dimanche 29 décembre 2013

Alchimie au château de Crazannes ?
Ses sculptures cacheraient-elles un secret ?

L’alchimie est un domaine qui intrigue en raison de son langage dit " hermétique " ! Avec le château de Dampierre-sur-Boutonne, connu pour sa fameuse galerie, le château de Crazannes, situé près de Saintes, possède sur sa façade des ornementations qui auraient un sens caché. 



Invité par les Archives de Charente-Maritime pour animer une conférence à Jonzac, Antoine Pellerin a expliqué au (nombreux) public le double message de ces sculptures. Un livre paru aux éditions du Croît Vif, " Crazannes, logis alchimique " est consacré à ce sujet un brin mystérieux.
Le saviez-vous ? La façade du château de Crazannes, datant du XVIe siècle, posséderait deux niveaux d’interprétation. L’être et le paraître en quelque sorte ! Tandis que certains y voient des sculptures “ésotériques“, d’autres estiment qu’il s’agit d’un pur style renaissance. Alchimie ou pas alchimie ?
Voilà bien la question soulevée par Antoine Pellerin qui avait devant lui un auditoire attentif, le sujet ayant de tout temps intrigué les esprits. Avant de dévoiler quelques secrets sur ce domaine mystérieux, autrement dit sur la lecture à faire des motifs, il expliqua comment un ouvrage avait pu être consacré à cette demeure énigmatique située à Port d’Envaux. «  Formidable aventure de trois ans  » qu’il a partagée avec Nicolas Faucherre.


Une alliance, comme celle du mercure et soufre ! 



En 2003, Nicolas Faucherre, alors professeur à l‘Université de La  Rochelle (il enseigne aujourd’hui dans le Sud de la France) et Antoine Pellerin, un passionné d’alchimie, acceptent de travailler sur le sujet, répondant à la demande de François Julien Labruyère, directeur des éditions du Croît Vif. Cette aventure littéraire n’est pas le fruit du hasard. Les deux hommes se connaissent et l’une des étudiantes de Nicolas Faucherre s’intéresse au château. Or, ses recherches se heurtent à des interrogations et pas n’importe lesquelles.
C’est en l’accompagnant à Crazannes qu’Antoine Pellerin remarque les nombreuses sculptures qui embellissent la façade principale. Intrigué, il les observe minutieusement et arrive à cette conclusion : dans leurs représentations, les artisans ont glissé des “messages“ particuliers s’adressant à des initiés. L’alchimie y apparaît en toile de fond.
Une telle révélation n’a rien d’étonnant. Les travaux de construction ont été commandés par Aimery Acarie du Bourdet au début du XVIe. Au cœur de la Renaissance, ce siècle est bouillonnant d’idées avec des humanistes comme Michel de Montaigne ou François Rabelais. Venant d’Italie, des aspirations nouvelles viennent rompre “la mystique austère“ du Moyen-Âge et comme l’Église n’est pas toujours bienveillante envers les esprits libres, les chercheurs utilisent un langage hermétique. N’oublions pas qu’à cette époque, elle est la première à enseigner que la Terre est un disque plat ! 

L’idée d’écrire un ouvrage prend rapidement forme. Nicolas Faucherre est chargé de la partie historique. Grâce à des documents précieux (dont les écrits de Denys Joly d’Aussy), il recueille bon nombre d’informations. Cependant, il reste une question à laquelle il ne peut répondre : «  Quelle preuve a-t-on que Bourdet était apte à comprendre le double langage des sculptures qu’il avait sous les yeux ? ». Pas la moindre, malheureusement.

Ce que devait être le logis initial
Que sait-on de l’histoire du château ? Il serait le premier édifice Renaissance de la région à présenter une façade ornée à usage privatif. Deux lectures y seraient offertes, l’une esthétique, l’autre relevant d’une «  métaphysique opérative ». Au fil des siècles, ayant appartenu à différentes familles, il a connu des périodes fastes et moins fastes. Un incendie, en particulier, l’a gravement endommagé.


Au XXe, soucieux de protéger l’édifice qui menace de s’effondrer, Chaudruc de Crazannes entreprend une rénovation : «  les sculptures d’origine, déposées vers 1830, ont été remises en place dans les années 1920. D’autres, trop abîmées, ont été refaites à d’identique, soit à cette période, soit en 1942 à la demande des Bâtiments de France qui confiaient ces réalisations aux artistes. Ils échappaient ainsi au STO. Soulignons au passage que le Baron Chaudruc et les Monuments Historiques se seraient livrés un véritable combat !  ».

Le château menaçait de s'écrouler...
Profitant d’un échafaudage, les deux auteurs ont localisé, dans les parties hautes, des éléments anciens réinsérés dans la maçonnerie. Ils ont identifié «  des sculptures neuves, ainsi que celles qui avaient été simplement réparées par l’adjonction d’attelles de ciment pierre  ». La seconde façade aurait dû être restaurée pareillement (les entourages de fenêtres avaient été préparés par les ouvriers), mais elle est restée en l’état. Elle affiche une allure étrange de manoir écossais, moins attrayante aux yeux des amateurs que sa “sœur jumelle festonnée“.
« Le livre que j’ai écrit avec Nicolas Faucherre est aussi l’histoire de cette enquête . Quand l’ancien propriétaire, M.  de Rochefort, m’a montré la façade ornée, j’ai tout de suite compris que sa richesse incroyable avait un sens. J’ai dit à Nicolas : on va faire une proposition d’interprétation, tout en essayant d’être cohérent. Le seul problème a été de distinguer les vraies sculptures des copies, d’autant que certaines, effondrées, avaient été replacées dans un endroit qui n’était pas le leur initialement. Il a fallu regarder les pièces une à une. Un spécialiste du Moyen-Âge a été consulté »  remarque Antoine Pellerin.

Le public réuni aux Archives de Jonzac
 L’esprit de l’homme est tombé dans la matière noire et il faut lui redonner la lumière  ! 

 «  L’alchimie est un labyrinthe : vous pouvez frapper à sa porte et rester en errance  ». En écoutant ces recommandations qui s’adressent aux “profanes“, on imagine un chemin long et semé d’embûches. La facilité serait de rester dans l’ignorance. Toutefois, “la curiosité“, comme l’appelle Antoine Pellerin, en chercheur passionné, est la plus forte. Durant de longs mois, il s’est investi dans la lecture du grimoire de pierre de Cazannes avec une attention particulière. La publication du livre a été « une sorte de conclusion », lui permettant d’envisager d’autres champs d’investigation. C’est très méthodiquement qu’il a détaillé ce qu’était le mercure, le soufre et le sel stabilisateur ainsi leur rôle dans les expériences des alchimistes, par-delà la symbolique. Les personnages de la porte d’entrée de Crazannes, allégorie du Grand œuvre, sont doubles. Les arbres, éléments du jardin minéral, ont une signification et le pèlerin n’est autre qu’un alchimiste qui chemine. «  Faites un voyage dans votre esprit  » recommanda le conférencier qui ajouta «  l’esprit de l’homme est tombé dans la matière noire et il faut lui redonner la lumière  » !


De longue date, les hommes veulent comprendre le monde qui les entoure. La création les fascine. Qui sont-ils, d’où viennent-ils, où vont-ils ? Le mystère reste entier et aujourd’hui encore, ils continuent à chercher, à explorer pour essayer de trouver la clé des songes ou les mystères de l’énergie quantique. La fusion des métaux, l’expérimentation des alliages leur ouvrent des nouvelles perspectives. La société progresse.
Contrairement à la chimie née au XVIIIe  siècle, qui codifie les formules, l’écriture alchimique n’existe pas. La transmission des connaissances est classique : elle s’effectue du maître à l’apprenti. Seuls les esprits suffisamment éveillés, délivrés des œillères, accèdent à la connaissance. Des ouvrages comme le “Mutus Liber“, édité en 1677 à La  Rochelle par un dénommé Altus, est révélateur : il ne comporte que des gravures. En s’exposant, les alchimistes couraient un danger réel puisque l’Église les traquait comme des sorciers. En conséquence, ils utilisaient un langage codé, allégorique. Les textes anciens parlent «  de principes universels qui s’adressent au monde vivant  ». La pierre philosophale est mentionnée plus tardivement.


L’accès aux livres cryptés est compliqué. Il faut d’ailleurs lire les récits des alchimistes avec prudence car leurs textes, y compris ceux les concernant, sont dignes des agents secrets. Quand Nicolas Flamel va à Saint-Jacques de Compostelle chercher l’étoile, il ne part pas en pèlerinage ! Il s’y rend par la terre, c’est-à-dire par voie sèche et rentre par la mer, la voie humide. En alchimie, « la voie sèche et son terme », décrits dans le traité de Basile Valentin en 1599, correspondent à la douzième et dernière clé de l’Œuvre. Son symbolisme se rapporte à une suite d’opérations dont l’ensemble est nommé “voie sèche“ par opposition à “la voie humide“ qui exigerait des ballons en verre plutôt que des creusets pour la préparation de la pierre philosophale…

Il est évident que tous les alchimistes n’ont pas poursuivi les mêmes recherches. Au XVIe  siècle, on les dit matérialistes, axés sur la transmutation des métaux. En France, des monnaies auraient été frappées avec de l’or alchimique pur à 100 %, donc sans impuretés. Au XVIIIe, c’est la franc-maçonnerie qui donne à l’alchimie sa connotation intellectuelle et philosophique en la présentant comme une “aspiration à la connaissance“. Au XXe  siècle, “l’alchimiste“ de Paulo Cuelho est devenu un best-seller ! L’alchimie garde sa part de mystère et fascine toujours et encore. Quant à l’artiste de Crazannes, il laisse une belle énigme sculptée dans la pierre, «  signature anonyme et magnifique qui s’accorde au précepte du prophète Zoroastre : savoir, pouvoir, oser, se taire  »


• La rosée des philosophes. Cette gravure extraite du Mutus Liber (conservé aux Archives de La  Rochelle) montre l’alchimiste et son épouse étendant et tordant des draps pour recueillir la “rosée céleste“ qui doit devenir la “rosée cuite“ dans la suite des opérations. Le mot “rosée“ a le sens grec de “rosis“ qui veut dire force, énergie.

 • Crazannes et Dampierre-sur-Boutonne
Les demeures philosophales du département seront-elles un jour recensées dans un guide ? Et pourquoi pas en deux versions, l’une destinée aux touristes et l’autre s’adressant à un public ciblé ? Le château de Crazannes est le premier édifice Renaissance de la région à présenter une façade ornée à usage privatif. Au château de Dampierre, la fameuse galerie à caissons, restaurée après le tragique incendie de 2002, est un lieu incontournable. Ajoutons à cette liste l’église de Lonzac et le château d‘Usson, situé à Pons, dont la structure primitive se trouvait sur la commune d’Echebrune (il a été reconstruit pierre par pierre au XIXe  siècle). Sans doute y manque-t-il des détails architecturaux, à moins que l’ingénieur William Augereau, en alchimiste averti, ait préservé les équilibres de sa nouvelle résidence !

La façade du château de Crazannes
• Opérer la transmutation de l’être et des métaux vils en or 
Longtemps confondue avec la magie et l’occultisme, l’alchimie est entourée d’un hâlo secret. Au XIXe siècle, Marcelin Berthelot voyait en elle « la recherche, d’inspiration spirituelle, d’un élixir universel capable d’opérer la transmutation de l’être et des métaux vils en or ». «  Il s’agit d’une science traditionnelle  » estiment les spécialistes, «  on doit la définir en fonction de ses rapports avec les structures et les valeurs des sociétés, des civilisations orientales et occidentales, antiques et médiévales où elle est née et s’est développée. Il faut se garder de la réduire à nos systèmes. C’est une mystique expérimentale. Elle observe principalement les relations entre la vie des métaux et l’âme universelle. Son désir est de délivrer l’esprit de la matière et la matière de l’esprit  ». Les trois voies de pénétration de l’alchimie arabe en Europe ont été l’Espagne (les Maures nous ont légué l’alambic), la Provence et la Sicile. Chassés d’Espagne, les savants juifs, installés dans le Sud de la France, ont contribué à sa propagation. Toutefois, nous n’avons pas à rougir : la plus vieille formule alchimique que nous possédons revient au moine Théophile. Dans son traité datant de la fin du XIe siècle, intitulé «  Schedula diversarum artium  », il mentionne le traitement des métaux pour fabriquer «  de l’or arabe et de l’or espagnol  ». En fait, il s’agirait d’alliages.

 • Se faire offrir une cornue pour les fêtes ?
S’il vous prenait l’envie de faire des expériences, il existe, dans la librairie du château de Dampierre, un catalogue édité par une association du centre de la France. Y sont recensés tous les objets dont l’alchimiste a besoin dans son laboratoire. Le feuilleter, c’est entrer dans un autre univers. De nos jours, il est vrai que le four à micro-ondes est plus répandu que la cornue ! Quant à l’athanor, appelé four philosophique car il devait permettre de réaliser la pierre philosophale (lapis philosophorum), il fait figure d’étrange objet. En forme de tour, il avait en son intérieur un récipient ovale (l’œuf) qui contenait la substance devant se transformer en pierre philosophale. Qu’importe si tout cela dépasse l’entendement, ne dit-on pas que pour comprendre l’alchimie, il faut oublier le moment présent ?…

 • Autrefois propriété de M. et Mme  de Rochefort, le château de Crazannes appartient à Jean-Pierre et Marie-Claude Giambiasi. En 2010, ils l’ont acheté à la barre du Tribunal de Saintes pour la somme de 1,33 M€. Le château, qui abrite des chambres d’hôtes, est ouvert toute l’année. Renseignement 05 46 90 15 94. contact@crazannes.com


• Crazannes a inspiré le conte du Chat Botté 
La sœur de Louis Acarie de la Rousselière avait épousé Jules Gouffier, comte de Caravaz, marquis de Saint-Cyr (XVIIeme). C’est ce personnage que Charles Perrault transforma en marquis de Carabas dans “Le Chat Botté“. La famille ayant possédé Crazannes, le château est entré dans la légende ! Des personnages célèbres sont passés par le château de Crazannes, dont le Prince Noir en 1362 (son nom est associé au château de Lormont près de Bordeaux) et le roi François 1er en 1519. Pierre Louis de La Rochefoucauld, évêque de Saintes, qui fut massacré à Paris en 1792, y séjourna.

Le donjon de Crazannes
Un musée consacré aux outils anciens est à découvrir au château
Reportage Nicole Bertin

Charente-Maritime :
Tempête sur les maires du Sud


Le redécoupage des cantons suscite de nombreuses réactions. Le canton de Montguyon trouve surprenant qu’on puisse l’associer à celui de Montendre qui conserve sa place de chef-lieu. Réunis à Saint-Pierre du Palais lundi dernier, les maires ont clamé haut et fort qu’ils ne se laisseraient pas faire en se donnant rendez-vous le 24  janvier à La  Rochelle… 


Poignée de main historique entre Francis Savin et Alain Chiron, tous deux candidats aux élections cantonales de 2008 sur le canton de Montguyon
Serions-nous à l’aube d’un grand mouvement de contestation ? Il n’est par interdit de le penser. Que Francis Savin, conseiller général, et Alain Chiron, maire de Saint-Aigulin, entourés des 11 maires du canton de Mont-guyon, puissent s’exprimer d’une seule voix démontre que l’heure est grave.
Réunis lundi dernier à Saint-Pierre du Palais, ils ont scellé un pacte, celui de résister à la carte cantonale présentée la semaine dernière par Béatrice Abollivier, préfet. En effet, appartenir au grand Montendre leur semble incohérent, même s’ils ne nourrissent aucun grief contre les habitants de la cité des pins !

  «  Montendre va l’emporter sur les cantons de Montlieu et de Montguyon  » 

 Francis Savin est devenu conseiller général du canton de Montguyon en 2008. Il appartient à la majorité départementale et plus généralement à la mouvance radicale qui bannit le sectarisme : «  il m’est arrivé de voter des dossiers présentés par la gauche au nom de l’intérêt du territoire. Je m’en explique d’abord avec le président. Il a toujours admis que nous ayons une liberté d’expression, en dehors des partis ». Il est vrai que Dominique Bussereau, lors du renouvellement de la présidence départementale, a lui-même bénéficié d’une voix venue d’ailleurs qui n’a toujours pas été identifiée. Officiellement, du moins !
Francis Savin n’est pas un homme à faire des esbroufes. S’il a décidé de réunir ses troupes, c’est qu’une offensive est en vue. Une bataille en réaction à la carte cantonale qui devrait être opérationnelle en mars 2015. Cette fameuse carte, qui réduit considérablement le nombre des cantons (de 51 à 27) était attendue depuis longtemps : «  elle était connue depuis un an environ, mais elle était tenue secrète. Nous espérions que des modifications interviendraient entre-temps  » explique-t-il. Quand la présentation en a été faite vendredi à La  Rochelle, les élus du canton de Montguyon ont réalisé avec stupeur que les rumeurs se confirmaient . Leurs communes et celles de Montlieu seraient désormais englobées dans le grand canton de Montendre (eux préfèrent « canton des Trois Monts »).
« Vu la configuration géographique, cette sorte d’entonnoir, nous nous attendions à rejoindre Montlieu, mais pas Montendre. De ce fait, Montendre va l’emporter sur les cantons de Montlieu et de Mont-guyon. Or, si la ville de Montendre est effectivement la plus peuplée, le canton de Montguyon est plus dynamique avec des ouvertures de classes, l’installation de nouveaux habitants sur La Clotte et Saint-Martin de Coux en particulier. Avec ce redécoupage, nous craignons la disparition des services de proximité  » souligne un édile. En effet, qui prendra en charge les collèges de Montlieu, Montguyon et Saint-Aigulin et que deviendra la perception de Saint-Aigulin ? «  D’ici deux ans, elle risque de disparaître  » estime Alain Chiron. Des menaces planeraient pareillement sur les gendarmeries de Montguyon et de Montlieu. Le maire de cette commune, située au bout du département, est victime d’une situation compliquée : Saint-Aigulin est à la fois proche de la Dordogne et de la Gironde, département dont il se sent très proche. La  Rochelle est bien éloignée et que dire de Poitiers !


«  Lalande se tourne trop vers Jonzac  » 

 Le maire de La Clotte, Claude Peynaud, déplore la distance qu’il faut accomplir pour se rendre à la préfecture ou au Conseil général de La Rochelle. «  Montendre ne sera pas la porte à côté pour aller récupérer les documents administratifs. Ce que nous voulons, c’est un rapprochement équilibré des cantons de Montlieu et Montguyon. Je vois comment ça se passe à la Communauté de Communes de Haute-Saintonge, Bernard Lalande se tourne trop vers Jonzac  ». Le maire de Saint-Martin de Coux abonde en son sens : «  ce qui est regrettable, c’est la disparition des chefs-lieux que sont Montlieu et Montguyon  ». Des comparaisons sont avancées au niveau de la population : «  Le canton de Montguyon compte 10 000 habitants et ce chiffre devrait évoluer dans les années à venir. Ceux de Montlieu et de Montendre sont respectivement à 6 000. Cela veut dire que nous allons faire 30  km pour se rendre à Montendre où la population est inférieure à la nôtre. Pourquoi les législateurs n’ont-ils retenu que le critère de population de la ville centre ?  ».

Francis Savin s’interroge sur la disparition des 15 % de subventions alloués aux chefs-lieux appelés à disparaître : «  La ville centralisatrice en profitera-t-elle ? Le Ministère n’a pas donné de réponse. Je suis l’action de Dominique Bussereau qui est de défendre la ruralité et son développement face aux zones urbaines qui ont davantage de moyens. Il n’y a pas si longtemps, on entendait dire que le Sud Saintonge était désert et qu’il ne s’y passait rien. Nous avons travaillé pour insuffler une vitalité et voilà que nos efforts seraient réduits à néant  ».
Alain Chiron, décidément remonté, rappelle qu’à Saint-Aigulin, il y a «  2 000 habitants, 2 800 hectares, 35 km de routes, 9 km de rues, 10,000 m2 de places, des entreprises et des artisans. Je pense que nous avons toute notre place  ». François Bastère, maire de Mont-guyon, partage ses arguments : «  A Montguyon, nous sommes à égale distance entre Montendre et Saint-Aigulin. Montguyon doit être chef-lieu de canton. Si l’on raisonne en terme d’habitants de pareille façon pour la CDCHS, ce n’est plus Jonzac qui devrait en être la capitale au 1er  janvier 2014, mais Pons !  ». 
Les préoccupations des maires pourraient se résumer à cette déclaration : « Nous, au fond de la Saintonge, on va perdre notre identité si Montendre est le patron !  ». Et un édile d’ajouter : « tout cela est politique, la gauche veut prendre la présidence du département. On politise tout et c’est mauvais. Moi, je suis de gauche et pourtant, j’ai voté pour Francis Savin aux dernières élections. Il est important de savoir dépasser les clivages  ». Certains ajoutent que la proportionnelle imposée dès 1000 habitats va changer la donne tandis que d’autres auraient carrément souhaité un référendum pour redéfinir les cantons.


Les ruraux ont une valeur moins importante que les urbains 

 Cette réunion était la première. Face aux journalistes, les maires ont dit ce qu’ils avaient sur le cœur, mais ils veulent aller plus loin : «  ce sera plus hard  » avoue l’un d’eux. Bien sûr, ils seront le 24  janvier au Conseil général avec leurs écharpes tricolores : les 472 maires que compte le département seront invités à y exprimer leurs doléances. «  Nous ferons entendre nos voix face à ce tripatouillage. Les ‘‘Doubots’’, autrement dit les habitants de la Double, sont en colère. Nous sommes des hommes libres et entendons le rester  » clame Alain Chiron qui n’y va pas de main morte : «  Savez-vous que les ruraux ont une valeur moins importante que les urbains ? 75  euros pour le secteur rural, 115  euros à La Rochelle et 128 euros à Bordeaux ! Les CDA ont des dotations plus conséquentes que les CDC  ».
«  Quand le département choisit d’aider les communes de moins de 5 000 habitants, il fait le bon choix  » ajoute Francis Savin qui guide le canton de Montguyon dans sa riposte. «  Ce redécoupage, nous ne l’acceptons pas. Nous dirons au préfet que nous voulons rejoindre Montlieu. Le maire de Montlieu ne sera pas d’accord ; les autres communes, comme Chevanceaux ou Bussac, le seront. Si nous ne sommes pas entendus, nous ferons des recours auprès du Conseil d’État  ».


Claude Peynaud est las de voir le Sud Saintonge « oublié » : «  Par notre action, nous avons démontré que nous appartenons pleinement à ce département  ». «  Il ne faut pas croire que nous sommes opposés aux Montendrais et nous n’avons rien contre la personne de Bernard Lalande. Le seul hic, c’est de voir l’anéantissement d’années d’efforts pour densifier le canton. Les gens qui arrivent ici veulent des structures, de la vie associative. S’il n’y a plus rien à offrir, aucun ingénieur ne viendra travailler à Saint-Aigulin. La désertification sera à craindre  » déclare Alain Chiron. Francis Savin admet que depuis la réouverture de l’école, fermée durant seize ans, la physionomie de Saint-Pierre du Palais a changé. «  Nous allons soumettre une contre proposition au préfet. Ce n’est pas une attitude de village gaulois, mais une réaction de bon sens  » conclut-il en ne se faisant guère d’illusion : «  Le ministère a travaillé sur deux ratios, la population et l’aspect politique. Ici, on est habitué à être bouffés et si l’on voulait faire de l’humour, on pourrait dire qu’il faut en faire deux fois plus, comme les femmes, pour être reconnus !  ».

Bref, les maires du canton Montguyon, fiers de leur culture gabaye (qui les distingue du secteur de Montendre) sont prêts à monter au créneau : «  Nous sommes des tignousses !  ». À suivre…

Nicole Bertin

 • Cherchez la femme ! Les nouvelles dispositions des élections départementales, où seront élus à la tête de chaque canton un homme et une femme, attire l’attention d’Alain Chiron : «  Quelles femmes seront sollicitées par les candidats masculins ? Là, il ne s’agit pas d’une simple suppléante (une adjointe, une proche), mais d’une élue qui aura de véritables responsabilités et n’habitera pas l’ancien canton du sortant. Avec le nouveau découpage, on peut imaginer qu’un élu de gauche prendra pour partenaire une femme qui aura pris sa carte au PS la veille ! Où seront alors les cohérences  » ? S’il est pour la parité, Francis Savin admet qu’il est inélégant, pour la gent féminine, de légiférer afin de favoriser leur entrée sur la scène publique : «  on aurait pu trouver d’autres solutions. Infliger de grosses amendes aux partis par exemple  ».

 • Francis Savin souligne que Montguyon a un vrai rôle à jouer dans le Sud Saintonge : Il y a la LGV et le futur centre de maintenance de Clérac, le centre d’enfouissement des déchets, l’usine Calcia, des entreprises, des travaux routiers prévus au Jarculet, etc.

 • Alain Chiron est désespéré quand un Aunisien lui demande où se trouve Saint-Aigulin : «  entre Marrakech et Oslo  » répond-il. Francis Savin se souvient qu’à son élection de 1995, un élu honorablement connu lui avait dit en venant à Saint-Pierre du Palais : «  jusqu’à Montendre, je prendrai la diligence et le chameau jusque chez vous  ». Depuis, la personne a révisé ses appréciations !

 • Le pont de la Dronne : Il est bien mal placé à Saint-Aigulin entre la Dordogne et la Charente-Maritime. Bilan, les travaux nécessaires traînent en longueur…

 • C’est sous Napoléon que La  Rochelle a été désignée préfecture plutôt que Saintes. La faute à un décolleté, paraît-il ! Histoire que déplorent vivement les maires du Sud favorables à un rapprochement avec la Gironde. Daniel Daviaud, le père de Pierre-Jean, en était le fervent défenseur avant que Jean-Pierre Raffarin ne reprenne le flambeau. D’ailleurs, de nombreux habitants du Sud Saintonge se font soigner à Libourne et vont faire leurs courses à Bordeaux. Jonzac et Saintes, c’est plus loin !

• Pour tous les maires, ce redécoupage est politique. Dix-huit conseillers masculins vont d’ailleurs quitter la scène en 2015, devant céder leurs places à des femmes. Sur le canton de Montendre, la situation risque d’être cocasse avec un duel Bernard Lalande (PS) face à Francis Savin (majorité départementale). Le choix de leurs compagnes féminines reste bien sûr à déterminer…  

Plutôt bons amis, Bernard Lalande et Francis Savin seront-ils opposés lors des prochaines élections départementales de 2015 ?

L’organisation du département : 
C’était comment avant  ?


L’organisation territoriale a connu de nombreux bouleversements. Retour en arrière… 

 Après bien des difficultés qui provenaient des rivalités qui opposent les villes de La Rochelle, Saintes et Saint-Jean d’Angély, le département Aunis et Saintonge est créé le 22 décembre 1789. Il comprend l’ancienne province de l’Aunis et la majeure partie de la Saintonge. Le 26 février 1790, le département change de nom. Il est dénommé Charente-Inférieure en référence au cours inférieur du fleuve qui le traverse d’Est en Ouest et surtout en vue d’effacer toute allusion possible aux noms des provinces qui le constituent, ces dernières perpétuant le souvenir de l’Ancien Régime. Le décret du 4 mars 1790 décide que La Rochelle, Saintes et Saint-Jean d’Angély assumeront alternativement le rôle de chef-lieu de département. Grâce à sa situation géographique, Saintes s’impose naturellement comme le chef-lieu administratif. Elle exerce ce rôle de commandement jusqu’au 19 mai 1810, date à laquelle cette fonction est définitivement transférée à La Rochelle.

 • Les sept anciens districts lors de la Constituante de 1790 

Sept districts sont délimités en 1790 : Saintes est le chef-lieu du département ; La Rochelle, Marennes, Rochefort, Angély-Boutonne, l’ancien nom de Saint-Jean d’Angély, Pons et Montlieu deviennent des chefs-lieux de district. Ils sont également les sièges de juridiction et Saintes est choisie pour être le chef-lieu judiciaire du département, fonction qu’elle a toujours gardée. Le découpage administratif de la Charente Inférieure en 1790 est donc le suivant : 7 districts et 49 cantons. La Rochelle administre 6 cantons : Courçon, La Jarrie, Marans, Nuaillé, Saint Martin de Ré et le canton du chef-lieu de district de La Rochelle. Rochefort administre 5 cantons : Benon, Ciré, Surgères, Tonnay-Charente et le canton du chef-lieu de district de Rochefort. Marennes administre 7 cantons : Le Gua, Oléron (qui est devenue Le Château d’Oléron), Royan, Saint-Pierre, Soubise, La Tremblade, et le canton du chef-lieu de district de Marennes. Cette petite ville exerça la fonction de chef-lieu de district de 1790 à 1800. Pons, jusqu’en 1800, administre 6 cantons : Archiac, Jonzac, Saint Fort-sur-Gironde, Mirambeau, Saint-Genis et le canton du chef-lieu de district de Pons. Montlieu administre, jusqu’en 1800, 5 cantons : Léoville, Montendre, Montguyon, Saint-Aigulin et le canton du chef-lieu de district de Montlieu. C’était le plus petit district autant en superficie qu’en population. Angély-Boutonne administre 11 cantons : Aulnay, Beauvais-sur-Matha, Brizambourg, Loulay, Lozay, Matha, Néré, Saint-Savinien, Taillebourg, Tonnay-Boutonne et le canton du chef-lieu de district d’Angély-Boutonne. C’était l’arrondissement qui possédait le plus grand nombre de cantons. Saintes administre 9 cantons : Cozes, Dompierre, Gémozac, Mortagne-sur-Gironde, Pont l’Abbé, Saint-Saturnin-de-Séchaud (actuelle commune de Port d’Envaux), Saujon, Talmont et le canton du chef-lieu de district de Saintes.

• Les six arrondissements lors du Consulat 

Le découpage administratif, tel qu’il fut établi à la Constitution de 1790, n’est pas définitif. En effet, au début du Consulat, instauré par Napoléon Bonaparte, une profonde réorganisation de la carte administrative de la France est engagée. Les lois de l’an III (1796) et du 28 Pluviôse an VIII (17 février 1800) contribuent à de profonds changements qui ont des répercussions sur la géographie administrative du département. Le préfet, assisté de sous-préfets, représentent le nouvel ordre public et le pouvoir central. Les districts sont supprimés et remplacés par des arrondissements. Des chefs-lieux de district sont également supprimés dans cette refonte territoriale - Montlieu et Pons - ainsi que de nombreux chefs-lieux de canton. Il y a également un remodelage des arrondissements, des cantons et même de quelques communes. La Préfecture est maintenue à Saintes. Jonzac, Marennes, Rochefort, La Rochelle et Saint Jean d’Angély occupent le rang de sous-préfectures. Le nombre de cantons est ramené à 40 et ne subit plus de modification jusqu’en 1973. Le nouvel arrondissement de Jonzac compte 7 cantons depuis 1800. Montlieu et Pons deviennent des chefs-lieux de canton. Le canton de Pons rejoint l’arrondissement de Saintes. Le canton de Léoville est intégré au canton de Jonzac qui n’en forme plus qu’un seul. De même le canton de Saint-Fort sur Gironde est inclus dans celui de Saint-Genis, ainsi que celui de Saint-Aigulin dans celui de Montguyon. Ce dernier est devenu le canton le plus étendu de l’arrondissement. Léoville, Saint Aigulin et Saint-

Fort sur Gironde perdent leurs fonctions de chef-lieu de canton en 1800 et sont reléguées au simple rang de communes. L’arrondissement de Saintes est remodelé et comprend huit cantons au lieu de neuf précédemment. Le canton de Saintes est subdivisé en deux cantons que sépare la Charente : Saintes-Nord et Saintes-Sud. La Charente Inférieure devient Charente-Maritime par un décret du 4 septembre 1941.

• La modification du nombre des cantons et des arrondissements 

Le décret-loi Poincaré du 10 septembre 1926 supprime les arrondissements de Marennes et de Saint Jean d’Angély qui sont respectivement rattachés aux arrondissements de Rochefort et de Saintes. De ce fait, ces deux villes perdent leur statut de sous-préfecture, mais elles conservent leurs fonctions judiciaires. En 1943, Saint-Jean d’Angély recouvre sa fonction de sous-préfecture et la totalité de son arrondissement. Par contre, Marennes a perdu cette fonction administrative depuis 1926, mais elle a pu garder les deux tribunaux d’Instance et de Commerce jusqu’à la réforme judiciaire de 2007.


• 5 arrondissements, 51 cantons 

Depuis le 26 novembre 1943, le département compte cinq arrondissements, Jonzac, Rochefort, La Rochelle, Saint-Jean d’Angély et Saintes. Si le nombre d’arrondissements n’a plus varié depuis la refonte administrative de 1943, il n’en a pas été ainsi des cantons dont le nombre a sensiblement évolué depuis 1973. Le ministère de l’Intérieur a tenu compte des évolutions démographiques. Les cantons rochelais ont doublé, passant de deux à quatre, tandis que le canton de Royan a été dédoublé. La commune de Saint-Georges de Didonne a été retranchée du canton de Saujon et annexée à une partie de la ville de Royan pour former le nouveau canton de Royan Est. Le redécoupage de 1985 voit la création de quatre nouveaux cantons rochelais, dont celui d’Aytré, un troisième canton à Rochefort et un troisième également à Saintes. Ainsi, la Charente-Maritime compte 51 cantons.

Le nouveau redécoupage, qui sera appliqué pour les élections des conseillers départementaux de 2015 modifie grandement la donne puisque la Charente-Maritime ne comptera plus que 27 cantons administrés par deux élus, un homme et une femme. Malgré l’augmentation sensible de la population du département depuis 1985 qui a gagné plus de 75000 habitants, surtout sur le littoral et dans les quatre principales agglomérations, aucune modification de la carte administrative n’a été effectuée en mars 2008, lors du renouvellement partiel (par moitié) de l’assemblée départementale.

Cantonales 2015 :
Quelques élus socialistes 
étudient la nouvelle carte cantonale


Il n’est pas certain que le nouveau redécoupage soit du goût de tous. Pourtant, le régime sévère qui consiste à remplacer les 51 cantons actuels par 27 au nom de l’efficacité et peut-être de l’économie (?) devrait en satisfaire beaucoup.
L’UMP, par la voix du président du Conseil général Dominique Bussereau, estime pourtant qu’il s’agit «  d’un charcutage  ». Chaque redécoupage, quelle que soit la majorité en place, apporte son lot de satisfaits et d’opposants. Cette réforme était annoncée depuis longtemps. Les rééquilibrages de territoire ont été faits. À présent, laissons les principaux intéressés s’exprimer sur le bien-fondé de ce "bouleversement". La droite s’étant déjà largement exprimée sur le sujet, nous avons souhaité rencontrer quelques délégués cantonaux de la majorité (parti socialiste) dans un secteur du département relativement central et qui est amené à disparaître (Saintes Est, Ouest et Nord) pour être remplacé par Saintes ville, Saint-Georges des Côteaux, Thénac et Chaniers.


• Isabelle Pichard-Chauché, élue cantonale PS de Saintes Ouest depuis 1998 : elle accomplit son troisième mandat à la commission des finances. «  Ce redécoupage est placé sous le signe de la parité. Actuellement, nous sommes 7 femmes sur 51 conseillers généraux. Avant 2011, nous n’étions que 4 seulement. Cela va donner une nouvelle relation au pouvoir, une nouvelle tonalité  ». Rappelons que pour 2015, il y aura obligation de présenter deux conseillers homme/femme par canton pour respecter une parité souhaitée et assumée au plus haut niveau. «  Au lieu d’être divisé en trois comme aujourd’hui, Saintes ne représentera plus qu’un seul canton. On redonne un équilibre entre l’urbain et le rural et cela rééquilibre la gouvernance politique entre la gauche et la droite  ».
Sera-t-elle candidate ? «  Je ne cours qu’un seul lièvre à la fois. Je suis candidate aux Municipales de Saintes (Isabelle Pichard-Chauché est la candidate officielle du PS pour mars  2014). Après, j’y verrai plus clair. En tout cas, je reste extrêmement attachée à la notion de département. Les conseillers généraux sont très visibles dans leur circonscription et cela devrait le rester  ».


• Christophe Dourthe, élu cantonal PS de Saintes Nord depuis 2001:  Il effectue son second mandat à la commission des affaires sociales. «  Ce redécoupage permet une représentation démographique à peu près égale. Il y avait vraiment des disparités assez flagrantes. Un canton de 3000 habitants ne pèse pas la même chose qu’un canton plus important. C’est une évidence  ». Rappelons que les nouveaux cantons du département de la Charente-Maritime devraient tenir compte chacun d’une moyenne de 23 0498 habitants avec quelques écarts en plus ou en moins. «  Concernant la parité stricte, je trouve que c’est une bonne chose. Les partis n’encouragent pas actuellement les femmes à prendre des responsabilités politiques. Cette grande première permettra de mettre le système en place et de voir comment il fonctionne et évolue  ». Concernant le travail effectué, Christophe Dourthe, par ailleurs médecin et maire de Bussac-sur-Charente, reconnaît qu’en «  étant conseiller cantonal, on essaie de décliner la politique départementale. Quand on est dans l’opposition, on est contre certaines décisions mais quand la majorité politique a tranché, on l’applique. J’essaie d’être loyal malgré cette schizophrénie. C’est l’intérêt commun qui prime  ».


• Jean-Yves Quéré, élu cantonal PS de Saintes Est depuis 2008  : Il effectue son premier mandat à la commission du Développement durable, agriculture et durabilité. «  Il faut tenir compte de la démographie du département et corriger les disparités flagrantes. Ce rééquilibrage et donc ce redécoupage étaient nécessaires et obligatoires. Les deux nouveautés que sont la parité homme/femme et le recalibrage du territoire sont de bonnes choses  ».
Concernant le travail en commission et en sessions du Conseil général, Jean-Yves Quéré déplore «  qu’étant dans l’opposition, on est limité dans nos actions. Il y a une certaine frustration à ne pas faire avancer les choses dans le sens souhaité. On a un sentiment d’impuissance. Je suis le porte-parole d’une partie de la population et je cherche à avoir des actions concrètes sur le territoire. C’est enrichissant, mais c’est sûrement plus agréable quand on est dans la majorité. C’est pour cela que je souhaite l’alternance pour les prochaines élections en 2015  ».
D’ici cette échéance, le débat sur cette nouvelle carte aura eu lieu au Département de la Charente-Maritime. Des avis consultatifs et des recours, qui seront validés ou non, seront à suivre avec attention puisque dès le 24  janvier prochain, une réunion est programmée en présence de tous les maires.
Didier Catineau

Jonzac :
Noël à la résidence Daniel


Lundi dernier, petits et grands ont fêté joyeusement Noël à la Résidence Daniel. Organiser des manifestations qui permettent de mieux se connaître est le but recherché par un groupe de résidents, soucieux de tisser des liens entre voisins. « Nous habitons le même espace, mais on ne se connaît pas ou peu. En décembre 2011, nous avons élaboré un projet de mieux vivre ensemble » souligne Catherine Deleseleuc, sous le regard approbateur de Françoise Reliaud (représentant la CAF).

Des idées ont été lancées dont celles de créer un jardin potager et d’éditer un journal qui donnera aux habitants des informations utiles (la résidence va être en travaux durant plusieurs mois, dont le désamiantage en particulier). Le premier numéro sera réalisé en collaboration avec les Archives départementales de Jonzac. « Avant la construction des blocs, il y avait une source ici et des moulins» souligne Christiane Bournet. La première édition devrait sortir dans quelques mois.
Après l’histoire, les chroniqueuses parleront de la vie de la cité.

Avec le Père Noël !
 Parmi les animations mises en place en 2013, figurent la galette des rois, Halloween et la fête de Noël qui avait attiré une trentaine de personnes au rez-de-chaussée du bâtiment E. Chacun avait apporté des victuailles, gâteaux, crêpes, boissons. Des poches de bonbons ont été offertes aux enfants par le Père Noël qui, malheureusement, n’avait pu arriver par la cheminée. Au programme, une lecture de contes et des jeux vidéo, le tout se terminant par un goûter.
De nouveaux rendez-vous suivront en 2014.



Claudia Nalbanti,
un sacré cordon-bleu !


Après avoir été sélectionnée à Jonzac lors des quarts de finale du Meilleur cuisinier amateur de France, Claudia Nalbanti a terminé troisième en finale à Paris. Elle compte ouvrir un restaurant après avoir suivi une formation professionnelle. 


Elle a le regard pétillant des habitants de l’Océan Indien ! En arrivant en France où elle s’est installée après mûre réflexion, Claudia Nalbanti a apporté avec elle moult recettes de son île du bout du monde. «  Je suis partie parce que j’avais besoin d’évasion. Je savais que dans la métropole, j’aurais un plus grand nombre d’opportunités. Je me suis posée à Saint-Yriex où j’ai eu le bonheur de rencontrer mon mari ». La voici donc en terre charentaise où elle n’a pas vue sur la mer, mais « elle ne me manque pas  » dit-elle. Elle y devient assistance maternelle, tout en cultivant cette passion qu’elle a toujours eue pour les bons petits plats.

Début 2013, décidée, elle s’inscrit à la sélection régionale du concours désignant le meilleur cuisinier amateur. Le rendez-vous a lieu en juin à Jonzac, en même temps que la présentation de la future eau minérale. Bien qu’émue face aux autres concurrents, Claudia ne perd pas le Nord et concocte plusieurs spécialités qui doivent rendre hommage à la pomme de terre. Voici le menu : pomme de terre sautée, purée de haricots blancs au citron vert et gingembre, dinde au curry. La bonne nouvelle tombe : elle est première ! «  Cela faisait deux ou trois ans que je regardais des émissions de télé consacrées à la cuisine et je me sentais prête à concourir. Dans ma famille, la cuisine est une tradition. Nous avons de nombreuses recettes qui viennent d’Asie, d’Inde. J’aime mettre ces saveurs en avant dans mes préparations  ».

 Arrive la demi-finale. Sur quatorze participants, elle se place dans les six premiers et la finale lui tend les bras en novembre à Paris. Il s’agit de réaliser 30 verrines en utilisant un panier surprise. Elle sort le grand jeu avec l’entrée (salade pomme de terre, bœuf sauté à la sauce soja et son jardin vert), une nage de lotte sauce safranée et ses quenelles colorées. Les palais sont séduits ! Elle se classe troisième et reçoit le coup de cœur du jury. Comme un bonheur n’arrive jamais, elle repart en croisade culinaire à La Rochelle où elle est demi-finaliste au concours « Chef des gourmets » chez Coutanceau, puis à la Fête de la Gastronomie de Sedan. Claudia en est maintenant persuadée : elle doit pousser plus loin l’aventure.

En 2014, elle suivra une formation au lycée hôtelier de Saint-Yreix afin d’y obtenir un diplôme. Et ensuite, elle concrétisera son rêve de jeune fille, ouvrir un restaurant ! «  Je suis confiante en l’avenir  » dit-elle en souhaitant de bonnes fêtes à tous les lecteurs de la Haute-Saintonge à qui elle dédie les trois recettes qui suivent. Bon appétit !

Les quarts de finale à Jonzac en juin 2013
 • Entrée : 
Hachard de légumes 

Ingrédients pour 6 personnes coût environ 3€/personne : • 1 chou blanc (ou chinois), • 300 g de haricots verts frais ou surgelés, • 300 g de carottes, • 1 gros poivron vert, • 2 cuillères à soupe d’huile, • 1/2 cuillère à café de curcuma ou safran, • 1 morceau de gingembre environ 2 cm, • sel et poivre, • 2 gousses d’ail moyennes sans germes • 1 pincée de piment d’Espelette en poudre • 2 cuillères à soupe de vinaigre blanc ou du jus de citron jaune frais
Préparation 
• Cuire les haricots verts, les égoutter et les rafraîchir • Râper tous les légumes dans le sens de la longueur en julienne. • Mettre deux cuillères à soupe d’huile dans un grand faitout chaud • Saisir l’ail, le gingembre, le curcuma • Ensuite les mélanger dans le faitout • Laisser refroidir 30 minutes • Verser l’ensemble dans un saladier (vinaigre, sel, poivre, piment d’Espelette) • Laisser macérer tout une nuit. Rectifier l’assaisonnement si besoin.
Remarques : Accompagnement avec ce hachard de légumes, jambon blanc, jambon sec ou saumon fumé. Le poivre n’est pas nécessaire.

• Plat de résistance 
: Émincé de dinde à la crème de coco et curry

Ingrédients pour 6 personnes coût 4€/personne : • 6 escalopes de dinde • 1 belle échalote • 2 gousses moyennes d’ail • 40 cl de crème (ou lait) de coco • 2 cm de gingembre frais • 1 cuillère à café de curry • ½ cuillère a café de curcuma • 2 tiges de citronnelle • 2 cuillères à soupe d’huile • sel et poivre
Préparation
• Coupez les escalopes de dinde en fines lamelles, mettez un peu d’huile de tournesol dans une cocotte et faire dorer. • Ajoutez l’échalote finement émincée, le curcuma et le curry. Laissez le tout cuire durant 10 minutes. • Piller ou mixer ail, gingembre, sel et émincer la citronnelle • Mettre le tout dans la cocotte • Mettez ensuite la crème (ou lait) de coco. Mélangez bien le tout. Laissez prendre 1 mn et baisser le feu.
Remarques : Accompagnez de riz parfumé Basmati ou thaï pour une ambiance créole ou pomme de terre vapeur ou écrasée. Pour le réchauffage, le lendemain, rallonger avec un petit peu de crème liquide à petit feu. Cette base de curry se fait aussi avec du poisson blanc, escalope de poulet, crevettes. Si vous utilisez du lait de coco c’est moins concentré en acide gras donc vous pouvez compléter avec de la fleurette allégée. Si vous utiliser la crème de coco pas besoin de crème fraîche. •
• Dessert : La crème brûlée à la mangue
Ingrédients pour 6 personnes, coût 3€/personne : • 6 jaunes d’œuf • 150 g de sucre • 60 cl de crème fleurette entière • 1 gousse de vanille • 1 grosse mangue coupée en brunoise (petits dès)
 Préparation : 10  minutes cuisson : 60 mn - repos : 120 mn - temps total : 195 mn - température 160 °C/180 °C. • Pour environ 6 ramequins à crème brûlée individuels, fouettez 6 jaunes d’œufs avec 150 g de sucre jusqu’à ce que le mélange blanchisse et devienne bien mousseux. • Fendez une gousse de vanille en 2, et grattez-en l’intérieur avec un couteau. Déposez les graines récupérées directement dans le saladier et mélangez. • Ajoutez la crème fleurette entière et mélangez énergiquement au fouet. • Mettre dans les ramequins les dès de mangue. Versez la crème dans les ramequins et passez-les au four préchauffé à 180 °C (selon la puissance de votre four) pendant environ 1 heure au bain-marie • Laissez refroidir à température ambiante puis placez au réfrigérateur pendant environ 2 heures pour que la crème soit bien figée. • Caraméliser au chalumeau ou au four. Dans ce cas, passer les crèmes quelques instants sous le gril du four très chaud (si vous choisissez cette option, placez les crèmes au congélateur 15-20 minutes avant de les caraméliser).
 Conseil : Brûlez vos crèmes qu’au moment de servir. Si vous le faites à l’avance, la crème perdra tout son craquant. Si vous n’avez pas de chalumeau, mettez 10  minutes vos crèmes au congélateur pour bloquer un peu et faites-les griller au four position grill.

Viaduc de Jonzac : Pas encore
en service et déjà en procès...


Le viaduc de la route de Champagnac aurait-il le mauvais œil? Depuis qu’il a été construit, voici quelques années, rien ne se passe comme l’avaient prévu le Conseil général et le président de la CDCHS, Claude Belot.

La nouvelle rocade, qui reliera la route de Montendre au secteur des Antilles, du casino et du futur centre des congrès, a bien du mal à aboutir. « Patience et longueur de temps  » disent les élus qui rappellent que chaque projet requiert une bonne dose de sérénité. D’autant que l’heure n’est plus aux dépenses excessives après une période de vaches grasses…

Le viaduc de Jonzac présente des malfaçons
Si la rocade est bloquée, c’est que deux agriculteurs, Alain Seguin et Didier Lucchese, sont en désaccord avec le Département sur la valeur de leurs terrains. Bilan, une procédure d’expropriation a été ouverte. Depuis, chaque partie reste sur ses positions: le Département veut s’aligner sur les Domaines; les agriculteurs, quant à eux, clament que ces terres sont viticoles et qu’en conséquence, ils ne les lâcheront pas pour rien (en raison du cours du cognac).
Pour l’instant, rien n’avance puisque le tribunal n’a pas tranché. Les deux camps fourbissent leurs armes et seule la venue du Juge réglera cet épineux litige. Après avoir entendu les deux «versions», le magistrat déterminera le juste prix. La contestation porte sur quatre ou cinq hectares, les autres propriétaires ayant accepté les propositions du Conseil général. La justice devrait intervenir en 2014, sans en connaître la date.
Le conseiller général, Jean-Claude Beaulieu, ne désespère pas pour autant: «  nous avons lancé le dossier de consultation des entreprises pour la réalisation de la rocade. Les offres seront étudiées au début de l’année. Nous espérons que ce dossier trouvera un aboutissement dans les mois qui viennent. Pour l’instant, nous sommes soumis au bon vouloir du Juge  ». Le budget total de la rocade est de 11millions d’euros, somme qui représente environ la moitié du budget alloué par le Département aux routes.

Reste le viaduc qui ne se porte pas très bien. En effet, des malfaçons sont apparues dans le béton qui laisse apparaître des déficiences et l’enrobé n’est pas régulier. Le Conseil général a porté plainte contre la société qui a réalisé les travaux. Laquelle conteste de telles accusations puisqu’elle estime que son travail a été correctement accompli.

 Il y a tout de même un chantier qui ne pose aucun problème, celui du nouveau rond-point que Jean-Claude Beaulieu a réceptionné récemment et normalement.


N'a-t-on pas mis la charrue avant les bœufs en réalisant ce viaduc sans savoir quand serait faite la rocade ?...

Centre des congrès
de Jonzac : dites 33 !


Claude Belot peut être satisfait. Alors que la subvention allouée pour ce type d’aménagement est de 20 % du montant global des travaux, le Département a décidé d’appliquer l’ancien taux de 33,33 % au futur centre des congrès de Jonzac. Un cadeau dans les souliers de la Communauté de Communes de la Haute-Saintonge en cette période de Noël ?


En juillet  2007, une subvention de 3 140 720 € a été attribuée par le Conseil général à la commune de Jonzac pour l’aménagement du complexe culturel du Val de Seugne destiné à accueillir des congrès, séminaires et spectacles, soit 33,33 % d’une dépense subventionnable de 9 422 160 €. À ce jour, 200 000 € lui ont été versés pour l’acquisition des terrains et la réalisation d’études pré-opérationnelles. En juin dernier, Claude Belot a informé le Département du transfert de la maîtrise d’ouvrage de la commune à la Communauté des Communes de la Haute Saintonge.

Depuis 2007, l’évolution du projet (intégration environnementale, polyvalence des espaces, augmentation des surfaces et des équipements scénographiques) a gonflé l’enveloppe initiale. De 10 millions, le montant de l’investissement est estimé à 15 075 000 € HT. Le surcoût du projet initial se situe aux postes suivants : Acquisitions foncières 275 000 € ; études pré-opérationnelles (on passe de 147 160 € à 177 610 €) ; salle multifonctions/agora (de 3 100 000 € à 4 800 000 €) ; salles de séminaires (de 305 000 € à 1 534 200 €) ; auditorium (de 1 315 000 € à 2 700 000 €) ; VRD, branchements, portails, aménagements paysagers périphériques, stationnements périphériques (de 210 000 € à 1 430 000 €) ; mobilier salles, auditorium, équipements scéniques, sono, lumière 1 533 060 € ; aléas imprévus (actualisation des prix travaux, variation des indices, réglementation des personnes à mobilité réduite 2007 et réglementation thermique) 440 190 €. Sous-total : de 7 550 160 € à 12 890 060 €. Honoraires (maîtrise d’œuvre, contrôle technique, contrôle sécurité, assurance dommage-ouvrage), mandataire, frais divers (géomètre, études de sols) : de 1 360 000 € à 2 184 940 € : aménagements paysagers, cheminements vers les Antilles et le centre-ville, espaces ludiques 512 000 €. Soit un total à la hausse qui grimpe de 9 422 160 € à 15 075 000 €.

À ce titre, la Communauté des Communes de la Haute Saintonge a sollicité du Conseil général un ajustement de la subvention sur cette nouvelle somme, tout en maintenant le taux d’intervention de 33,33 %, soit une aide globale de 5 024 498 € (dont 200 000 € déjà versés). Les autres participations du FNADT (1,8 M€), du ministère de l’Intérieur (200 000 €) et de la Région (1,35 M€) resteraient inchangées.

Le Conseil général a décidé de maintenir le taux de subvention à 33,33 % et de répartir son aide en six versements sur six ans selon les modalités suivantes : premier versement effectué dès lors que 17 % des dépenses sont justifiées et ainsi de suite par tranche de 17 % avec le solde la sixième année. Si l’ensemble des conseillers généraux du Sud Saintonge, également vice-présidents de la Communauté de communes et donc intéressés par ce financement (de Bernard Lalande à Jean-Claude Beaulieu en passant par Chantal Guimberteau, Bernard Louis Joseph et Francis Savin) ont soutenu ce dossier, sans oublier le rochelais socialiste Denis Leroy, ce sont les Radicaux de gauche en la personne de Pascal Ferchaud, conseiller général et maire de Saujon, qui sont montés au créneau. En effet, ils estiment que si le Département a adopté un nouveau taux de 20 %, il est anormal que certains dossiers puissent encore bénéficier de l’ancien taux à 33,33 %. Tandis que certains s’interrogent «  sur le pourquoi du comment vis-à-vis de la CDCHS de Jonzac  », d’autres expliquent haut et fort que ce projet s’inscrit dans le développement des territoires ruraux, c’est pourquoi il est important de le financer.
Dans la foulée, les élus ont également voté 33,33 % de subventions pour la salle de spectacles du Château d’Oléron.

Municipales de Saintes :
Les Communistes avec Jean Rouger


C’est mercredi dernier qu’a été inaugurée la permanence de Jean Rouger, rue Monconseil. 

Inauguration de la permanence de Jean Rouger, rue Monconseil
Le maire sortant est plus que jamais prêt à affronter sa rivale de gauche, Isabelle Pichard Chauché, sortie vainqueur de la primaire socialiste. Après avoir « pactisé » avec l’ex Modem Jean-Philippe Ardouin, il a convaincu le parti communiste de le rejoindre. Ce dernier a tenu une assemblée afin de déterminer ses choix. «  L’équipe de Jean Rouger compte déjà deux adjoints communistes, Michèle Carmousse et Thierry Leblanc, ainsi que deux conseillers, Gilbert Champarneau et E. Ferreira. Ce qui est important pour nous, c’est que le programme de Jean Rouger soit compatible avec nos idées et non libéral. Quant à la présence de Jean-Philippe Ardouin, elle ne nous gêne pas en ce sens où il n’est plus encarté au Modem et qu’il a toujours voté les budgets de l’équipe actuelle  » souligne Patrick Maurice, responsable de section.
 Après une seconde réunion du PC qui s’est tenue mardi soir, les militants sont tombés d’accord sur leur présence au sein de la liste Rouger. Appel a donc été lancé aux candidatures. Six postes leur sont offerts dont deux d’adjoints. Il est à noter que Thierry Leblan ne souhaite pas repartir. Pourquoi les choses n’ont-elles pas marché avec Isabelle Pichard Chauché ? «  Tout simplement parce que nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes. Elle nous proposait deux femmes adjointes et un homme délégué. Comme elle n’a pas voulu revenir sur sa décision, le dialogue a été interrompu  » explique Patrick Maurice. La suite au prochain numéro…

Avec deux listes menées par des candidats socialistes, dont celle du maire sortant Jean Rouger, les élections municipales saintaises risquent d'être mouvementées...
 

vendredi 27 décembre 2013

Carte cantonale :
Questions à Xavier de Roux,
maire de Chaniers


Maire depuis 1983, Xavier de Roux ne se représente pas aux élections municipales. Au moment où le redécoupage des cantons alimente grandement les conversations, quel regard porte-t-il sur ce nouvel échiquier ?

 • Au moment où vous allez quitter la scène publique en ne briguant pas de nouveau mandat, Chaniers devient chef-lieu de canton ! Cela pourrait-il vous donner envie de rester ? 

Je suis très heureux que Chaniers devienne chef-lieu de canton. Voilà des années que nous réclamons ce statut puisqu’en réalité, Chaniers qui est plus peuplée que Montendre ou Jonzac, joue ce rôle. C’était d’ailleurs le sens de la création d’une CDC entre Burie et Chaniers qui n’a pas duré longtemps. Nous revenons à ce schéma. Le canton de Chaniers comprend effectivement tout le territoire de Burie, celui de Saint-Hilaire de Villefranche en grande partie, et des communes de l’Ouest de Saintes. Politiquement, sur ce territoire, il y a plusieurs conseillers généraux socialistes. Il sera amusant de voir celui qui sera le candidat masculin de Jean Yves Quéré, Christophe Dourthe ou Fabrice Barusseau. Il est évident que ce canton est censé être à gauche. Ceci étant, ça ne veut pas dire grand-chose. Le canton de Saintes Est, créé par Philippe Marchand, m’a régulièrement élu pendant 25 ans. Mais surtout, ce découpage pose une vraie question qui est l’organisation et l’administration de nos territoires. On vient de faire à grand-peine une CDA à Saintes sans d’ailleurs qu’il existe d’agglomération. Sur ce territoire, on bâtit des cantons ruraux. Que porteront ces cantons ? Quel sera le rôle du conseiller départemental par rapport aux élus des communautés ? Tout cela est un bazar total et Napoléon doit se retourner dans sa tombe ! En réalité, la désorganisation de l’administration territoriale coûte une fortune aux contribuables pour le plaisir de quelques féodaux. Le vrai courage politique, puisqu’on parle toujours de simplification et d’économies, serait de refaire enfin la carte administrative de la France. Sans cette nouvelle carte, nous vivons dans le désordre total et la gabegie au quotidien. Prenez la CDA de Saintes : elle emploie plus de 500 personnes, verse 19 millions de salaires, pour faire quoi ? Jusqu’à présent, une piscine. Il y a en d’ailleurs une tous les 20 km dans ce département…

•  À quoi vont servir ces cantons ? 

C’est toute la question. S’agit-il de simples circonscriptions pour faire élire un conseiller et une conseillère départementaux ou d’un territoire présentant une solidarité de projets ? Je suis bien incapable de répondre à cette question. Et je la laisse bien volontiers à mes successeurs.

Dominique Bussereau :
nous n’hésiterons pas
à attaquer 
le futur décret
devant le Conseil d’Etat


À l’annonce de la nouvelle carte départementale de Charente-Maritime, Dominique Bussereau n’a pas mâché ses mots : «  On pourrait décerner au Parti socialiste le titre de meilleur ouvrier charcutier de France pour la découpe de la Charente-Maritime  »... 



• Dominique Bussereau, quelle a été votre première réaction en découvrant ce redécoupage ? 

Ma première réaction a été de la colère parce que c’est un redécoupage purement politique. Je l’ai même qualifié de brigandage partisan. En disant cela, je ne mets pas en cause la préfète ou le ministère de l’Intérieur. Il a été fait par le Parti socialiste de Charente-Maritime qui s’en vante. C’est du charcutage, du tripatouillage faits dans un esprit partisan pour essayer de prendre, par le découpage des cantons, un département qu’il n’a pas obtenu par les urnes. Dans les années 80, le dernier découpage a été réalisé par Philippe Marchand et Josy Moinet, qui étaient alors aux affaires, pour fortifier la gauche. L’ironie de la situation, c’est que la droite, réunie autour du CDS François Blaizot, a remporté les Cantonales en 1985 ! Il y avait sans doute des choses à modifier, mais pas au stade que nous avons actuellement sous les yeux. On pourrait décerner au Parti socialiste le titre de meilleur ouvrier charcutier de France pour la découpe de la Charente-Maritime.

• Qu’est-ce qui va changer ? 

Prenons la Haute-Saintonge. Les trois cantons du Sud, Montlieu, Montguyon et Montendre, composeront désormais le seul canton de Montendre. Soit 50 km entre la commune la plus au Nord et celle qui est la plus au Sud, La Barde. Ce canton sera énorme. Jusqu’à présent, chacun de ces trois cantons dispose, entre autres, d’un collège et d’une gendarmerie. Les communes qui ne seront plus chefs-lieux de canton vont perdre 15 % de leurs dotations. L’organisation va s’en ressentir. En mauvais état, la gendarmerie de Montlieu ne sera pas reconstruite puisque Montlieu ne sera plus chef-lieu de canton. Il y aura aussi une influence sur l’organisation des services publics de l’État, Sivom, Sivos qui gèrent des équipements sur une base cantonale, sans compter les associations sportives ou caritatives. Tout un maillage va s’étioler. Le canton de Jonzac sera également un vaste canton avec Archiac, une partie de Mirambeau et de Saint-Genis. À Pons, Daniel Laurent préfère garder une note d’humour : son canton aura désormais accès à l’estuaire. Il aura vue sur la mer par la commune de Saint-Bonnet sur Gironde ! On s’aperçoit que les efforts déployés pour mettre au point une intercommunalité de qualité n’ont pas été pris en compte partout dans ce découpage. Je pense en particulier à un canton « balafré », celui de Thénac qui comprend du Saintes, du Pons et du Gémozac. Il est à cheval sur trois intercommunalités, la CDA de Saintes, la CDC de la Saintonge Viticole de Gémozac et la CDCHS. Les communes qui se retrouveront dans un canton, en appartenant à une structure intercommunale différente, vont certainement rencontrer des situations compliquées. À Royan, le découpage datait des années 70 où la ville avait été coupée en deux. Maintenant, Saint-Palais sur Mer part à La Tremblade et Vaux est avec Royan et Saint-Georges de Didonne. On aurait pu faire une entité urbaine autour de Royan. Saint-Georges a, en effet, des liens avec Meschers. Or, Meschers est désormais chef-lieu de canton tandis que Semussac rejoint Saujon. C’est vraiment quelque de chose de bizarroïde, toutes ces additions faites par le PS pour obtenir la majorité. 

• N’irait-on pas vers un redécoupage des circonscriptions législatives ? 

On peut le penser. Le changement des circonscriptions est en arrière-plan. Le découpage des cantons révèle la volonté de briser la légitimité des élus actuellement en place. De plus, les conseillers départementaux seront deux sur un même canton. En compliquant le travail des élus, on va affaiblir les départements. Ils devront jongler avec différents interlocuteurs. Cela ne va pas simplifier la vie publique. L’application de ce nouveau découpage aura lieu en 2015 pour les élections départementales, prévues en même temps que les élections régionales. Toutefois, il n’est pas exclu que le Gouvernement, en raison des sondages effroyables qu’il recueille, puisse les repousser à septembre 2015. Dans ce cas-là, il faudrait légiférer et je ne suis pas sûr que le Conseil constitutionnel accepte. Le paradoxe serait alors que nous votions sur les anciens cantons plutôt que sur les nouveaux si la loi n’est pas adoptée…

• Quelles actions allez-vous mener ? 

 Les 472 maires de Charente-Maritime sont invités à délibérer avec leurs conseils municipaux et à donner un avis avant la date du 24 janvier où aura lieu la session extraordinaire du Conseil général. Ils participeront à cette réunion en présence de Mme le Préfet chargée de recueillir les différentes réactions. Les conseillers généraux, dont les cantons seront supprimés, vont réunir leurs maires et des conférences de presse seront organisées. Nous allons faire du contentieux administratif et saisir le Conseil d’État - section de l’Intérieur - pour lui indiquer que ce découpage ne nous paraît pas cohérent. Il s’agit de pré-contentieux. Ensuite, Conseil général, conseillers généraux, maires, citoyens qui le veulent et associations, nous n’hésiterons pas à attaquer le futur décret devant le Conseil d’État. Il pourrait y avoir plusieurs centaines de recours. La mobilisation sera très forte la semaine prochaine et après les fêtes, elle montera en puissance pour la session de janvier. Nous allons naturellement nous battre contre ce découpage injuste. Ce qui me choque, c’est qu’on veut créer un Conseil départemental à majorité urbaine en faisant fi de la ruralité. Le Conseil général a toujours été le défenseur des petites communes. Il ne pourra plus jouer ce rôle de redistribution envers les localités les moins bien loties.


Dominique Bussereau : « L’astuce de ce découpage consiste à mettre en rivalité sur un même canton Daniel Laurent, Bernard Louis Joseph et Jacky Quesson par exemple. Idem à Saint-Jean d’Angély ou à Montendre avec Bernard Lalande, Thierry Julien et Francis Savin ». 

 POINTS DE VUE 

 • Chantal Guimberteau, conseiller général UMP d’Archiac



En ce qui concerne le périmètre du nouveau canton, il n’y a pas de véritable bouleversement en ce sens où toutes les communes appartiennent à la Communauté de communes de Haute-Saintonge et que le canton d’Archiac n’a pas été partagé en deux. Le problème, c’est bien sûr qu’Archiac va perdre sa position de chef-lieu de canton et que l’existence du SIVOM puisse être remise en cause. En effet, il a en charge des installations cantonales. Qui pourra se substituer à lui si ce n’est la CDCHS dont le rôle n’est pas de financer le fonctionnement, comme le préconise le président Belot. D’ailleurs, si nous avons pu conduire à bien de grands projets, c’est précisément parce que la CDCHS privilégie l’investissement. Assumer de nouvelles charges ne pourra qu’entraîner une hausse de la fiscalité locale, ce que ne souhaitent pas les contribuables. Cette nouvelle délimitation des cantons va entraîner des bouleversements, ne serait-ce qu’à l’échelon des associations cantonales et plus simplement des en-têtes de lettres qu’il faudra réactualiser…

 • Jean-Claude Beaulieu, conseiller général UMP de Jonzac


Cette manœuvre n’a qu’un seul objectif : faire disparaître les départements ». Si le nouveau canton de Jonzac ne connaît pas de grand bouleversement, je trouve totalement débile que deux élus soient chargés d’administrer les futurs cantons. Pour que les choses soient efficaces, il faut une seule unité de commandement. Comment ces élus définiront-ils leurs rôles ? Il est évident qu’ils devront être sur la même longueur d’ondes pour cohabiter. Pour moi, ce tandem homme/femme peut générer des conflits potentiels. Ils devront se respecter si l’on veut que le canton soit efficacement représenté. Par contre, je me réjouis de l’arrivée des femmes en nombre égal avec les hommes et je pense qu’elles devraient être plus nombreuses à l’Assemblée Nationale où elles ne sont que 17 %. Les concepteurs de ce découpage avancent des arguments de simplification, de répartition géographique, mais la manière incohérente dont le dispositif a été mis en place suscite des interrogations. De plus, dans certains cantons, on ne tient pas compte des intercommunalités et des réalités du monde rural en particulier. Tout cela est triste et navrant, voire irritant.

 • Jacky Quesson, conseiller général DVD du canton de Saint-Genis : «Nous allons nous battre » 

J’ai une réaction de dégoût. Les cantons de Mirambeau et Saint-Genis sont victimes d’un découpage farfelu alors qu’ils auraient pu tout simplement être réunis. Que dire quand on voit que Saint-Sigismond de Clermont va rejoindre Jonzac et que Courpignac, qui est proche de Montendre, sera à Pons ? On se moque de nous. Cette carte détruit un siècle d’organisation territoriale. Que vont devenir les chefs-lieux qui seront supprimés ? Ils vont perdre des dotations. Or, ils doivent s’occuper de leur collège à moins que la Région assume cette fonction à l’avenir. Deux millions d’euros ont déjà été supprimés qui étaient versés aux petites communes. Nous devons également prendre en charge la réforme des rythmes scolaires. Des bilans ont déjà été établis : à Châtelaillon par exemple, il faudra dépenser 20 000 euros pour l’année et Chantal Guimberteau a estimé que sur le RPI d’Arthenac, chaque enfant coûtera 300 euros. Sans compter les transports scolaires qui sont assurés par le Conseil général. Du côté des structures syndicales, le Sivom de Saint-Genis, qui s’est réuni lundi après-midi, va voler en éclat et je ne donne pas cher du Sivu. Vraiment, on ne s’attendait pas à un tel chambardement. Jusqu’à présent, sur la Haute-Saintonge, huit conseillers généraux portaient la parole du monde rural, ils ne seront plus que six. Les aides, qui atteignent 70 % pour le monde urbain, vont s’accentuer au détriment des petites communes. Je me bats aux côtés de Dominique Bussereau et de Claude Belot depuis des années pour dynamiser le tissu rural. Puisque tout va changer, je n’ai plus rien à faire au Conseil général ! Cela m’importe peu que je ne puisse pas me représenter au conseil départemental en 2015. Je ne pense pas à moi, mais aux habitants que j’aide au quotidien. Nous allons nous battre, mais il s’agit d’un décret. Dans ce cas-là, serons-nous entendus ?

 • Bernard Lalande, conseiller général PS de Montendre



Je pense que le débat sur le découpage électoral des cantons n’est pas le sujet prioritaire des Charentais-Maritimes en cette fin d’année 2013. Ils demandent plutôt à leurs élus de consacrer toute leur énergie à autre chose que des querelles partisanes. Pour ma part, j’ai déserté le parti de la mémoire courte, Monsieur Sarkozy souhaitait la suppression des cantons.

 • Francis Savin, conseiller général UMP de Montguyon 

 Les gens de Montlieu et de Montguyon ne veulent pas être rattachés au canton de Montendre. Cette idée les affole ! Qu’ils soient de gauche ou de droite, ils trouvent ce nouveau canton extravagant. Nous allons tout faire pour faire entendre notre voix auprès du Ministère. Une rencontre aura bientôt lieu avec les maires.

 • Thierry Jullien, conseiller général PS de Montlieu- la-Garde 


Concernant le nouveau canton de Montendre qui réunit ceux de Montendre, Montlieu-la-Garde et Montguyon (les trois Monts) ce sont des cantons qui se ressemblent au niveau du bassin de vie, de la proximité bordelaise, des besoins des gens etc. Il y a une cohérence sur ce territoire.

 • Bernard Louis-Joseph, conseiller général de Mirambeau



Le canton de Mirambeau va disparaître. Pour moi, c’est la mort du monde rural car historiquement, le chef-lieu de canton est la référence. Le risque, c’est de voir des services comme la perception, les pompiers, les gendarmeries, être centralisés au niveau du nouveau chef-lieu de canton, c’est-à-dire Pons qui aura désormais un port, Vitrezay ! Je crains aussi c’est que cela produise des élus professionnels sans contact avec le terrain. Pons aura désormais un port… celui de Vitrezay !

 • Loïc Girard, conseiller général de Gémozac 

 Je pense que le choix de Meschers comme chef-lieu n’est pas définitif et pourra être modifié. L’association des cantons de Cozes et Gémozac ne me semble pas incohérente au regard de l’état démographique. Nous allons voir baisser nos dotations générales. Gémozac c’est 89 000  euros de dotation de solidarité rurale.

• Daniel Laurent, conseiller général UMP de Pons 

Tout d’abord, je trouve anormal que les élus n’aient pas été consultés, à commencer par les maires. On nous place devant le fait accompli. Ce découpage est scandaleux. Que Pons englobe Saint-Bonnet et Courpignac se passe de commentaires. Et que dire des communes de Brives, Salignac, Pérignac et Coulonges qui dépendront du nouveau canton de Thénac, tout en appartenant à la Communauté de communes de Haute-Saintonge. C’est incohérent. Je vais réunir les maires pour que nous fassions le point et puissions exprimer nos doléances. J’ai eu certains d’entre eux au téléphone, ils sont remontés comme des pendules ! Les territoires vont en pâtir. Le but de cette stratégie est de permettre à la gauche de prendre les rênes du département. Il est évident que la représentation va changer. Déjà, des conseillers généraux ont compris qu’ils ne pourraient pas se représenter faute de cantons. Personnellement, je suis favorable à la parité qui enrichit le débat démocratique. Nous allons nous battre contre les apparatchik politiques, dont fait partie Fabienne Dugas Raveneau, pour faire entendre notre voix jusqu’au Ministère.