dimanche 27 mars 2011

Charente-Maritime :
Dominique Bussereau conserve
la présidence du Conseil Général


Dans les états-majors de gauche, on annonçait que cette fois-ci, le Département allait basculer. D’ailleurs, Bernard Lalande, chef de file des Socialistes, ne s’en cachait pas dans sa ville, Montendre, dont il est le conseiller général.

Or, une élection n’est jamais gagnée d’avance ! Les résultats du 27 mars le prouvent. Venue soutenir ses troupes sur le terrain jeudi et vendredi, Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes, doit se demander pourquoi la Charente-Maritime reste, contre vents et marées, dans le giron de l’UMP et du centre droit.


En effet, Dominique Bussereau retrouvera jeudi prochain son siège de président du Conseil général avec 27 cantons pour la droite et 24 seulement pour la gauche. Certes, la majorité départementale a perdu quelques bastions, dont Montlieu, Marennes et l’un des cantons « historiques » de La Rochelle (celui qu’occupait autrefois Jean Harel), mais elle a gagné Marans, Archiac avec l’élection de Chantal Guimberteau et Rochefort avec la victoire d’une autre femme, Sylvie Marcilly.

Voilà trois fois que Bernard Lalande rate la présidence du département : en 2004 d’une voix face à Claude Belot (UMP), en 2008 face à Dominique Bussereau (28 cantons pour la droite, 23 pour la gauche) et maintenant en 2011.
Dans trois ans, viendront les conseillers territoriaux et nous aurons alors une nouvelle donne…

Dominique Bussereau et le Radical Jean Louis Borloo

• Les résultats


La Rochelle V : Yann Juin (PRG) (70,23 %) bat Xavier de Bonnaventure (29,77 %)

La Rochelle VI : Victoire du conseiller général, le socialiste Denis Leroy (58,71%)

Loulay : Jean-Marie Roustit (Majorité départementale) est réélu avec 54,57 % devant Frédéric BOUTIN (divers gauche 45,43%)

Marans : Patrick Blanchard (50,81%) devance le conseiller général sortant écologiste Bernard Ferrier (49,19%)

Marennes : Victoire logique du socialiste Mickaël Vallet (67,7%) devant le candidat du Front National Didier Fontaine (32,30%)

Montendre : Le socialiste Bernard Lalande, chef de file de la gauche en Charente Maritime (58,49%) bat Marie Gruel majorité départementale (41,51%)

Montlieu la Garde : Victoire du socialiste Thierry Jullien à quelques voix près (50,38% ) face à Jean-Michel Rapiteau (divers droite 49,62%)

Rochefort Nord : Victoire du maire de Fouras Sylvie Marcilly (51,02%) face au socialiste sortant André Bonnin (48,98 %)

Rochefort Sud : Le socialiste Pierre Feydeau (54,88%) bat Gérard Pons (45,12%)

Royan Est : Le président du Conseil Général sortant, Dominique Bussereau, est réélu (57,4 %) face à la socialiste Fabienne Dugas Raveneau (42,6 %)

Royan Ouest : Michel Servit (UMP) retrouve son siège face au socialliste Laurent Lambrot (47,68 %)

Saintes ouest : La conseillère générale sortante socialiste Isabelle Pichard Chauché (62,2%) bat Christian Schmitt (37,8%)

Saujon : Le maire de Saujon socialiste Pascal Ferchaud (71,09%) n’a aucun mal à s’imposer face au candidat du Front National Patrice Audibert (28,91%)

Saint Genis de Saintonge : Victoire de Jacky Quesson (divers droite 62,34%) face au socialiste Jean-Marc Thomas (37,66 %)

Saint Martin de Ré : Le conseiller général sortant UMP Léon Gendre est réélu avec 55,04% face au divers droite Patrice Raffarin (44,96% )

Saint Pierre d’Oléron : Jean-Paul Peyry est réélu avec 52,08 % face au candidat de gauche Patrick Moquay (47,92%)

Surgères : La centriste de gauche Marie-Pierre Brunet est élue avec 52,19 % face au maire de Surgères, Philippe Guillloteau (47,81%)

Tonnay-Boutonne : Bernard Rochet (majorité départementale) obtient 55,05% des voix face au candidat socialiste Julien Gourraud (44,95%).

vendredi 25 mars 2011

Salon du livre de Chaniers :
Cap sur le Portugal


Pour son quatrième salon du livre, Chaniers avait décidé de mettre la barre un peu plus haut pour se rapprocher de la qualité des salonsde Saint Jean d’Angély ou de Thénac.

Une occasion s’est présentée : le vingtième anniversaire du jumelage de la Commune voisine, Courcoury, avec Pampilhosa qui est un quartier de Coimbra au Portugal. Jean-Yves Hannier, conseiller municipal à Chaniers, le fut à Courcoury et participa activement au jumelage franco portugais. Il n’eut pas beaucoup de mal à convaincre Jean-Michel Godard, créateur et animateur du Salon du Livre de Chaniers, de se tourner vers la littérature portugaise. Enthousiasmée, Béatrice Védrenne, bibliothécaire de Chaniers, se mit en marche pour trouver auteurs, éditeurs, animateurs.


La littérature portugaise est d’une grande richesse

Le succès permanent en France, d’Antonio Lobo Antures, en est une preuve évidente, et les parentés entre les deux pays sont nombreuses. Mais le Salon de Chaniers a fait aussi revivre le rôle qu’eut le Portugal dans la découverte du monde, Henri le Navigateur, Vasco de Gama, Magellan, de la fin du XVème au début du XVIe siècle. À cette époque, la carte du Monde avait été redessinée et une ligne, au milieu du Brésil, coupait la sphère en deux le pape pouvait diviser la planète en deux : d’un côté, à gauche, les nouvelles possessions de l’Espagne ; de l’autre, à gauche, celles du Portugal.

Au début du XVIe, la carte de Cantino divise les nouvelles terres en deux. La ligne tirée passe par le Brésil

Michel Chandeigne, éditeur à Paris, spécialiste de la littérature portugaise, fit sur ce sujet une conférence brillante, illustrée par l’évolution des portulans qui figurèrent toutes ces découvertes. Les Éditions Chandeigne publient d’ailleurs la rédaction des voyages de Vasco de Gama de 1497 à 1503, c’est-à-dire la première liaison maritime entre l’Europe et l’Asie par le Cap de Bonne Espérance, peu après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en octobre 1492, un autre grand connaisseur de Lisbonne. Dire qu’il croyait être aux Indes !

Poésies, fados remarquables et même stand de produits portugais complétèrent cette édition du salon qui attira un public très nombreux. Il y eut même un moment d’émotion lorsque le président Jose Machado Lopes remit au maire, Xavier de Roux, les clefs de la chambre qu’occupa longtemps à Lisbonne, à l’Avenida Palace, son frère Dominique. Il y fut témoin privilégié de la Révolution des œillets et y écrivit le fameux roman « Le cinquième Empire ».

Xavier de Roux et Michel Chandeigne

Parmi les bons moments de ce salon du livre, figure le discours de Jose Machado Lopes dont nous publions ci-dessous de larges extraits :


« Pierre Daninos, dans son livre “Les Carnets du Major Thompson” a écrit : La France est le seul pays du monde où si vous ajoutez dix citoyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais 20 divisions... Pas d’accord ! Pour nous, Portugais, la France est une deuxième patrie, pays de la citoyenneté France, le flamboyant midi de la raison et de la noblesse. Mais oui, des additions, des additions toujours des additions !
Baudelaire, Camus, Sartre, Rousseau, Rostand, d’Alembert, Diderot, Descartes, Chateaubriand, Verlaine, Lavoisier, Damas, Corneille, Racine, Voltaire, Montesquieu, Paul Valéry, Balzac, Victor Hugo, Rabelais, Maupassant, Lamartine, Molière, Pascal, La Fontaine, Bossuet, Montaigne, Les Curies, André Gide, Théophile Gautier, André Maurois, Michelet, Jean Cocteau, Françoise Sagan, Alphonse Daudet, André Malraux, Coco Chanel, Bernard Palissy et son successeur Charles Avisseau (1789/1861 - il a consacré son savoir à retrouver la technique de Palissy), Paul Claudel, Anatole France, Magdeleine Hours (directrice du Louvre), Renoir, Monet, Manet, Degas, Cézanne, Gauguin, Rodin, Delacroix, Toulouse Lautrec, Marin Marais, Lully, Clément Janequin, Charpentier, Couperin, Rameau, Gounot, Gabriel Fauré, Eric Satie, Darius Milhaud, Messiaen, Dukas, Bizet, Debussy, Berlioz, Massenet, Ravel, Pierre Boulez, Piaf, Aznavour, Gilbert Bécaud, Paul Mauriat, Guillaume Mâchant, Guillaume Dufay, Edgar Varèse, Francis Poulenc, Boris Vian, Jacques Tati, Roman Polanski, Jean Jacques Annaud, Jean Luc Godard, Claude Chabrol, Truffaut, Maurice Chevalier, Yves Montand, Simone Signoret, Catherine Deneuve, Fernandel, Louis de Funès, Alain Delon, Brigitte Bardot, Gérard Depardieu, Jean Reno, Annie Girardot, Sacha Guitry, Dominique de Roux, etc.

Et combien d’autres additions ? Permettez-moi encore d’émietter ce que nous dit l’Histoire et qui prouve notre si proche parenté, l’Europe semée de peuples celtiques, la colonisation bourguignonne. Le Duc de Bretagne est resté au royaume du Portugal. Depuis 1550, les Juifs portugais ont migré en masse choisissant Bordeaux comme principale destination. La Révolution française a frappé à notre porte. Lors de l’invasion napoléonienne, beaucoup de soldats sont restés. Notre Ancien Régime, celui de Salazar, nous a obligé à choisir la France comme deuxième patrie. Je pense qu’il y a deux millions de Portugais en France. Les jumelages, rapprochements de l’Amitié Portugal/France : Courcoury, Chermignac, Contrexéville, Millau, Poitiers, Pont Saint Esprit, etc.

Des produits portugais à déguster

Et à propos de jumelages, deux additions de plus :

Vous connaissez très bien la race poitevine mulassière, le baudet poitevin. Cette race, depuis des années, était en voie de disparition. Voici le rôle que joua le jumelage entre Courcoury et Pampilhosa. On fit venir ici un âne de pure race portugaise qui, selon les rapports de l’Association des Éleveurs de Race équine mulassière et asine, Baudet du Poitou, travailla avec enthousiasme. Vous connaissez aussi l’ancienne race « poule de Marans », croisement accidentel entre la race locale et une race d’Extrême Orient, et dont les œufs ne contiennent pas de cholestérol. Eh bien, le jumelage nous a donné la chance d’élever des poules de Marans au Portugal. Mieux que cela, le croisement fut inévitable.
Merci et toutes mes félicitations à Chaniers. Vive la France !»

Réception à Chaniers en l'honneur du vingtième anniversaire du jumelage de la commune voisine de Courcoury avec Pampilhosa, quartier de Coimbra au Portugal



Des moments à immortaliser !

Dominique Bussereau
et Bernard Lalande :
Ce qui les différencie


Mercredi, France Bleu et Sud-Ouest ont organisé à La Rochelle un face à face entre Dominique Bussereau, président du Conseil général, et Bernard Lalande, chef de file socialiste.

Débat animé par Julien Fleury de France Bleu et Stéphane Vacchiani du Journal Sud-Ouest

Mercredi, le soleil brille sur le port de La Rochelle. En cette journée printanière, Dominique Bussereau, président du Conseil général, est invité à débattre avec Bernard Lalande, chef de file des socialistes, sur les sujets d’actualité. Aucun n’arbore un tee-shirt aux rayures “marines“ malgré la proximité des bateaux. La montée du FN est une préoccupation pour tous les leaders politiques “classiques“…

L’enjeu de cette rencontre ? La présidence du Conseil général dont le siège est renouvelable tous les trois ans (en l’attente des changements apportés par les futurs conseillers territoriaux). Jusqu’à présent (en 2004, grâce à la “fine“ stratégie de Claude Belot), le département est resté dans le giron de la majorité départementale. Mais la politique, c’est comme au casino, on fait ses jeux et nul ne sait quel numéro sortira ! D’où l’intérêt des questions posées par Julien Fleury et Stéphane Viacchni.

Le Front républicain

La première question concerne les scores de dimanche dernier : « Bernard Lalande, vous avez raté de peu la réélection dès le premier tour à Montendre. N'est-ce pas le scénario à craindre pour la gauche départementale dimanche prochain : rater la majorité au Conseil général de peu ? ». L'entrée en matière est directe. Bernard Lalande juge les résultats « encourageants » et annonce la venue de Ségolène Royal jeudi à Rochefort, dans les deux cantons où les candidats du PS ont besoin d’un coup de pouce : « Largement élue aux Régionales, elle joue son rôle de femme politique ».
« J’espère qu’elle va nous apporter une bonne nouvelle au sujet des digues, montrant ainsi sa solidarité » lance Dominique Bussereau qui espère toujours une participation financière de la Région Poitou-Charentes dans ce domaine.
Appelé à commenter le scrutin du 20 mars à son tour, les cantons où le Front National est opposé à un candidat socialiste (Saujon, Marennes) en particulier, il est sans ambiguïté. De même que le PS a voté Chirac aux Présidentielles face à Jean-Marie Le Pen, lui-même appelle les électeurs UMP et centristes à soutenir la gauche dans un cas similaire « comme l’ont demandé Alain Juppé et François Fillon, soucieux de l’unité du Front républicain ». Et de faire un distinguo entre les vrais militants du FN et ceux qui, issus d’un peu tous les partis, votent “Marine“ par contestation ou mécontentement.

Nouvelle prison, cimenterie à La Rochelle

Prison à Fontenet ? La question a de l’importance puisque la députée de Saintes, Catherine Quéré, assise au premier rang avec son époux, est favorable à une nouvelle prison à construire dans la région de Saintes. Pour Dominique Bussereau, le camp de Fontenet, près de Saint Jean d’Angély, correspond mieux à un aménagement du territoire puisque ce secteur est fragile économiquement : « c’est le Garde des Sceaux qui prendra la décision finale quant à l’implantation ».
« Tout vers le Nord ! » enchaîne Bernard Lalande qui insiste sur la paupérisation des zones rurales face au riche littoral, les habitants du Sud Saintonge « figurant parmi les revenus les plus faibles du département ». « Avant tout projet, il serait bon de consulter les personnels pénitentiaires » dit-il.
Dominique Bussereau est confiant, Michel Mercier prendra une décision mûrement réfléchie. Quant à l’évolution des territoires, il rappelle que Claude Belot a fait un excellent travail de dynamisation sur la Haute-Saintonge, qui bénéficie également de l’attraction de Bordeaux, tandis que l’Est du département (Saint-Jean-d’Angély) est une priorité pour le Conseil général.
En ce qui concerne l’environnement, il est question de l’implantation de la cimenterie Holcim à La Rochelle (75 millions d’euros d’investissement) qui déclenche la colère des écologistes (île de Ré). Ils craignent d’avoir leur paysage gâché.
Pour Bernard Lalande, qui ne semble pas être très au courant du projet, « il mérite d’être étudié car il est flux de richesses ». Dominique Bussereau, quant à lui, est fier du port de La Rochelle qui pourrait devancer celui de Bordeaux en 2011, qui sait ? « Nous pouvons concilier emplois, économie et environnement. Pour Holcim, je propose d’organiser une table ronde afin de définir une charte environnementale ».

Premier arrivé à ce face à face, Dominique Bussereau !

Au sujet des aménagements routiers, les opinions des deux élus divergent. Il est question de la future autoroute La Rochelle-Nantes à quatre voies qui aura un surcoût, « mais que souhaitent les maires de Rochefort et de La Rochelle ». Le contournement de Marans est plus que jamais d’actualité. Le but, c’est que les poids lourds ne traversent plus la ville. La gauche est favorable à un contournement court qui supprimerait l’infrastructure lourde de la quatre voies. Se poserait toutefois le problème de l’urbanisation de Marans.

À la dernière question, « qu’est-ce qui vous différencie ? », Bernard Lalande répond que la politique menée par la gauche se concentre autour de « l’humain », petite enfance, monde associatif, soutien aux services publics. Pour Dominique Bussereau, l’humain est bien sûr au centre des priorités « dans un département entreprenant, qui favorise l’emploi et protège la beauté de ses paysages ».
Ainsi s’achève ce débat fair-play. Dans la salle, les “spectateurs“ n’ont pas vu le temps passer !

Chaque camp était largement représenté. Il y eut quelques petites attaques, mais rien de bien méchant. Malgré la venue de la présidente de la Région en Charente-Maritime jeudi et vendredi, Bernard Lalande ne craint pas de devenir le « vassal de Ségolène Royal » ! « Pas plus que Dominique Bussereau n'est celui de Jean-Pierre Raffarin».

Charente-Maritime :
Le Front National s’invite au deuxième tour sur deux cantons, Marennes et Saujon


Cantonales : Vers un duel Bussereau/Lalande

En effet, et pour la première fois de l’histoire de la Charente-Maritime, deux cantons voient des candidats du Front national se maintenir au second tour à Marennes et Saujon.

En Charente-Maritime, 55,16 % des électeurs n‘ont pas voté dimanche dernier. Plus de la moitié des inscrits. Si le département des mouettes n’a pas échappé à la tendance nationale, la palme revient à la Seine Saint-Denis où l’abstention atteint 67,30 % avec des taux inégalés à Saint-Denis (71 %) et Aubervilliers (72 %) !

Prévisible, elle n’a surpris aucun observateur. Moroses, les Français douteraient-ils des capacités de leurs représentants, de droite comme de gauche, à améliorer leur quotidien ? Car la politique, c’est avant tout l’organisation et l’évolution de la cité. Or, les frictions entre partis, auxquelles on assiste régulièrement, ont un effet déplorable sur l’esprit même de la démocratie.
Lors de la campagne des Présidentielles, Nicolas Sarkozy avait compris qu’il fallait faire rêver les Français. Son slogan « travailler plus pour gagner plus » avait donné de l’espoir aux classes moyennes. Rassurées, elles avaient imaginé une période faste où leur pouvoir d’achat aurait le moral. La crise, comme un tsunami, les a ramenés à des réalités bancaires et à des augmentations qui les dépassent.

Se sentant largués, certains boudent carrément les isoloirs. Et quand ce n’est pas le cas, la donne des Cantonales 2011 est révélatrice : en certains lieux, le FN, tel un Tornado, a aspiré les voix de l’UMP. Y compris en Charente-Maritime, la terre radicale d’Émile Combes qui doit se retourner dans sa tombe ! Sur la côte atlantique, à Marennes, Saujon, Royan, on semble avoir le pied Marine !

À ce contexte général de remise en cause, s’ajoutent des inquiétudes liées aux événements nucléaires japonais, aux frappes en Libye et une actualité qui, servie entre le hors-d’œuvre et le dessert, fait apparaître un monde en grande instabilité.
Et pendant ce temps-là, alors que les retombées du nuage nucléaire seraient anodines, dit-on, la Gauche et la Droite se chamaillent sur les reports de voix au second tour des Cantonales. Comme si les Français étaient incapables d’avoir leur propre opinion ! Persuadés qu’ils sont définitivement des "veaux", les ténors des partis les placent dans un état d’infantilisation qui frôle l’indécence.

Daniel Laurent, élu dès le premier tour

• En Charente-Maritime, le président du Conseil général sortant, Dominique Bussereau est en ballottage favorable sur Royan Est. Il réalise 43,91 % face à la candidate socialiste Fabienne Dugas-Raveneau (21,62 %), laquelle devance de peu J-M. de Lacoste Lareymondie (20,7 %). Une incertitude a d’ailleurs régné quant au candidat qui affronterait Dominique Bussereau. En toute logique, ce dernier retrouvera son siège dimanche prochain.

• Sur Royan ouest, Michel Servit est également en ballottage. Là encore, même cas de figure, il sera opposé au candidat socialiste Laurent Lambrot qui distance le Front National d’un petit point. Jean-Bernard Prudencio (3,69 %) et Gérard Potennec (4,76 %) ne réussissent pas à tirer leur épingle du jeu.

• Sur la Côte Atlantique, c’est à Marennes et à Saujon que se situent les plus grandes surprises. Le nouveau maire socialiste de Marennes, Mickaël Vallet, sera opposé dimanche prochain à Didier Fontaine, candidat du Front National qui recueille 16,42 %. Exit le conseiller général sortant, Marc Pellacœur, qui avait contre lui plusieurs candidats divers droite. En 2004, cet élu a contribué à la réélection de Claude Belot à la présidence du Conseil général. En effet, ce dernier, dont la majorité était insuffisante, avait “composé“ avec des candidats qui n’avaient pas souhaité voter pour la Gauche, théoriquement majoritaire. C’est surtout Jean-Paul Berthelot, conseiller général de Cozes (divers gauche) qui avait fait pencher la balance en faveur de Claude Belot.

• Situation semblable à Saujon où Pascal Ferchaud, PRG, sera opposé au candidat du Front National Patrice Audibert. En obtenant 20,16 % des suffrages, ce dernier devance le candidat de la majorité départementale Jacky Ragonneaud (17,01 %).

En Haute-Saintonge, la Majorité départementale obtient son plus beau score à Pons avec l’élection de Daniel Laurent dès le premier tour. Il s’impose avec 56,84 % des voix devant la socialiste Dominique Cotta (18,34 %) et le Front National Claude Rivat (13,07 %). Au fil des années, Daniel Laurent s’affirme comme le futur successeur de Claude Belot sur le territoire.

Le sénateur Daniel Laurent, conseiller général de Pons, élu dès le premier tour


• Tous les autres cantons sont en ballottage. La bataille sera serrée à Montlieu la Garde où Gilbert Festal ne se représente pas. Le duel aura donc lieu entre Jean-Michel Rapiteau, candidat de la Majorité départementale (42,90 %) et le socialiste Thierry Jullien (38,07 %). Le Front National y totalise 13,81 % contre 2,98 % à Lino Piva (extrême gauche) et 2,24 % à Marie-France Moquet (parti communiste).

• À Saint-Genis-de-Saintonge, Jacky Quesson, centriste de droite, est en ballottage favorable. Il obtient 44,47 % face au socialiste Jean-Marc Thomas 17,44 %. Guy Chevalier, FN, est à 13,03 %. Michel Amblard, qui représentait le Modem et comptait jouer les trouble-fêtes, dépasse à peine les 8 %.


• Idem à Montendre, mais dans le sens opposé, où le conseiller général sortant, Bernard Lalande, chef de file du Parti socialiste, obtient 49,42 % face à Marie Gruel, soutenue par la Majorité départementale (28,80 %). À noter que le Front national Patrick Debernard, un parfait inconnu (12,02 %) devance un entrepreneur du cru, Jean-Guy Thillet (6,14 %).

Dépouillement à Expiremont et Pommiers-Moulons

A Archiac, il y aura un second tour entre Chantal Guimberteau (47,61 %) et le conseiller général sortant, le socialiste Michel Lachaize (38,77 %). Bien qu’habitant la région, contrairement à de nombreux autres candidats FN, Bernard Roy plafonne à 14 %.

Dépouillement à Archiac où sont recensés les résultats





• À Burie, tout est jouable pour la Majorité départementale dimanche prochain puisque le socialiste Fabrice Barusseau obtient 29,18 % face au candidat de la Majorité départementale Alain Séris (19,30 %) et un centriste de droite, Michel Nadaud, ancien patron de la MSA (17,87 %). Le FN Michel Dubroca, à 13,52 %, se place devant les Verts (11,64 %).

• Sur Saintes ouest, le second tour opposera la candidate socialiste sortante, Isabelle Pichard-Chauché, à Christian Schmitt, le mari de l’ancien maire de Saintes (24,59 %). Les Verts et le FN sont pratiquement à égalité (un peu plus de 15 %). Score plus difficile pour la communiste Michelle Carmouse 6,11 % et le Modem Pierre Maudoux 4,09 %.

À noter, sur le canton de Rochefort nord, le bon score obtenu par Sylvie Marcilly, maire de Fouras (36,26 %) face au socialiste sortant André Bonnin (32,19 %).

Aux urnes, citoyens !

La partie sera donc serrée dimanche prochain entre forces de la Majorité départementale et de Gauche. Une réalité apparaît cependant : les femmes, au nombre de quatre actuellement sur 51 conseillers généraux, pourraient augmenter leur “quota“ !
Que faut-il retenir des résultats obtenus sur la Haute-Saintonge dimanche dernier ? Globalement, le Front National, qui parachute des candidats inconnus des électeurs, se situe ente 12 et 15 %. Ce score est loin d’être négligeable puisque le FN ne fait pas campagne sur le terrain.
Contrairement aux extravagances de son père dont les déclarations étaient souvent douteuses, Marine Le Pen apparaît comme un leader politique “ordinaire“ qui ne choque pas outre mesure dans le paysage. Sa manière d’exprimer des choses simples la rend accessible au plus grand nombre, d’où les scores obtenus qui vont au-delà de la simple contestation. Une évidence s'impose : La façon dont l’électorat perçoit les représentants des partis classiques semble en crise.

Autre point, alors que les Verts devraient percer “les plafonds“ en cette période de nuage nucléaire, ils obtiennent des résultats moyens, voire décevants. Quant au Parti communiste, il se fait grignoter - mais avec son consentement - par le Front de Gauche, plus offensif et percutant dans son message.

Qu’ajouter de plus sinon inciter les électeurs à se rendre aux urnes dimanche prochain. L’abstention est une offense à l’histoire. Nos aïeux se sont sacrifiés pour obtenir le droit de vote (les femmes ne l’ont que depuis 1944) et dans certains pays, les habitants se battent actuellement pour habiller les murs de leur prison du mot liberté…

dimanche 20 mars 2011

Saintonge : Daniel Laurent élu
dès le premier tour
des Cantonales


Sur la Haute-Saintonge, seul le conseiller général sortant de Pons, Daniel Laurent (UMP), est élu dès le premier tour. Il est l'un des rares élus à ne pas avoir souffert de la percée du Front National, très perceptible sur la Côte en particulier.

• Pons : Daniel Laurent (Majorité départementale) est élu dès le premier tour avec 56,84% des voix. Dominique Cotta, PS-PRG, obtient18,34%, le Front National Claude Rivat 13,07%

• Montlieu-la-Garde : Avance du candidat de la Majorité départementale, Jean-Michel Rapiteau sur Thierry Jullien (PS).

• Royan Ouest : Au second tour, Michel Servit (majorité départementale) 23,43% sera opposé au candidat de gauche, Laurent Lambrot 20,08%

• Royan Est : Le président du Conseil Général UMP Dominique Bussereau obtient 43,91%. Il sera opposé à la candidate PS Fabienne Dugas-Raveneau 21,62%. J. M. de Lacoste Lareymondie, candidat du Front National, dépasse les 20 %.

• Saint-Genis-de-Saintonge : Ballottage favorable pour Jacky Quesson (Majorité départementale).

• Archiac : Chantal Guimberteau (Majorité départementale) 47,61% devance le conseiller général sortant socialiste Michel Lachaise 38,77%. Bernard Roy (FN) obtient 13,62 %.

• Montendre : Le conseiller général sortant socialiste Bernard Lalande obtient plus de 49% des voix et devance la candidate de la majorité départementale, Marie Gruel (28%). Ballottage.

• Saintes Ouest :
Ballottage. Isabelle Pichard (PS) conseiller général sortant obtient 33,80% des voix et sera opposée à Christian Schmitt (Majorité départementale) 24,59 %.

samedi 19 mars 2011

Le point avec Étienne Dutheil,
directeur de la Centrale
du Blayais


« L’Autorité de sûreté passe tous les quinze jours »

En cette période gravissime que traverse le Japon, tous les professionnels du nucléaire ont les yeux braqués sur Fukushima. Parmi eux, le directeur de la centrale du Blayais, Étienne Dutheil. « Nous voulons exprimer toute notre solidarité, notre compassion à l’égard du peuple japonais » souligne-t-il. En effet, on ne peut rester insensible à cette tragédie et aux difficultés que rencontrent sur place les équipes de secours.

Les événements sont observés et analysés avec attention et, comme l’a annoncé le Premier Ministre François Fillon, mardi dernier, les centrales françaises vont faire l’objet d’une attention particulière. Il en sera de même dans toute l’Europe et en Allemagne, en particulier, où certaines structures anciennes seront arrêtées. De Fukushima, des enseignements seront tirés et « il y a aura un retour d’expérience » souligne E. Dutheil.

Tous les quinze jours environ, l’Autorité de sûreté se rend sur le site de la centrale du Blayais : « nous sommes surveillés en permanence et le redémarrage d’un réacteur, par exemple, ne peut pas avoir lieu sans son feu vert ».

Etienne Dutheil, directeur de la Centrale du Blayais, en poste depuis 2009.
Actuellement en Grande-Bretagne (projet EPR), Jean-Louis Charrière a été nommé directeur de la centrale du Blayais en octobre 1998. Il succédait à Mme Griffon Foucault. Promue directeur régional EDF de la région Aquitaine à Bordeaux, elle travaille aujourd’hui pour une société privée.

Après 1999, Xynthia

Depuis la tempête de 1999, la Centrale du Blayais a tiré les leçons de l’ouragan dévastateur. La digue, qui atteint désormais 6,30 m, possède un mur pare-houle de 2,3 m, soit une hauteur totale de 8,50 m. Selon les estimations, ce “mur“ peut faire face à une conjonction d’éléments qui réunirait une grosse marée, une dépression et un fort débit de la Gironde. De même, les digues situées dans le marais ont été rehaussées. Les risques liés à un éventuel tremblement de terre (conception du bâtiment) et aux actes de terrorisme (dispositif de surveillance avec la gendarmerie, protection) sont également pris en compte.

« En 99, la digue n’a pas été submergée. Ce sont les vagues, poussées par la houle, qui ont entraîné l’eau dans certaines parties de la centrale » remarque Étienne Dutheil.
Les travaux d’après tempête ont donc concerné les digues et le “compartimentage“ des galeries pour éviter à l’eau de s’infiltrer, avec seuils en béton et portes étanches. Enfin, la préparation, afin de faire face à une nouvelle tempête, est essentielle : « Nous sommes en relation constante avec Météo France qui nous adresse des bulletins d’alerte très détaillés, ce qui nous permet de prendre les devants et de constituer des équipes. Pour Xynthia par exemple, nous étions sur le site plusieurs heures avant l’arrivée des vents violents. Le dispositif était opérationnel et il a marché ». Ce qui démontre que les aménagements réalisés ont joué leur rôle de protection.

Selon le rapport des experts, « l’organisation est satisfaisante » souligne Étienne Dutheil qui sait raison garder. L‘accident du Japon rappelle, en effet, qu’il est difficile de maîtriser la nature. C’est pourquoi la prévention est toujours mère de sûreté.


• Déchets et radioactivité 
Vers des stockages souterrains pour les déchets les plus dangereux ?

Elle décroît rapidement pour les déchets à vie courte pour lesquels elle est réduite de moitié en moins de trente ans. Ces déchets de type A, compactés et placés dans des fûts noyés dans du béton, sont stockés en surface aux centres de la Hague (Manche) ou de Soulaines dans l’Aube (gérés par l’ANDRA). Leur radioactivité se confondra avec la radioactivité naturelle en moins de 300 ans. Par contre, les déchets à vie longue peuvent être radioactifs durant plusieurs milliers d’années. Leur stockage requiert les plus grandes précautions. Les déchets de type B sont conditionnés dans du bitume ou du béton. Les déchets de type C (très dangereux) issus du retraitement des combustibles usés sont vitrifiés. Du fait de leur forte radioactivité, ils dégagent de la chaleur et doivent être refroidis en permanence. Ils sont entreposés à la Hague et à Marcoule. Le stockage en site souterrain est actuellement à l’étude à Bures, dans le Nord Est de la France.
Régulièrement, Green Peace et les Écologistes tirent la sonnette d’alarme sur le devenir des déchets nucléaires, sujet qui ne laisse personne insensible…

Fukushima : il s’agit d’une centrale à eau bouillante de conception américaine (il n’en existe pas de ce type en France).

Après la tempête de 1999,
la centrale nucléaire du Blayais
a tiré les leçons
« d’un incident sérieux »


Le 27  décembre 1999, la région bordant l’estuaire de la Gironde a été victime d’un terrible raz-de-marée. Aux premières loges, la centrale nucléaire du Blayais, construite en bordure du fleuve, a vécu une nuit cauchemardesque, l’eau s’étant introduite dans certaines installations.
Un cas de figure que n‘avaient pas imaginé les concepteurs du site.


Construite en 1975, fonctionnant depuis 1981, la Centrale du Blayais compte 4 réacteurs.

Des équipes ont été rappelées en toute hâte. Certains personnels ont eu bien du mal
à rejoindre les lieux en raison des éléments déchaînés (routes inondées, arbres tombés). Alors responsable de la centrale du Blayais, Jean-Louis Charrière avait tiré les leçons de ces événements inattendus. Il reconnaissait, en particulier, de ne pas avoir suffisamment tenu compte des bulletins météo alarmants reçus dans l’après-midi. En fait, personne ne croyait que les vents déchaînés atteindraient jusqu’à 180 km/h. C’est pourquoi aucune mobilisation particulière n’avait été demandée par les responsables.

En janvier 2000, d’importants travaux ont été réalisés à l’intérieur des bâtiments. À l’extérieur, la hauteur de la digue est passée de 5,20 mètres à 6,20 mètres. Deux mois et demi après la tempête, Jean-Louis Charrière se voulait rassurant : « toutes les dispositions seront prises afin de ne pas revivre une pareille épreuve » disait-il.

Les gens du coin étaient plus méfiants : le jour de la tempête, si le coefficient de la marée avait atteint 110 par exemple (il était bas, fort heureusement), les vagues auraient été plus importantes. Et si elles avaient dépassé trois mètres (au lieu de 80 cm à un mètre environ), on imagine l’ampleur des dégâts subis par la centrale construite, comme chacun sait, sur une “ancienne” zone inondable. En perdant l'alimentation électrique, on aurait alors été proche du cas dramatique de la centrale de Fukushima au Japon. « La centrale du Blayais devrait se trouver beaucoup plus loin à l’intérieur des terres » soulignent les observateurs qui ne sont pas forcément des anti-nucléaires.
Que se serait-il passé si les systèmes de sécurité avaient été mis hors d’usage ? Question…

En 2000, Jean-Louis Charrière, directeur de la centrale du Blayais, nous avait accordé cet entretien 

• La nuit du 27  décembre, la terrible tempête qui s’est abattue sur la région n’a pas épargné la centrale. L’eau de l’estuaire, franchissant les digues de protection, s‘est introduite dans le sous-sol des bâtiments des installations 1 et 2 mettant hors d’usage une partie du système de sécurité. Deux des quatre réacteurs ont été arrêtés, situation qu’aucun responsable n’aurait pu imaginer. Comment avez-vous vécu cette nuit “exceptionnelle” et surtout comment avez-vous organisé les secours ?

Cette nuit était exceptionnelle en effet. Elle a été vécue par toutes les équipes qui étaient de service comme un moment d’une grande intensité et d‘une certaine tension, mais aussi d’une bonne maîtrise. À aucun moment, ces équipes ont eu le sentiment d’être dépassées par les événements car elles possèdent un haut niveau d’entraînement quant aux situations de crise. Ces situations de crises techniques ne sont pas tout à fait de même nature que celles que nous venons de vivre, mais elles permettent d’avoir une expérience et un acquis. Plusieurs semaines par an, les équipes de conduite sont entraînées à faire face à des situations très dégradées sur des pertes de matériels de sûreté risquant d’entraîner un incident, ou à un accident nucléaire. Les hommes répètent ces situations sur des simulateurs dans des centres de formation EDF. Des exercices réguliers leur permettent d’intervenir en toutes circonstances. Le fait de perdre des alimentations électriques du site faisait partie des risques. Nous avons des documents qui permettent de savoir comment gérer ce problème en faisant appel aux groupes électrogènes de secours. Sur ce plan, les équipes étaient dans un domaine connu. Cette expérience leur a permis de se consacrer à la réflexion et à l’adaptation sur d’autres éléments qui, eux, étaient imprévus.

• Vous voulez parler de l’infiltration des eaux de l’estuaire dans les installations. Vos portes de sécurité étaient prévues pour arrêter le feu, mais pas l’eau, dit-on…

De par sa conception, le site est protégé contre un certain nombre d’agressions externes dont l’inondation. La protection, en l’occurrence, était extérieure : c’était la digue ou plutôt les digues. La plus importante est située en front de Gironde, les autres entourent la centrale. Certaines parties du site, en sous-sol, sont situées en dessous du niveau de la mer. La plate-forme par contre, avec la digue de protection, devait être hors d’eau en toutes circonstances… normalement. Pour définir ces protections, nous nous basons sur la nature des événements rencontrés dans le passé, aussi loin que l’on puisse remonter, avec les mesures maximum enregistrées venant de la mer ou de l’estuaire lui-même, c’est-à-dire des crues de la Garonne et de la Dordogne. À partir des niveaux observés et retranscris dans les archives météorologiques, on définit la hauteur des digues avec une certaine marge de sécurité. Nous en étions là jusqu’au 27 décembre dernier.

• L’Autorité de sûreté dont vous dépendez avait remarqué que la digue était trop basse. Elle vous avait demandé d’effectuer des travaux de rehaussement que vous deviez réaliser en l’an 2000, puis en 2002. Pourquoi les avoir ainsi repoussés ?

D’abord, il convient d‘expliquer d’où venait cette demande de rehaussement de la digue. Comme je le disais, les mesures de protection sont réalisées en fonction des données que nous possédons. Ensuite, tous les dix ans, un examen du référentiel de sûreté est fait en tenant compte des nouveaux événements qui sont survenus. Par ailleurs, les règles qui définissent les exigences de protection d’un site nucléaire vis-à-vis de l’inondation sont, elles aussi, évolutives. Les méthodes de calcul peuvent être revues. La demande de surélévation de 50 centimètres de la digue résultait de ce processus de réinterrogation. Elle correspondait à l’exigence de la nouvelle règle fondamentale de sûreté.

Quelle est la politique de l’entreprise ? Elle consiste à regrouper les modifications à apporter sur les installations par “lots”. Les travaux à caractère non urgent sont effectués tous les dix ans environ. Chez nous, les grosses visites décennales commencent fin 2001, c’est pourquoi nous avions souhaité coupler les travaux de la digue avec cette opération de grande révision. Ce regroupement des modifications était plus pratique pour la mise en œuvre. Ceci dit, nous étions en discussion avec l’autorité de sûreté. Elle aurait pu accepter ou refuser notre argumentation. Le courrier qu’elle avait envoyé faisait suite à une visite de surveillance sur le site et elle nous demandait les raisons qui nous conduisaient à différer la programmation à 2002. Nous nous apprêtions à répondre quand la tempête a eu lieu…

• Que dit actuellement l’Autorité de sûreté ? Vous a-t-elle fait des remarques ?

Il est normal que l’autorité de sûreté nous interroge et nous demande de faire au plus tôt des travaux liés à la protection du site. Mais elle approuve également la politique qui consiste à regrouper les modifications de sûreté. Dans les premières années d‘exploitation du parc nucléaire, nous avions pris d’habitude de réaliser les modifications “au fil de l’eau” et nous nous sommes aperçus que cela présentait de nombreux inconvénients. C’est à la suite de cette constatation qu’en accord avec elle, il a été convenu de faire des regroupements et des lotissements, quand il n’existait pas de caractère d’urgence, bien entendu !

La question qui se pose aujourd’hui est simple : avant le 26 décembre, le rehaussement de la digue de 50 centimètres était-il considéré comme une modification urgente ? Je réponds non, très honnêtement ! Bien sûr, si j’avais supposé un seul instant qu’une tempête d’une rare violence allait balayer la région, les travaux auraient été exécutés sans délai. Personne, et vous pouvez interroger de nombreux agents sur le site, ne pensait que cette modification présentait un caractère prioritaire. Il n’y avait pas de danger avéré démontré qui justifiait une programmation immédiate. Mais à partir du moment où l’événement est survenu, il est toujours facile de dire que les travaux auraient dû être faits avant…

Lors des grandes tempêtes (99, Xynthia), le port de Mortagne est régulièrement envahi par les eaux de l'estuaire

• L’observation des événements du 27 démontre que 50 centimètres supplémentaires n’auraient pas suffi à contenir le raz-de-marée. Quelle hauteur fera la nouvelle digue dont les travaux se déroulent actuellement ?

Effectivement, les 50 centimètres supplémentaires n’auraient pas suffi. La cote et le profil exact que la digue devra avoir est en cours de discussion avec l’autorité de sûreté. Des simulations avec le Laboratoire national d’hydraulique d’EDF sont effectuées. Les calculs seront validés par des experts. Une première estimation a été faite. La digue sera rehaussée d’un mètre, elle atteindra donc 6,20 m. Les travaux, engagés il y a une semaine, se termineront aux alentours du 15 avril. Ils précèdent le redémarrage des deux réacteurs. Il est à noter que la digue n’est qu’un élément de la nouvelle protection contre les inondations.
Rien ne dit que d’ici cinq ou dix ans, il ne surviendra pas un autre événement, encore plus terrible que celui de l’année dernière. Dans la conception d’origine, la digue, bien dimensionnée, était censée arrêter l’eau. Pour cette raison, aucune autre protection n’avait été prévue à l’intérieur de la centrale.
Depuis le 27 décembre, la réalité est tout autre. C’est pourquoi, de nouvelles dispositions seront prises afin que l’eau ne puisse pas s’introduire dans les galeries techniques et, de là, atteindre l’îlot nucléaire. Soyons réalistes : si l’eau était restée dans les galeries techniques, il n’aurait jamais été question d’incident du Blayais ! Cette nuit-là, l’eau, qui s’est répandue massivement dans ces galeries, a contribué à mettre en pression des passages de traversées de câbles. Elle s’est alors infiltrée dans les sous-sols des bâtiments "combustibles" et a gagné l’îlot nucléaire.
Du même coup, l’événement a changé de dimension avec la perte de matériel qui contribue à assurer la sûreté de l’installation.

Désormais, nous raisonnons de la façon suivante : imaginons que nous ayons encore de l’eau sur le site, que devons-nous faire pour éviter qu’elle ne produise les mêmes effets que le 27 décembre ? En janvier 2000, les galeries techniques ont donc été compartimentées. À certains endroits, une porte étanche, faite pour résister à l’eau, a été posée. Des parties ont été cloisonnées. On a obturé, par des murs en béton, des liaisons qui existaient entre les galeries. Des travaux d’étanchéité au niveau des câbles ont été faits ; une protection mécanique par une dalle en béton permet de les protéger. Nous avons désormais deux dispositifs : l’un qui fait protection mécanique vis-à-vis d’une hauteur d‘eau qui pourrait arriver sur la nappe de câbles, l’autre qui est un dispositif d’étanchéité au feu et à l’humidité. En conséquence, avec les mêmes causes, nous ne devrions plus avoir les mêmes effets…

• Le 27 décembre, quelle hauteur d’eau y avait-il exactement dans l’îlot nucléaire ?

Deux unités de production ont été concernées par l’inondation. Dans les sous-sols de l’un des bâtiments où se trouvent les piscines de refroidissement du combustible, il y avait respectivement un mètre et deux mètres d’eau.
Au total, nous avons pompé un peu plus de 105,000 m3 d’eau du 28 décembre au matin au 30 décembre. Dans les bâtiments nucléaires eux-mêmes, la quantité d’eau représentait 6 000 à 7 000 m3 environ. Il y avait un risque de radioactivité, de contamination. Ces eaux n’ont pas pu être évacuées selon les moyens de traitements normaux prévus des eaux potentiellement contaminées parce que les circuits n’étaient pas adaptés à une telle quantité.

Nous avons donc utilisé un autre circuit qui est celui de traitement des eaux pluviales du site en s’imposant, avant de transférer les effluents pompés à la Gironde, de faire des analyses toutes les heures, puis toutes les demi-heures en fin de vidange pour s’assurer de l’absence de radioactivité. L’important était de se trouver en dessous des seuils, aussi bien pour la somme des radioéléments émetteurs gamma que pour le tritium. Les analyses se sont révélées négatives, à l’exception de deux mesures qui ont été légèrement supérieures au seuil. Mais si, au pire, toutes nos mesures avaient été de la même valeur que ces deux échantillons-là, la contamination totale rejetée dans la Gironde aurait représenté une journée de production du site en fonctionnement normal. Pour être clair, ce pourcentage est de l’ordre du millième de la limite annuelle de rejets. Les populations n’ont pas à avoir d’inquiétude, il n’y a pas eu d’impact sur l’environnement.

• Et si cette eau avait été très radioactive, qu’auriez-vous fait ?

Nous aurions isolé les parties contaminées et elles auraient été traitées. Nous avons des systèmes pour traiter l’eau contaminée, simplement ils ne sont pas prévus pour accueillir des quantités d’eau aussi importantes. Aussi, en l’attente, ces eaux auraient été stockées dans des réservoirs. Dans le cas présent, nous n’avons pas eu la nécessité de le faire parce que l’eau n’était pas contaminée.

• Y a-t-il eu des rejets radioactifs dans l’air, certaines personnes se posent la question ?

Dans l’air, le problème ne se pose pas puisqu’il n’y a pas eu d’incident nucléaire sur le site. Le seul incident était l’inondation qui avait noyé certains matériels qui contribuent à la sûreté de l’installation. Nous n’avions plus tous les matériels disponibles, comme nous devons en disposer en permanence, si par malheur il était survenu à ce moment-là, en plus de la tempête, un incident nucléaire sur l’un de nos réacteurs. C’est là que se situait la gravité potentielle. Nous aurions été dans une situation moins confortable pour gérer un tel incident qu’en temps normal…

• Ce sont les moteurs de secours qui ont permis le refroidissement du cœur de la centrale ?

Le refroidissement du cœur n’a jamais été interrompu, ni menacé par l’inondation puisqu’il était assuré par l’arrêt des réacteurs. Les réacteurs se sont arrêtés automatiquement quand la production d’électricité a été stoppée en raison de la perte des lignes électriques. Les réacteurs, en état d’arrêt à chaud, ont été placés progressivement dans un état de repli intermédiaire où l’on dépressurise le circuit primaire. Pendant toute cette période, l’extraction d’énergie dans les générateurs vapeur permet de refroidir le réacteur. Ce système n‘avait pas été endommagé par les eaux. Il se compose de deux pompes électriques et d’une turbine à vapeur qui alimente une pompe.
Il existe un autre moyen de refroidir les réacteurs. Il s’agit d’un système de refroidissement du réacteur à l’arrêt. On utilise de l’eau prélevée dans la Gironde qui constitue la source froide. Nous avions perdu une partie des pompes, mais il en restait encore deux. Ce nombre, suffisant, nous aurait permis d’assurer le travail. Nous n’étions donc pas démunis face à la situation, mais il est incontestable que nos moyens de sûreté étaient affaiblis, ce qui justifie le classement au niveau 2 sur l’échelle INES de l’incident du Blayais.

La centrale du Blayais emploie quelque 1200 salariés

• Quand les deux réacteurs seront-ils remis en marche ?

Dès que les travaux engagés seront réalisés, les réacteurs seront remis en marche. Outre le rehaussement de la digue, plusieurs seuils seront remontés, certains murets en particulier, pour éviter que l’eau ne puisse plus descendre dans les sous-sols de la centrale. Auparavant, nous avons à terminer la partie “requalification” des matériels qui ont été inondés. Nous sommes en train d’essayer ces matériels pour démontrer qu’ils sont opérationnels. Lorsque tout sera terminé, le redémarrage de deux unités sera soumis à l’approbation de l’autorité de sûreté.

• Est-ce que les travaux réalisés sur le site du Blayais seront imités par d'autres centrales françaises susceptibles d’être victimes d’une inondation ?

En effet, nous servons d’exemple parce que tels incidents peuvent survenir ailleurs sous des formes différentes. Tous les sites ne sont pas menacés de la même façon, leur géographie est à prendre en compte. Certains sont plus fragiles que d’autres. La cartographie de l’ensemble des sites a été dressée et une transposition de l’incident du Blayais réalisée. Des propositions seront faites à l’autorité de sûreté pour améliorer la protection globale contre l’inondation de l’ensemble du parc nucléaire français, et prioritairement, des sept ou huit sites identifiés comme les plus sensibles. Des exploitants européens, voire mondiaux, sont également intéressés par les dispositions que nous allons prendre.

Situation de la Centrale du Blayais dans l’Estuaire de la Gironde.

• Après les événements, de nombreux habitants se sont demandé quelle attitude adopter en cas d’alerte nucléaire et pourquoi les habitants de Jonzac, par exemple, n’avaient pas droit aux pilules d’iode. Que leur conseillez-vous ?

La protection des populations relève des pouvoirs publics. Si des populations doivent être évacuées, cette décision ne peut pas être prise par EDF ou par le directeur de la centrale, elle résulte du Préfet uniquement. Pour cela, il s’appuie sur le plan particulier d’intervention qui lui permet d’avoir à ses côtés l’ensemble des services de l’État, la gendarmerie, l’armée, les services départementaux d’incendie et de secours, la DDE. Il dispose également de l’appui de la Direction Régionale de l’Industrie et de la Recherche qui donne un avis d’expert technique sur le nucléaire. Au vu des données transmises, la Préfecture prend les décisions qui s’imposent en matière de protection. Il existe deux mesures. D’une part, le confinement à domicile, c’est-à-dire que les habitants sont invités à rester chez eux en attendant que toute menace soit écartée. Si la situation est grave, une évacuation peut être envisagée sur les secteurs exposés à la contamination. Le plan particulier d’intervention fixe un périmètre de dix kilomètres, appelé proximité immédiate, autour de chaque centrale. C’est sur ce rayon que sont distribués les comprimés d’iode et de potassium. Une plaquette d’information est remise à tous les habitants. Elle est réactualisée tous les deux ou trois ans et répond à de nombreuses interrogations.

• Avouez que le danger dépasse les dix kilomètres ! Cela rappelle le nuage de Tchernobyl qui s’arrêtait curieusement aux frontières françaises…

Je ne vous dis pas que les dix kilomètres sont un cercle magique, c’est un ordre de grandeur ! Pour être concerné à vingt ou trente kilomètres, il faudrait que les rejets dans l’environnement soient très significatifs. Néanmoins, il faut faire la part des choses. Même à Tchernobyl où il y a eu une catastrophe majeure, les populations qui ont les plus souffert se trouvaient dans un rayon de dix kilomètres. Le nuage s’est ensuite déplacé, il est passé sur la France en particulier. Chez nous, on parle beaucoup de lui, mais il n’y a aucune commune mesure entre ses retombées sur l’hexagone et les énormes dégâts qu’il a provoqués sur l’environnement russe.

• Est-ce qu’un accident type Tchernobyl pourrait survenir dans une centrale française ?

Non, parce que la technologique des réacteurs n’est pas la même. Même si nous avions une destruction aussi importante du cœur et si le circuit primaire était cassé, toute la radioactivité serait contenue dans l’enceinte de confinement. Ce n’est pas le cas des réacteurs de l’ex-URSS. Cet accident-là, avec les conséquences qu’il y a eu sur l’environnement, ne peut pas avoir lieu en France. En 1979, un accident grave s’est déroulé aux États-Unis à Three Miles Island. Au départ, la gravité se rapprochait de celle de Tchernobyl au niveau du cœur du réacteur qui avait partiellement fondu. Mais l’impact sur l’environnement n’a rien eu à voir avec Tchernobyl parce que la radioactivité est restée à l’intérieur de l’enceinte de confinement. Les populations n’ont subi aucun dommage par rapport à celles de Russie. Il y a un rapport de rejets qui a des ordres de grandeur de plusieurs millions entre les deux.

Depuis ces accidents, on a imaginé un dispositif ultime au cas où l’enceinte de confinement présenterait une défaillance. Pour éviter une destruction de l’enceinte à moyen terme par un effet de montée en pression, un filtre qui piège une partie de l’activité permet un relâchement vers l’extérieur. C’est un principe de sûreté dont dispose la plus grande partie des réacteurs qu’on trouve aujourd’hui dans le monde.

• Pour conclure, comment voyez-vous l’avenir énergétique de la France ? On parle beaucoup du solaire, d’éoliennes. Et le nucléaire dans ce paysage ? Reste le problème du stockage des déchets ?

Le nucléaire est le moyen de production de masse, de base de l’électricité. Il est performant économiquement et il présente des avantages environnementaux puisqu’il ne contribue pas à produire des gaz à effet de serre. C’est l’une des données à prendre en compte parce qu’aujourd’hui, tous les pays doivent s’engager à réduire les émissions de ces gaz qui contribuent, comme vous le savez, au réchauffement de la planète. Le nucléaire est un moyen propre de produire de l’énergie. Si on le remplaçait par des moyens classiques, on multiplierait nos émissions de gaz carbonique. Se pose, effectivement, le problème des déchets mais de nos jours, on n’avance pas assez vite sur les expérimentations de solutions qui permettraient de gérer ce problème sur le moyen et le long terme. Il y a pourtant des pistes à exploiter. Le débat reste trop passionnel !

L’avenir du parc de productions sera plus diversifié dans l’avenir. Il y aura bien sûr des centrales comme celle-ci, nucléaire, charbon propre, combiné gaz. S’y ajouteront des moyens de production décentralisés de plus petite puissance qui correspondront au nouveau schéma du secteur concurrentiel du marché de l’électricité. En complémentarité, ces unités seront construites par des concurrents d‘EDF ou EDF lui-même. Elles seront proches de certains lieux de grosse consommation. Il y aura un rééquilibrage. Des moyens nouveaux vont émerger qui peuvent être le cycle combiné gaz, la cogénération, les énergies renouvelables qui apporteront une diversification plus grande que dans le passé. L’énergie solaire en fait partie et elle peut avoir un rôle d’appoint, comme les éoliennes.
Propos recueillis par Nicole Bertin

Elections cantonales :
Comment mobiliser les citoyens
quand l’actualité est braquée
sur le Japon ?


Alors que les yeux sont rivés sur le Japon qui vit une catastrophe sans précédent, les élections cantonales françaises paraissent subitement bien ternes et secondaires. Que représente toute cette agitation alors que des milliers de personnes sont mortes et d’autres sont menacées par la centrale de Fukushima ?

Voilà bien la question et la plupart d’entre nous ne peuvent qu’être touchés, une fois encore, par la faiblesse de l’homme face à la nature. Un homme qui subit, se défend et rejoint Les Pensées de Pascal, ce génie du XVIIe siècle doté d‘un pouvoir de réflexion que bien peu ont égalé.
Qu’écrivait-il ? « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien ».
À méditer d’autant que l’un des spécialistes européens de Pascal n’est autre que le professeur Jean Mesnard, membre de l’Institut, natif de Champagnac, près de Jonzac.
Par leur attitude empreinte de dignité, les Japonais se soumettent aux caprices des éléments, tout en relevant la tête. Un bel exemple de comportement que nous autres, Occidentaux geignards, devrions suivre.

Charente-Maritime :
de quel côté soufflera le vent ?


Claude Belot et Dominique Bussereau

Bref, on s’éloigne des Cantonales qui s’avancent à grands pas. Pour la Charente-Maritime, l’enjeu est toujours le même. Ce département, le seul de la Région à être resté dans le giron de l’UMP, peut-il basculer à gauche ? La situation ferait bien évidemment plaisir à Ségolène Royal qui ne porte pas Dominique Bussereau, l’actuel président du Conseil Général, dans son cœur. Pour le terrasser, elle fait confiance à un Ségoléniste – car tous ne le sont pas dans le Sud Saintonge, en particulier à Jonzac - pour le battre.

Ségolène Royal : seul le département de la Charente-Maritime lui résiste dans la Région Poitou-Charentes...

Il s’agit de Bernard Lalande, maire et conseiller de Montendre qui dirige le PS charentais-maritime depuis que Roland Beix a tiré sa révérence. Si l’on en croit le journaliste Patrick Guilloton, bon observateur de la vie politique, il serait contesté au sein de son propre parti. Il l’a d’ailleurs déclaré l’autre samedi sur France 3 dans l’excellente émission “La voix est libre“ : « ce n’est pas un secret, nous l’avons tous entendu ! ».

Au centre, Bernard Lalande, élu socialiste de Montendre, chef de l'opposition à D. Bussereau

En l’attente de savoir si le PS a réellement envie de changer de leader, Dominique Bussereau, quant à lui, mène campagne. Il a quitté le gouvernement en même temps que Jean-Louis Borloo et si les deux hommes ont désormais rejoint leurs fiefs respectifs, Dominique Bussereau n’a pas lâché le domaine politique. Il fait actuellement campagne sur le canton de Saint Georges/Royan et sera à nouveau candidat à la présidence du Conseil Général si la majorité départementale conserve son avance.

Il occupe ce siège depuis le départ - pas forcément désiré - de Claude Belot en 2008. Atteint par le cumul des mandats, l’actuel maire de Jonzac a préféré se consacrer au Sénat et à la Communauté de Communes de Haute-Saintonge. Voilà qui crée des situations drôles aux Cantonales où l’on voit ce même Claude Belot aider Jean-Michel Rapiteau (Majorité départementale) sur le canton de Montlieu, mais ne pas défendre Marie Gruel, pourtant de son camp, parce qu’il ne pourrait faire campagne contre l’un de ses vice-présidents à la CDCHS, le socialiste Bernard Lalande.
Heureusement que tous les élus ne sont pas aussi compliqués dans leur relationnel car Claude Belot, qui a été élu plusieurs fois président du Conseil général avec les voix de l’UMP et des centristes de droite (voire d’un centriste de gauche, Jean-Paul Berthelot) aurait pu lui-même connaître des difficultés !

L’enjeu de ces Cantonales est donc serré. Certains cantons constituent des enjeux pour la Majorité départementale dont Marennes, Burie ou Saint-Pierre d’Oléron. D’autres le sont pour la gauche, comme Archiac.
Nous verrons dimanche soir comment se porte la citoyenneté car il risque fort d’y avoir des abstentions. D’autre part, le Front National va-t-il poursuivre sa percée ? Les partis traditionnels ne semblent pas avoir compris que si Marine le Pen gagne des points, c’est précisément parce qu’ils ne savent plus répondre aux problèmes qui se posent aux Français.

Autrement dit, les Cantonales vont-elles prendre une teinte politique ou bien les électeurs voteront-ils simplement pour l’homme ou la femme en qui ils ont confiance pour les représenter ? Espérons la seconde version. En effet, si la politique politicienne venait à s’insérer dans les moindres fissures de la vie quotidienne, l’esprit de la démocratie n’en sortirait pas indemne…

Dominique Bussereau est président du Département depuis 2008

La Charente Maritime compte 51 conseillers généraux
(28 à droite, 23 à gauche) dont 4 femmes. Cantons renouvelables en Saintonge : Pons, Archiac, Saintes Ouest, Montlieu, Montendre, Sant-Genis de Saintonge

vendredi 18 mars 2011

Information sur la distribution
de pastilles d’iode


Le Professeur Didier Houssin, Directeur général de la santé (DGS), pour répondre aux diverses sollicitations concernant la prévention de la radioactivité en France, informe la population des mesures mises en œuvre sur notre territoire :

« La distribution de comprimés d’iode en France ne se pose pas dans les circonstances actuelles. En dehors d’une exposition à des rejets d’iodes radioactifs, l’ingestion d’iode est inutile, voire déconseillée. Or à ce stade, les gaz et particules radioactives rejetées par la centrale japonaise n’ont pas atteint l’Europe.

La France s’est dotée d’un dispositif de prévention pour faire face à un éventuel rejet d’iode radioactif pouvant concerner la population française. Des comprimés d’iode ont été distribués à la population dans un périmètre de 10 km autour des sites nucléaires français, dans le cadre des plans de protection et d’intervention arrêtés par les préfets. Une campagne de distribution a été menée fin 2009 dans ces zones où les particuliers pouvaient retirer leur(s) comprimé(s) dans les pharmacies d'officine sur présentation d'un bon fourni par les autorités.

D’autre part, l’Etat a constitué des stocks de comprimés d’iode pour être en mesure, le cas échéant, de protéger la population vivant en dehors des périmètres définis autour des installations nucléaires. Ces stocks sont en cours de renouvellement. À cet effet, l’Etat a passé commande à la Pharmacie Centrale des Armées (PCA) en 2009 de 110 millions de comprimés permettant de couvrir l’ensemble de la population française en fonction des différentes posologies. La moitié de cette production de comprimés a, d’ores et déjà, été livrée à l'Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS) qui les a positionnés au niveau de ses plateformes de stockage situées dans chaque zone de défense et de sécurité. La totalité de la production sera livrée par la PCA à la fin de l'année. L’EPRUS est en mesure, à partir de ses plateformes, de mettre ces stocks à disposition des préfets qui ont organisé des plans de distribution à la population. »

Concernant la prévention mise en place autour de la centrale nucléaire de Civaux (86), un exercice grandeur nature, réalisé en juin 2010 et conduit par le Préfet de région, a permis de vérifier le bon fonctionnement, voire d’adapter les procédures de prévention en vigueur.

Pour toute information complémentaire sur la distribution des comprimés d’iode, vous pouvez consulter le site www.distribution-iode.com

Pour toute information sur le contrôle du nucléaire en France, nous vous invitons à consulter le site de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) www.asn.fr

jeudi 17 mars 2011

La Région n’est pas
le tiroir-caisse
de la mauvaise gestion de l’Etat


Communiqué de Françoise Mesnard, vice-présidente du Conseil Régional
Poitou-Charentes :


La Région Poitou-Charentes, refuse de participer au financement du plan digues de 300 millions de la Charente-Maritime sur décision unanime des élus de la majorité.

L’Etat est en train de dépenser 400 millions d’euros pour l’indemnisation des maisons inscrites en zones noires dont la plupart auraient été protégées par la mise en œuvre du plan Digues.

Dominique Bussereau devrait plutôt rendre des comptes sur ce gaspillage éhonté de l’argent des contribuables qui aurait pu financer la totalité du Plan Digues.

Dominique Bussereau a été durant 8 ans ministre UMP du gouvernement même s’il le cache soigneusement pendant la campagne des cantonales: il est donc le mieux placé pour obtenir le financement de ce Plan Digues par l’Etat qui a la responsabilité des digues et de la protection des populations.

Pour sa part, Ségolène Royal a fait la preuve de son humanité en étant dès le lendemain de la tempête au côté des élus et des sinistrés pour apporter des aides concrètes de soutien financier, de relogement et de déplacement et en les défendant contre les décisions arbitraires de l’Etat et son manque de réactivité.

La Région Poitou Charentes dit
non au financement des digues


Communiqué de Dominique Bussereau,
président du Conseil Général :


L’annonce par sa Présidente de la non-participation du Conseil régional de Poitou-Charentes (sans que les élus en aient débattu !) à la sécurisation du littoral de la Charente-Maritime est un coup terrible porté à notre Département.

C’est un manque de solidarité vis-à-vis des Charentais-Maritimes, c’est aussi un manque d’humanité et c’est surtout une erreur grave d’appréciation : les systèmes et les ouvrages de protection appartiennent en effet, soit à l’Etat, soit aux collectivités locales, soit à des associations, soit à des agriculteurs ou conchyliculteurs.
Tous ces abandonnés de Madame Royal, sans aucun débat démocratique au Conseil régional, en contradiction avec l’attitude de la Région voisine des Pays de Loire vis à vis de la Vendée, sont atterrés et indignés par la brutalité de cette annonce.

Zoo de la Palmyre :
La mort de son fondateur,
Claude Caillé


La Charente-Maritime est en deuil après le décès de Claude Caillé.
Créateur, animateur et développeur du Zoo de la Palmyre, il a été l'une des grandes figures de notre département.
Engagé pour l’avenir de son parc zoologique mais aussi Maire des Mathes, il a été un élu passionné et entreprenant.
Nous perdons un grand charentais-maritime et surtout un ami, plein de fougue et de vitalité.
Merci Claude !

Dominique Bussereau
Président du Conseil général de la Charente-Maritime

jeudi 10 mars 2011

De Gaulle, Pétain :
Le destin, la blessure, la leçon


Vendredi à Saintes, Frédéric Salat-Baroux présentait son livre dédié à deux personnages du XXe siècle, Philippe Pétain et Charles de Gaulle. Au fil des pages, on y découvre l’affrontement que se livrèrent le chef de la France libre et celui du gouvernement de Vichy. Heureusement pour les générations futures, la liberté triompha face à la compromission. Sinon, nous ne serions peut-être qu’une province du vaste Empire germanique. Cette conférence suscita un débat passionné.

Frédéric Salat-Baroux aux côtés de Xavier de Roux, président du Parti Radical de Charente-Maritime, initiateur de cette conférence

Frédéric Salat-Baroux, énarque, ancien Secrétaire général de la Présidence de la République lorsque Jacques Chirac était à l’Elysée, s’est découvert une passion d’historien. Il vient de publier un livre sur deux personnages qui continuent de fasciner ou de passionner, Charles de Gaulle et Philippe Pétain.

Ils se rencontrèrent pour la première fois en 1912. A cette époque, « ils étaient unis par une complicité et une admiration réciproque » souligne l’auteur. Plus tard, en 1940, quand la France s’effondra et fut au bord de disparaître comme Etat jouant un rôle sur l’échiquier international, leurs relations se tendirent. Ces hommes de haute stature incarnèrent ce combat pour la survie, chacun à sa manière.


Prendre le pouvoir


Frédéric Salat-Baroux commence le récit de ce duel par leurs premières relations. En effet, durant la Première Guerre Mondiale, Charles de Gaulle fut lieutenant dans le régiment que commandait Pétain. Dès ce jour, les deux hommes, qui s’appréciaient et se jalousaient, ne cessèrent de se voir au point que Charles de Gaulle, en 1929, devint la plume du Maréchal qui avait un projet d‘écriture. Ils se brouillèrent justement sur des vanités d’auteur. Le "nègre" se rebella parce que Pétain désirait revoir un chapitre des feuillets transmis par Charles de Gaulle. Froissé, ce dernier reprit son travail et publia sous son nom, ce qui devrait être l’œuvre initiale de Pétain, la France et son armée.

Charles de Gaulle en gardera un ressentiment et dira plus tard de Pétain : « c’était un chef exceptionnel, je n’ai pas changé d’avis. Le malheur voulut pour la France et pour lui-même qu’il soit mort en 1925 et qu’il ne l’ait pas su ».

En effet, le Maréchal chargé d’honneurs, académicien, ministre de la guerre sous Doumergue, ambassadeur de France auprès de Franco, va profiter de l’écroulement militaire du pays pour prendre le pouvoir. Dire qu’on a été chercher le vainqueur de Verdun pour en faire un bouclier semble ne pas correspondre à la vérité. En réalité, quand Albert Lebrun, Président de la République, l’appelle, il a déjà dans sa poche la liste de ses ministres. Tout cela n’était donc pas improvisé !

La conférence a été suivie d’un débat fourni, où chacun a exprimé ses opinions.

Ils n’appartenaient pas à la même époque

Frédéric Salat-Baroux raconte avec une grande finesse ces événements dramatiques. Il montre comment Charles de Gaulle a tenu tête violemment à Roosevelt et la méfiance qu’il garda toujours vis-à-vis de l’hégémonie américaine.

Il raconte Vichy sans d’ailleurs accabler Pétain, cherchant dans l’histoire du temps une explication à ce naufrage, sans oublier les sentiments qu’entretiendront jusqu’à la fin Charles de Gaulle et Philippe Pétain.

Il cite l’allocution du Général de Gaulle prononcée le 29 mai 1966 pour le 50e anniversaire de la bataille de Verdun : « la gloire que le Maréchal avait acquise à Verdun, puis gardée en conduisant l’armée française à la victoire, ne saurait être contestée, ni méconnue par la patrie ». Au sujet de la condamnation à mort de Philippe Pétain, il ajoute « mon intention était qu’après avoir été détenu deux ans dans une enceinte fortifiée, il allât terminer sa vie retiré chez lui près d’Antibes ».

La vieillesse fut pour lui la pire des défaites. Et pourtant, malgré leurs rivalités et leurs différences, Philippe Pétain savait que de Gaulle entrerait à son tour dans l’histoire de France. Peu de temps avant sa mort, en 1951, il déclarait : « De Gaulle arrivera à la présidence de la République ». Il ne s’était pas trompé.

L’histoire de ces deux hommes, relatée par Frédéric Salat Baroux, est aussi un récit des contradictions profondes du peuple français dans les épreuves…


Agé de 48 ans, Frédéric Salat-Baroux est conseiller d’État depuis 2007 et a été, de 2005 jusqu’aux dernières élections présidentielles, secrétaire général de la Présidence de la République à l’Elysée auprès de Jacques Chirac (dont il vient d’épouser la fille Claude en février dernier). Il appartient au cabinet d’avocats Weil, Gotshal et Manges où il dirige une équipe spécialisée dans le droit public de la régulation, œuvrant notamment dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications.

Séance de dédicaces

Discussion autour d'un sujet passionnant


• L'info en plus

Le Maréchal Pétain a été le grand vainqueur de Verdun en 1916. En 1940, entré en politique, violent anti-républicain, Pétain, âgé de 84 ans, se sert de la défaite pour prendre le pouvoir ( titre de chef de l’Etat qu’il conservera durant les quatre ans de l’occupation) et imposer sa fameuse révolution nationale en supprimant la Constitution de la 3e République et le régime parlementaire. Il voulait créer un régime autoritaire fondé sur ce qu’il appelait les corps intermédiaires, c’est-à-dire les corporations et le gouvernement des meilleurs.

La République était responsable de la défaite, il serait le responsable du redressement ! Mais ce redressement, après la poignée de main de Montoire avec Hitler en juin 40, ne peut passer que par une Europe allemande où la France retrouverait son rôle. Pétain, par cette attitude, agissait en homme du XIXe siècle, sans se rendre compte qu’Hitler n’était pas Bismarck, mais plutôt Gengis Khan.

A la libération, Pétain est condamné à mort, peine commuée en prison à vie. Il est mort à l’Ile d’Yeu en 1951, à 95 ans
De nos jours, il incarne encore la soumission à l’envahisseur allemand et la compromission avec le nazisme. Autrement dit, le grand homme de la Première Guerre Mondiale sent le soufre…

• Un homme à femmes :

Le Maréchal Pétain, qui n’a eu aucune descendance directe, fut ce que l’on appelle « un homme à femmes ». Il en eut une, légitime, qu’il l’épousa tardivement. Orphelin très jeune, certains historiens estiment que l’absence d’une mère aimante serait à l’origine de cette "consommation" féminine ! Ses contemporains le décrivent comme un bel homme, selon les critères de l’époque. Quant à sa femme, elle ne semble pas faire l’unanimité auprès de ceux qui l’ont connue, qualifiée « d’acariâtre » et de « méchante »