humides. S’y ajoute le Cuivré des marais qui est aussi une espèce rare. Son habitat s’est considérablement réduit.

Quelle espèce trouvez-vous la plus jolie ?

Il s’agit d’un petit papillon, l’Azuré porte-queue. En effet, il possède une pointe sur chaque aile extérieure. Il vit dans les landes de la Saintonge boisée. Je le trouve très photogénique !

Avec les papillons, vous souhaitez sensibiliser le public à la nature...

Effectivement, le papillon est une espèce emblématique. Tout le monde l’aime ! Symbole de liberté et de beauté, il a inspiré de nombreux artistes. C’est pourquoi il est un excellent ambassadeur en ce qui concerne la sauvegarde et la protection de l’environnement. Si une espèce venait à disparaître, les habitants réagiraient. C’est pourquoi, il faut prendre les devants et protéger l’habitat respectif de ces papillons. Sur les 240 espèces répertoriées en France, un tiers de ces lépidoptères environ se retrouve en Haute Saintonge : c’est le signe d’une région riche.

Comme l’écrit le président, Claude Belot : « la Haute Saintonge possède de fabuleux trésors à découvrir, à mieux connaître et surtout à préserver pour les générations à venir ».
Au sujet du changement climatique, vous avez fait une observation intéressante...

En effet, un phénomène d’importance majeure a été mis en exergue. La Petite Tortue (Aglais urticae), espèce encore très commune dans les années 90, n’a pas été appréhendée sur le territoire de la Haute Saintonge au cours de l’étude. En revanche, “sa cousine“, la Grande Tortue (Nymphalis polychloros), jusqu’alors rare, fut l’objet d’une myriade d’observations. Plusieurs échanges entre spécialistes ont confirmé cette tendance au niveau régional si bien qu’il semble que la Petite Tortue (Aglais urticae) soit en train de disparaître de Poitou-Charentes.
Après réflexion, ce constat pour le moins surprenant (et très rapide, en moins de 10 ans) apparaît être la conséquence directe du réchauffement climatique, phénomène défavorable à la Petite Tortue (Aglais urticae). Celle-ci s’observe toujours en masse à partir de 1000 m d’altitude. Inversement, la Grande Tortue (Nymphalis polychloros), espèce plus méridionale, paraît connaître une colonisation rapide Sud/Nord. Ces premières pistes méritent une étude plus approfondie afin de déterminer avec précision l’origine du phénomène observé. Quoi qu’il en soit, le réchauffement climatique demeure déjà un facteur déterminant dans le cycle biologique de certaines espèces. Il risque de se généraliser rapidement à l’ensemble de la faune et de la flore si des mesures planétaires concrètes ne sont pas prises rapidement.…

Photo 1 : Originaire de Mirambeau, Benoit Perret travaille à la Maison de la Forêt. Il répertorie la faune du territoire de la Haute Saintonge. Après les papillons, il pourrait bien nous présenter les libellules. Pour l’instant, il travaille à la réalisation d’une exposition sur la biodiversité, à découvrir à la Maison de la Forêt de mai à septembre 2008.

Photo 2 : Le papillon Grande Tortue s’est installé dans notre région, conséquence du réchauffement climatique.

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