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lundi 4 janvier 2016

Alain Rousset réélu président de la Région
avec une voix supplémentaire
tombée du ciel. Son vœu :
« Que la nouvelle Région soit
la première en créations d'entreprises »

Bordeaux. On se pressait lundi matin à l'hôtel de la Région. Et pour cause, les nouveaux conseillers régionaux, 183 au total issus des régions Poitou-Charentes, Limousin et Gironde, étaient appelés à désigner leur président. Pas vraiment de suspense puisque la gauche a gagné les élections, mais un protocole respecté malgré une arrivée tardive de Virginie Calmels (plus d'une demi-heure sur l'horaire indiqué) qui provoqua les flashes des photographes. A chacun son entrée avec ou sans grand Chambellan !!! 

Alain Rousset élu président de la Région (© Nicole Bertin)
Désormais, les conseillers régionaux du Poitou-Charentes appartiennent à la grande Aquitaine, nouvelle entité qui réunit trois régions. Afin de ne pas froisser les subtilités, son nom de baptême est à déterminer : les uns penchent pour Aquitania, les autres pour Sud-Ouest (collant par la même occasion avec le nom du journal) ou Aliénor, du prénom de la Reine qui jadis régna sur cette terre qu'elle partagea avec son époux Plantagenêt.
Lundi matin , l'heure n'était pas à ce casse-tête, mais à l'élection du président qui veillera aux destinées de la collectivité dont la vaste superficie pèsera dans les discussions à Paris !

L'arrivée d'Alain Rousset dans l'hémicycle
10 heures. Peu à peu, l'hémicycle se remplit, élus de fraîche date, conseillers régionaux "confirmés" et surtout Alain Rousset sur qui les yeux sont fixés. Sa réélection est une évidence. Toutefois, il convient de garder les formes ! Il entre, haute stature, regard volontaire, heureux d'être arrivé en tête de l'élection régionale devant les forces de droite qui l'ont terriblement titillé. Il n'a rien des Florentins prêts à sacrifier leurs intimes convictions au charme des sirènes. Peu lui importe d'être dans l'arène médiatique, il va à l'essentiel ! Le voici donc qui gravit les marches, serre des mains, embrasse des collèges féminines. Il rejoint son siège situé dans les hauteurs puisque son nom commence par R !
Il y a comme un moment de battement. Une figure fait défaut, celle de sa principale adversaire Virginie Calmels, une proche d'Alain Juppé qui s'y connaît dans l'art de la communication. Elle se fait désirer. On apprend bientôt que ce retard résulterait d'un différend entre l'UDI et Les Républicains quant à leur représentation à la Commission permanente…

Alain Rousset et le doyen de l'assemblée Michel Veunac
Virginie Calmels, chef de file de l'opposition
L'entrée (remarquée) des élus de l'opposition
Les membres de l'opposition rejoignent enfin leurs places dans l'amphithéâtre. Le doyen d'âge, Michel Veunac, élu des Pyrénées Atlantiques et maire de Biarritz (Modem) préside la séance. Chevelure argentée, sourire avenant, il savoure ce moment au cœur d'une journée qualifiée "d'historique". « Etre doyen octroie quelques privilèges. C'est un statut particulier, une présence éphémère. Si je suis le doyen de l'assemblée, c'est qu'elle est jeune ! » avoue-t-il en clin d'œil à ses 69 ans. Il souhaite que les débats à venir, en dehors des inévitables joutes, puissent exprimer une intelligence collective : « que les énergies soient cumulées loin des dogmatismes étriqués et des vaines batailles politiciennes. La plus grande Région de France doit se tenir en première ligne, offrant aux citoyens, aux jeunes en particulier qui se sentent frustrés, une autre idée de la représentation politique ». Et de citer la hauteur de vue de Charles de Gaulle : « l'important, c'est le destin de la France », la droiture de Pierre Mendès France et le courage de Simone Veil qui fit face à une majorité de députés masculins en novembre 1974 pour défendre le droit à l'IVG.
Suit la présentation de candidats à la présidence, deux en l'occurrence, Alain Rousset pour le groupe PS, PRG, EELV et Jacques Colombier pour le Front National. Les Républicains, l'UDI, CPNT (Chasse, Pêche, Nature et Traditions) et le Modem sont aux abonnés absents. Un peu dommage pour leurs électeurs…
Les opérations de vote sont longues, chaque élu devant passer par l'isoloir. Les résultats sont sans surprise : Alain Rousset, dont la majorité est à 107 voix, en recueille 108 (d'où des interrogations) ; Jacques Colombier fait le plein des voix FN 29 ; les blancs sont au nombre de 45, plus un nul (137 suffrages exprimés sur 183 votants). Sourire d'Alain Rousset qui retrouve son siège laissé vacant.

Les opérations de vote
Le dépouillement présidé par le benjamin de l'assemblée, B. Delrieux (24 ans)

L'attente... avant la proclamation des résultats
« Il n'y aura pas de centralisme bordelais »

« C'est à la fois un bonheur et une grande responsabilité. Nous allons créer ensemble une nouvelle Région » dit-il, conscient de la charge qui pèse sur ses épaules. La nouvelle Région représente 5,8 millions d'hommes et de femmes qui attendent beaucoup dans leur quotidien : « Nous allons rassembler nos forces dans le respect de nos identités ». Durant la campagne, Alain Rousset a compris que les citoyens éprouvaient une réelle défiance envers la classe politique : « Ils souffrent et pensent que l'action publique les oublie. A nous de leur montrer que nous sommes à leurs côtés ».
Le président est favorable à l'ouverture et « aux bonnes idées d'où qu'elles viennent » au sein d'une Région, « la plus belle de France » avec ses paysages variés et la côte atlantique. Une nature généreuse où s'épanouit « une prodigalité populaire » aux multiples facettes.
Il insiste sur la nécessité d'être proche de tous les territoires par la création d'une Datar (aménagement) et d'aides spécifiques aux zones en situation délicate. La Région s'appuiera sur les structures existantes, départements et intercommunalités. Il regrette que la notion de "pays", base judicieuse sur laquelle s'appuyer, ait disparu : « Nous devons inventer une nouvelle façon de vivre la démocratie, plus transparente, plus collaborative ». Pour constituer un outil performant, une mise en réseau des moyens existants sur les trois Régions est prévue : « cette administration du futur ne coûtera pas plus cher en raison des mutualisations ». Moyens modernes d'échanges, les vidéo-conférences éviteront les déplacements longs et finalement onéreux.

Les secteurs d'intervention de la Région sont l'enseignement secondaire (lycées), supérieur (universités), la formation professionnelle (CFA), les liaisons routières, ferroviaires (TER), les ports, le secteur de la santé avec la volonté de doter les petites communes de moyens performants, la lutte contre l'échec scolaire qui évitera la précarité (des plateformes de soutien, comme on en voit au Québec, sont une piste à explorer), la lutte contre le chômage. S'y ajoutent l'aéronautique, le secteur agricole et l'agro-alimentaire, la chimie verte, le tourisme, la forêt, les vignobles, le cognac, la recherche sur les matériaux de demain avec une symbiose constante entre les universités et le marché du travail. « Il faut développer l'apprentissage et permettre aux entreprises de recruter la main d'œuvre dont elles ont besoin. Nous devons à la fois tendre la main aux personnes en difficulté, mais aussi à ceux qui font prospérer l'économie, qui prennent des risques. Nous avons de forts potentiels à valoriser ».
De la à parler de l'ère numérique, il n'y a qu'un pas. Le déploiement du haut et très haut débit dans les territoires ruraux est insuffisant : « il s'agit d'aider tous ceux qui utilisent le numérique bien que nous n'ayons pas vocation à nous transformer en opérateur. Nous n'avons pas su passer du minitel à l'ordinateur et avons pris du retard dans ce domaine ».

« Il n'y aura pas de centralisme bordelais ! Chaque territoire possède ses particularités, ses richesses et ses atouts. Faisons en sorte que le monde de la créativité rejoigne celui de l'action publique » conclut Alain Rousset sous les applaudissements. La barre est haut placée et ses allusions à l'Allemagne ou à certaines provinces espagnoles démontrent qu'il a le regard tourné vers l'extérieur.

A droite, Jacky Emon, élu saintais
Un autre Saintais, Stéphane Trifiletti
La rochelaise Soraya Ammouche, élue PRG avec Benoit Biteau
 Vient ensuite l'élection des vice-présidents et des membres de la commission permanente. Qu'ajouter de plus sinon une espérance : que cette grande Région dont la capitale est Bordeaux - plus proche que Poitiers pour les Charentais-Maritimes - puisse devenir une véritable pépinière de projets !

Une élection largement immortalisée !
• Taxe carbone : Alain Rousset est favorable à la taxe carbone, 9000 camions par jour empruntant les routes de la Région. Sur les voies ferroviaires, il estime que l'Etat doit trouver d'autres sources de financement, dont l'emprunt.

• En ce qui concerne le manque de fonds propres, l'épargne centralisée à Paris rendrait « les délais inacceptables », d'où la nécessité d'avoir un outil performant à disposition "sur le terrain". La Banque Publique d'Investissement devrait-elle être régionale ?

• Pour Alain Rousset, les actions de la Région doivent être curatives et préventives !

PHOTOS NICOLE BERTIN
• Chaque année, des milliers d'actifs s'installent en Aquitaine. « Ceux qui recherchent un emploi font grimper notre taux de chômage » estime Alain Rousset.

• Un groupe va travailler sur le futur nom de la région Aquitaine Poitou-Charentes Limousin. Résultats de la consultation avant les vacances d'été.
  
Election des vice-présidents 
et membres de la Commission Permanente


 • Les 60 membres de la Commission Permanente :

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