Samedi et dimanche derniers, ils avaient projeté de toucher le ciel. Sans limites ! En investissant l’ancien hôpital Saint-Louis, les graffeurs ont offert des couleurs aux murs de cet ensemble qui se languit en attendant des jours meilleurs !
Le bleu des cœurs à défaut du bleu du ciel ! |
Lieu de rendez-vous : l’ancien hôpital Saint-Louis qui déroule ses longueurs de bâtiments sur ce qui devait être l’oppidum à l’époque gallo-romaine.
En prenant de la hauteur, on se rapproche du ciel, dit-on. Et des nuages. Samedi et dimanche, de nombreuses averses, se rappelant au bon souvenir des artistes perchés sur leurs échafaudages, ont perturbé légèrement l’organisation. « Les graffeurs ont affronté la colère des cieux, à moins que le ciel ému n’en ait pleuré » plaisante Jean-Baptiste Geffroy.
Conséquence : « les celos n’ont pu être tendus pour les graffs temporaires, et l’espace d’exposition a dû être limité à la photographie ».
Une première "session" a eu lieu en 2011 |
Jean-Baptiste Geffroy, qui a suivi les événements avec attention, se transforme en guide : « il s’agissait de réaliser une fresque de très haut niveau sur l’ensemble du site et un block-letter du crew Aristoi où chaque lettre a été réalisée par un artiste différent. On y voit une dédicace de Der revenu dans sa ville natale pour ce jam. C’est une figure majeure du graffiti et un pionnier de la 3D. Clin d’œil, il a dédié son œuvre à la rue du moulin de la Grille où il vivait sur Saintes dans son enfance. Enfance également avec la très belle pièce de Lenz, le Toulousain fan de Légo qui a valorisé les célèbres briques colorées. A l’abri, se trouvaient deux pièces atypiques, un lettrage survolté de Babs qui semble vibrer tant son style est dynamique face aux œuvres d’Alber, d’une grande douceur. L’ensemble du mur semble partir de la rêverie d’un personnage de BD dessiné par Drum et d’un visage caricaturé, crayon aux lèvres de Snake ; les personnages, lettres et autres fruits de l’imagination des artistes s’envolent vers les cieux où dominent un Batman et un aigle, réalisés par Seter et Icole. On dirait du Bilal. Transporté par ce drôle d’oiseau, la composition d’Easioner ressemble à un cœur qui bat, explosant de couleurs alors qu’à sa droite, trois femmes semblent tomber du ciel. Clin d’œil à Jacques Higelin » !
Intriguées, les personnes intéressées n’ont pas hésité à discuter et poser des questions aux artistes. Une bonne occasion, aussi, pour se faire dédicacer une planche de skate ou un flyer ! S’y ajoutaient une ambiance musicale, assurée par un DJ, et des skateurs en pleine effervescence. « C’est quand même mieux que le béton, il faudrait en faire partout. J’ai entendu cette réflexion tout au long du week-end » souligne Jean-Baptiste Geffroy responsable d'Aristoï Gallery.
D’ailleurs, devant ce nouveau mur gai et lumineux, le mur du jam 2011 fait grise mine. Il serait plus beau avec des teintes joyeuses. Qu’en pensez-vous ?
• Remerciements : à la ville de Saintes et la Communauté de Communes pour leur soutien sur ce projet qui participe activement au lien social et à la revalorisation des espaces de la cité. « Au premier titre de ces remerciements, Sébastien Poli, chargé de mission enfance-jeunesse de la CDC et le personnel des Services techniques. Remerciements également à nos partenaires et plus spécialement VforVandal qui a suivi l’événement » précise Jean-Baptiste Geffroy.
Témoignage
Originaire de Toulouse, Éric « graffe » depuis 1989 : « Le commencement ? Pendant des vacances d’été, j’ai fait une rencontre. Je me suis intéressé à ce mouvement et j’ai eu envie de me lancer. Il est vrai que j’ai toujours plus ou moins dessiné ».
Dire que son entourage a compris sa démarche serait un grand mot. Toutefois, Éric n’a pas dévié d’un pouce. S’il vit plus ou moins de son métier (la question le fait rire), il ne regrette pas son choix.
Le rendez-vous de Saintes l’a intéressé : « c’était très bien à part le temps qui n’était pas évident à gérer. Le lieu se prête à ce genre d’animation. La vue est superbe et, sur le site, il y a des bâtiments anciens qui sont remarquables. Ils ne seront pas détruits, m’a-t-on dit. Tout le monde les respecte, personne ne les touche ».
Éric a peint dans un renfoncement, une partie carrée, où il a réalisé en trois D les initiales de son pseudo, Der. Les teintes autorisées étaient jaune, orange, bleu, blanc, gris et noir.
« Le fait que les graffiti soient éphémères ne me gêne pas. C’est l’essence même de l’art de la rue. Il n’est pas fait pour rester et doit être vu rapidement ». Aujourd’hui, les graffeurs sont un peu mieux reconnus qu’il y a une quinzaine d’années. « À une époque, en raison des tags sauvages, les graffeurs avaient mauvaise réputation et les gens les assimilaient à des vandales. Fort heureusement, la situation a évolué dans le bon sens ».
Éric poursuit son chemin. En projet, le montage d’expositions à Paris et Marmande. « Je continue à essayer de vivre de mon art » dit-il. Bonne chance à lui !
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